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Revue Belge de Philologie et d’Histoire / Belgisch Tijdschrift voor Filologie en Geschiedenis, 89, 2011, p. 329– 346 Villon et la ville

Jean Dufournet

Université de Paris 3-Sorbonne Nouvelle

Villon (1) s’est identifié à la ville. Si son nom peut être mis en relation avec la baguette d’osier et la verge, avec la vielle dont on joue pendant les jours gras (c’est le sens du verbe viller), c’est surtout son rapport à la ville et à la villonie qui importe : Villon, c’est à la fois l’homme de la ville, le

vilain qui villonne, c’est-à-dire «outrage, injurie, violente » , l’homme vil qui s’oppose à François, lequel est l’homme d’Ile-de-France et l’homme franc,

autrement dit, selon les emplois mêmes du Testament, «généreux, franc, noble, bon, libre, zélé, de bonne qualité » . Aussi rompt-il avec la tradition poétique de la nature sauvage ou domestiquée, avec le mythe du campagnard Franc-Gontier qui vit des fruits de son travail, libre, simple et heureux. Villon déteste la campagne, lieu d’exil, liée dans son souvenir aux broussailles des chemins, à de cuisantes mésaventures, au dur emprisonnement de Meung-sur-Loire, à l’odeur de l’ail et de l’oignon, au gros pain d’avoine et d’orge, à la frugalité exaltée contre la vie de cour. Pour Villon, il n’est paysage que de la ville : selon André Suarès, «le cimetière est sa campagne et ses couchers de soleil les rixes dans la rue » . Les villes, d’une manière générale, mais pas systématique, se prêtent, par leur nom même, à toutes sortes de jeux et d’allusions qui deviennent rapidement critiques. Villon se fait ainsi l’écho de croyances populaires vivantes au Moyen Âge. Quand il lègue au seigneur de Grigny (2) le château et le donjon de Bicêtre (Lais, 140, Testament, 1347), il lui donne des ruines qui étaient un repaire de malfaiteurs, et qui aussi passaient, aux yeux du peuple, selon Denis Sauval, pour occupés par des esprits et des diables. Ailleurs, à propos de frère Baude (3), il est question du diable de Vauvert (T., 1197) ; c’était, d’après Collin de Plancy, un vieux manoir inhabité parce qu’infesté de démons : l’on y voyait en particulier un monstre vert avec une grande barbe blanche, moitié homme, moitié serpent, armé d’une grosse massue. Le poète se fait l’écho de rumeurs infamantes quand il rapproche dans le huitain cxlvi Montmartre et le mont Valérien, sièges l’un et l’autre d’abbayes, la première de femmes, la seconde d’hommes (qui ne valent

(1) Nous citons Villon d’après notre édition, François Villon, Poésies, Paris, Gallimard/ Poésie, 2e éd., 1973. T signifie Testament.

(2) Sur ce personnage et les huitains, voir nos Nouvelles Recherches sur Villon, Paris, Champion, 1980, p. 173-189. (3) Sur Frère Baude et le huitain cxx, voir nos Recherches sur le Testament de Villon,

t. 2, Paris, SEDES, 2e éd., 1973, p. 359-380.

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