Découverte aérienne

de retranchements nivelés aux abords

du site présumé de Bratuspantium

près de Breteuil-sur-Noye (Oise)

Roger AGACHE (1)

Dans la Guerre des Gaules (II, 13), Jules César rapporte ainsi sa première campagne contre les Bellovaques, en 57 avant notre ère : « Ceux-ci s'étaient rassemblés, emportant avec eux tout ce qu'ils possédaient in oppidum Bratuspantium; César et son armée n'étaient plus qu'à 5 000 pas environ de cette place, quand tous les anciens sortirent de l'oppidum et, tendant les mains vers César, puis usant de la parole, firent connaître qu'ils se remettaient à sa discrétion et n'entreprenaient pas de lutter contre Rome. César avança sous l'oppidum et y campa : et cette fois, les enfants et les femmes, du haut des murs, bras écartés et mains ouvertes suivant leur geste de supplication, demandèrent la paix aux Romains. » Le conquérant répondit (B. G., II, 15) : « qu'il accepterait la soumission des Bellovaques et les épargnerait; comme leur cité jouissait d'une grande influence parmi les cités belges et était la plus peuplée, il demanda six cents otages. Quand on les lui eut livrés avec toutes les armes de la place, il marcha vers le pays des Ambiens : ceux-ci, à son arrivée, se hâtèrent de faire soumission complète. »

Bref rappel des recherches effectuées à l'emplacement présumé de Bratuspantium. — Où donc était située cette igrande ville gauloise? On a proposé les sites de Montdidier, Roye, Grattepanche, Grandvillers, Clermont-de-1'Oise, etc., mais seuls, Beauvais, le Mont-César de Bailleul-sur-Thérain et surtout la partie orientale du terroir de Vendeuil-Caply, à 2,5 km au Sud - Sud-Est de Breteuil-sur-Noye (près de la Nationale Paris-Amiens, à 100 km de la capitale), ont sérieusement retenu l'attention. Actuellement, chacun de ces trois derniers emplacements garde ses partisans. Cependant, les innombrables trouvailles archéologiques et les remarquables fouilles récentes de Gérard Dufour, semblent très en faveur de Vendeuil-Caply. C'est d'ailleurs la tradition la plus ancienne et Bratuspantium aurait survécu dans le folklore local sous le nom de Bratus- pance, antérieurement, nous dit J. Cambry (p. 215), à la dispute qui s'éleva entre quelques moines et quelques antiquaires sur la véritable situation de cette ville.

Dès 1574, sur l'ordre du prince de Condé, de vastes fouilles sont effectuées par une équipe de terrassiers sous la direction de deux ecclésiastiques. En grand équipage, le prince lui-même vient visiter les chantiers. En quelques années, Condé et l'illustre Sully réunissent ainsi une « riche collection en or, en argent... de vases, de statuettes, une multitude d'instruments de sacrifice en bronze» (J. Cambry, p. 217). En 1722, quand Montfaucon décrit les monnaies gauloises recueillies en France, il précise (p. 88), qu'elles ont été trouvées pour « la plupart à Breteuil, entre Beauvais et Amiens ». Pendant des siècles, on exploite les ruines comme carrières de pierres. Les trouvailles sont innom-