DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. 579
MÉMOIRE
SUR
L'ORIGINE DE LA PAIRIE
EN FRANCE ET EN ANGLETiERRE.
Par M. Bernardi.
Le sujet que j'entreprends de traiter est une nouvelle
Lu le 21 Mars τ8ζ ?'
preuve de ce. que l'on voit si souvent, que les choses dont on parle ie plus sont quelquefois celles qu'on connoît le moins. Il y a dans les annales de chaque nation des traditions long-temps accréditées, et dont la certitude s'évanouit à mesure qu'on les examine de plus près. Rien de plus fameux dans notre histoire que les douze pairs. Nos premiers poètes célébrèrent à i'envi leurs exploits, qui devinrent encore une mine féconde pour nos roman¬ ciers. Tous embellirent leur histoire, au gré de leur ima¬ gination : ils la remplirent de fables et des faits les plus extraordinaires. Dans des siècles peu éclairés, leurs fictions furent reçues comme des réalités ; des historiens sans cri¬ tique les adoptèrent, et leurs récits ne présentèrent qu'un amas confus de contradictions et d'absurdités: ils ne s'ac¬ cordèrent ni sur l'origine des pairs, ni sur celle de leurs prérogatives. Leur nombre même devint problématique:
D 4· i j
