Bulletin de la SOCIÉTÉ

PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 1979/TOME 76/ 1

Les industries postglaciaires

Je la basse terrasse

Je Longpré-les-Corps-Samts (Somme)

Etude prélimmai

préliminaire

par Jean-Pierre Fagnart et Jean Vaillant

I. — Introduction

Les gravières de la Basse Terrasse de Longpré-les- Corps-Saints sont connues depuis le début du siècle par les travaux de V. Commont, H. Breuil, J. Baudet et plus récemment par ceux de F. Bourdier, A.-V. Munaut et J.-J. Puisségur. Abandonnée pendant plusieurs années, l'exploitation de la gravière Merque a repris temporairement en 1962 puis en 1967. Cette reprise des travaux dans la partie N.-O. de la gravière a permis au Dr C. Mâchoire de recueillir un matériel abondant et diversifié en dehors de tout contexte stratigraphique (Agache, 1968). La fouille de 1977 entreprise par les auteurs dans la partie basse de la gravière a établi 4 niveaux archéologiques dans les formations superficielles.

II. — Lithostratigraphie de la partie basse de la Gravière

0 : Colluvions anthropiques qui constituent un rideau au niveau de la voie ferrée Amiens-Abbeville. Ces colluvions d'une épaisseur de 1 mètre contiennent dès la base des industries remaniées et des poteries gallo-romaines.

1 : Formation noirâtre d'une dizaine de centimètres d'épaisseur. Parfois réduite à l'état de simple horizon dans la fouille, cette couche s'épaissit en direction des marais de fond de vallée.

2 : Couche limoneuse gris blanchâtre subdivisée en 2c, 2d, 2e. Le niveau 2c purement archéologique doit sa coloration cendrée à des épandages de foyers sur plusieurs mètres carrés. La couche 2d a conservé

sa coloration originelle gris blanchâtre. La couche 2e est de teinte légèrement rouille.

3 : Limon brun rougeâtre lessivé de 15 à 25 cm d'épaisseur, décalcifié, à structure prismatique (horizon Bt). Ce paléosol subaffleurant dans la partie haute de la gravière y est plus développé (40 cm).

4 : Limon à granules de craie et à silex, cette formation de ruissellement de versant atteint 1 m.

5 : Tuf calcaire (ép. : 30 cm).

6 : Limon sableux gris blanchâtre à gris verdâtre (ép. : 45 cm). La partie supérieure de cette couche prend une coloration foncée.

7 : Cailloutis de la terrasse visible sur un mètre.

Interprétation

La stratigraphie de la partie basse de la gravière Merque comprend deux complexes : les formations fluviatiles de terrasse (cailloutis, limons sableux, tuf) et la couverture limoneuse. Un sol noir bien développé dans la partie haute de la gravière termine la séquence fluviatile mais est absent dans la partie basse. Les analyses polliniques de A.-V. Munaut (Munaut, 1974) permettent d'attribuer un âge saalien à la terrasse ainsi qu'à sa couverture. Le limon brun rougeâtre (couche 3) pourrait représenter une pédo- génèse ancienne de rang interglaciaire corrélable avec le sol de Rocourt attribué à l'Eémien (Paepe R. et Sommé J., 1970). La couche 2 limono-sableuse considérée par F. Bourdier comme néolithique pourrait être plus ancienne, comme semblent l'attester les occupations humaines à sa partie supérieure. L'hypothèse d'un bilan sédimentaire weichsélien n'est pas à écarter. La couche argileuse noirâtre (couche 1) est par contre nettement postglaciaire. Le colluvion-