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LE RESEAU NATIONAL DES BAZARS EN IRAN

Soussan Mobasser

Les événements actuels associent de plus en plus l'Iran à la résurgence du traditionnel et de l'inconnu. La violence ne fait que souligner l'incapacité des théories sociales contemporaines à saisir cette société non occidentale. Trop souvent, la tendance semble être de tout expliquer par la spécificité de la société iranienne, de l'islam chi'ite, de la culture mystique. Après être passé par un stade où toute évolution dans les pays en voie de développement n'était vue que comme un reflet, décalé dans le temps, de l'histoire socio-économique du monde occidental, on tombe dans l'autre extrême : la réalité à appréhender est considérée comme étant d'une autre nature, insaisissable par les approches pratiquées en Occident.

La société iranienne, comme celle d'autres pays en voie de développement, se situe entre ces deux extrêmes ; dotée de ses spécificités culturelles et historiques, elle peut et doit faire l'objet d'études scientifiques qui, au-delà des apparences, cherchent à discerner les règles de son fonctionnement, sa raison d'être et le dynamisme de sa réalité, apparemment irrationnels.

A côté de la mosquée, le Bazar (le marché central) est l'une de ces institutions traditionnelles de la société iranienne qui, condamnées généralement à la "disparition lente devant la modernité" continuent de mener une existence dynamique -paradoxalement, c'est la modernité qui semble disparaître ! Dans les lignes qui suivent, je me propose d'étudier cette institution et de montrer que, sous une "forme traditionnelle", il y a un contenu sinon "moderne" tout au moins "rationnel" dans le contexte général de l'économie iranienne.

La mosquée et le marché central (souk, bazar, ...) sont des éléments traditionnels de l'architecture urbaine islamique. Les événements socio-politiques contemporains ont bien montré que la mosquée continue de jouer un rôle actif dans la société islamique moderne. Mais qu'en est-il du marché central ? Dans la plupart des pays islamiques, il n'a plus qu'un rôle économique et social secondaire. En Iran, et bien que le régime du Chah ait essayé de pousser le bazar vers un sort similaire, sa participation active et importante, tant dans le mouvement social de 1977/78 que depuis, montre bien le dynamisme de cette institution traditionnelle. Ce dynamisme est basé tout d'abord sur les activités économiques du bazar