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Dossier d'articles

Le sacre retardé d’une écrivaine : Olympe de Gouges

Olivier Ritz

Résumés

La célébrité d’Olympe est récente. L’inscription de son nom et de sa mémoire dans l’espace public de l’Université Paris Diderot suggère qu’elle est aujourd’hui appréciée comme femme des Lumières et, surtout, comme féministe, indépendamment du rôle qu’elle a joué dans la Révolution française. Son histoire éditoriale fait apparaître un vide de près de deux cents ans. Redécouverte à partir des années 1980, Olympe de Gouges a d’abord été présentée comme une victime à réhabiliter. Ses ouvrages ont fait l’objet d’éditions féministes, locales et savantes. Depuis les années 2000, et surtout 2010, son engagement féministe et le succès de sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne en ont fait une autrice exemplaire, souvent représentée la plume à la main et de plus en plus souvent éditée, y compris pour le grand public.

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Notes de la rédaction

Cet article est basé sur une communication à trois voix présentée lors du colloque « La Révolution en 3D – Textes, images, sons (1787-2440) » qui s’est tenu à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne du 14 au 16 mars 2019, organisé par le Cespra et l’IHMC-IHRF. Vous pouvez retrouver cette communication sur la chaîne YouTube de l’IHMC à l’adresse : https://youtu.be/21p_I6mYDn8

Texte intégral

FEMME DU xxie siècle. J’aimerais remonter le temps, lui parler à l’oreille…
Lui dire que ses textes ne vont pas disparaître. […]

  • 1 Catherine Anne, J’ai rêvé la Révolution, Actes Sud-Papiers, 2018. Sur cette pièce, voir ici même la (...)

FEMME DU xxie siècle. Imagine : le 3 novembre 1793, une charrette l’emmène vers la place de la Révolution. Il pleut sur la ville, il pleut sur l’eau du fleuve, il pleut sur la guillotine. Parmi ceux et celles qui la voient passer ce jour-là, qui sait que cette femme — Olympe de Gouges — a écrit des dizaines de textes, des propositions de loi, des pièces de théâtre et même, en 1791, La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne1 ?

1Dans la pièce de Catherine Anne, J’ai rêvé la Révolution (2018), le nom de « la prisonnière » n’est révélé qu’à la fin, quand le public a eu le temps de se familiariser avec cette femme qui écrit dans sa cellule et d’admirer sa détermination. Le dialogue final, qui déplace le point de vue du 18e au 21e siècle, explicite l’ambition du spectacle : contribuer à la mémoire d’Olympe de Gouges comme autrice. Mais il témoigne aussi d’un doute. En novembre 1793, l’œuvre d’Olympe de Gouges était peu connue, si bien qu’elle-même aurait pu penser que sa postérité était compromise.

  • 2 Antoine Lilti, Figures publiques. L’invention de la célébrité (1750-1850), Paris, Fayard, 2014, p.  (...)
  • 3 Voir Jean-Claude Bonnet, Naissance du Panthéon. Essai sur le culte des grands hommes, Paris, Fayard (...)
  • 4 Jessica Goodman, « Introduction », dans Jessica Goodman (dir.) Commemorating Mirabeau: Mirabeau aux (...)
  • 5 Les statistiques de consultation des articles de l’encyclopédie Wikipédia donnent une idée de l’int (...)

2L’époque révolutionnaire est au cœur de la « première révolution médiatique » étudiée par Antoine Lilti2 : comme d’autres personnalités de son époque, Olympe de Gouges s’est fait connaître en devenant une « figure publique », intéressant davantage par ce qui était dit de sa personne que par ce qu’elle écrivait. Elle-même a participé aux débats de son temps sur la postérité, notamment au moment de la mort de Mirabeau, acte fondateur du Panthéon3. Comme l’a montré Jessica Goodman, elle a non seulement revendiqué une place pour les femmes parmi les « grands hommes » honorés par la patrie, mais elle a aussi défendu l’activité littéraire comme moyen d’accès privilégié à la postérité4. Les résultats de ces efforts n’ont pas été immédiats, loin s’en faut. Si elle a pu conquérir une relative notoriété, Gouges n’a jamais été une figure politique ou littéraire de premier plan. On a peu écrit sur elle après sa mort et elle a été quasiment oubliée jusqu’aux années 1980. Le contraste entre cette longue éclipse et la célébrité actuelle d’Olympe de Gouges est saisissant : son nom est désormais l’un des plus connus de la période révolutionnaire et seule Marie-Antoinette est plus célèbre qu’elle parmi les femmes5.

  • 6 Eva Cot, La Mémoire d’Olympe de Gouges en France, du Bicentenaire à nos jours et Olympe de Gouges : (...)

3Comment comprendre et expliquer cette célébrité hors du commun ? Eva Cot a consacré deux mémoires de Master à cette question : La Mémoire d’Olympe de Gouges en France, du Bicentenaire à nos jours et Olympe de Gouges : entre histoire et mémoire6. Son enquête porte à la fois sur l’historiographie, sur le rôle joué par les institutions (célébrations du bicentenaire, projet inabouti d’entrée d’Olympe de Gouges au Panthéon en 2013, nommage des rues ou des bâtiments publics, évolution des programmes scolaires) et sur une importante production culturelle consacrée à Olympe de Gouges (roman, théâtre, médias traditionnels, blogs et réseaux sociaux). Cette recherche très riche suggère que les rapports d’Olympe de Gouges à la Révolution ont tendance à s’effacer devant son « féminisme ». Si son rôle et sa trajectoire politique font l’objet de vifs débats, ces débats ne semblent pas toucher le grand public, pour qui Olympe de Gouges est une championne de la cause des femmes.

  • 7 Le présent article est partie prenante d’une contribution collective (Florence Lotterie, Sophie Luc (...)
  • 8 Jean-Luc Chappey, Ordres et désordres biographiques. Dictionnaires, listes de noms, réputation des (...)

4L’enquête dont je présente ici les résultats7 part d’un cas particulier d’inscription de la mémoire d’Olympe de Gouges dans l’espace public : en 2011, un nouveau bâtiment de l’université Paris Diderot a été nommé Olympe de Gouges. Le choix de ce nom a été prolongé par plusieurs opérations d’affichage et de communication. Ce premier cas montre la construction sélective d’une identité dont la Révolution française est absente et dont le caractère littéraire est problématique. Afficher des articles de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne fait-il d’Olympe de Gouges une écrivaine ? C’est cet aspect de la mémoire d’Olympe de Gouges que je souhaite interroger en menant une enquête étendue sur sa fortune éditoriale. Quelles sont les œuvres d’Olympe de Gouges qui ont été rééditées ? Qui les a éditées et pourquoi ? Alors que les recherches d’Eva Cot ont porté sur ce qu’on a dit ou écrit à propos d’Olympe de Gouges, je m’interrogerai sur ce qu’on peut lire de son œuvre. Les éditeurs sont des « instances de distribution des honneurs et […] de gestion de la réputation » : cela est vrai non seulement quand ils publient des ouvrages ou des notices biographiques, comme l’a montré Jean-Luc Chappey8, mais aussi quand ils choisissent les personnes dont ils publient les textes. L’étude des éditions successives des textes d’Olympe de Gouges, depuis sa mort jusqu’à aujourd’hui, met au jour des dynamiques éditoriales multiples et des évolutions importantes. Elle permet de mieux saisir l’identité de l’Olympe de Gouges du 21e siècle et la place qu’elle prend désormais dans le patrimoine littéraire.

Olympe de Gouges à Paris Diderot

5L’université Paris 7 a porté le nom de Diderot de 1994 à 2019. On a longtemps dit « Paris 7 Denis Diderot ». On a plutôt dit « Université Paris Diderot » depuis que l’université a abandonné le site de Jussieu pour un nouveau campus. Le projet de déménagement vers le site Paris Rive Gauche date de 1999. Les premiers bâtiments ont été ouverts en 2007 : il s’agit de deux bâtiments industriels reconvertis, les Grands Moulins et la Halle aux farines, et de quatre nouveaux bâtiments qui ont pris le nom de grands savants des Lumières : Condorcet, Lamarck, Buffon et Lavoisier. Trois autres bâtiments ont été ouverts dans un second temps, en 2012. Lamarck a été dédoublé en Lamarck A et Lamarck B. Restaient donc deux bâtiments à nommer : l’un a pris le nom de Sophie Germain, mathématicienne du tournant des Lumières, et l’autre celui d’Olympe de Gouges.

6Le bâtiment Olympe de Gouges est un bâtiment, reconnaissable à ses fenêtres rouges. Pourquoi lui a-t-on donné ce nom ? L’histoire du campus suggère que, après la première série de noms de bâtiment exclusivement masculins, on a ressenti, tardivement, le besoin d’une certaine mixité : le conseil d’administration du 21 septembre 2010 a mis en place une commission de nomination des quatre nouveaux bâtiments en précisant qu’il fallait deux noms de femmes et deux noms d’hommes. Olympe de Gouges a donc été choisie parce qu’elle est une femme, et parce que, contemporaine de Condorcet, Lamarck, Buffon et Lavoisier, elle était une femme des Lumières. Les UFR concernées hésitaient entre deux noms : Olympe de Gouges et Germaine de Staël, autre grande figure féminine du temps, engagée par ses écrits sur les terrains de l’art, de la pensée et de la politique. Le conseil d’administration du 7 mai 2011 a choisi la première par un vote à bulletins secrets.

7Olympe de Gouges a pris place ainsi au milieu de savants, hommes et femmes de sciences. Pour le bâtiment le moins concerné par les sciences « dures », puisqu’il devait accueillir des unités de langues et de sciences humaines et sociales, on a retenu le nom d’une femme. On a comblé ainsi bien des manques, faisant place non seulement à une personnalité féminine, mais aussi à la création et aux savoirs de la société.

8Olympe de Gouges est tout cela, mais elle est aussi davantage. Quand on passe le long du bâtiment Lamarck, à l’étage qui abrite le service des inscriptions administratives, on remarque une grande inscription en lettres bleues, tirée de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne de 1791 :

La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de la femme, puisque cette liberté assure la légitimité des pères envers leurs enfants. Toute citoyenne peut donc dire librement : je suis mère d’un enfant qui vous appartient, sans qu’un préjugé barbare la force à dissimuler la vérité.

9Ce choix de la citation est assez curieux. On peut supposer que la proclamation du droit à la « libre communication des pensées et des opinions » a davantage retenu l’attention que le point précis d’application de ce droit, la possibilité pour toute femme de dire qui est le père de son enfant. Quoi qu’il en soit, cette inscription est comparable, dans sa forme et dans sa fonction, aux quelques citations de Diderot que l’on trouve dans le bâtiment des Grands Moulins, qui abrite l’administration centrale de l’université et sa bibliothèque. En affichant une citation de cette manière, on célèbre alors Olympe de Gouges comme la porte-parole d’un message valable aujourd’hui plutôt que pour l’importance de son œuvre dans l’histoire des domaines où elle s’est illustrée. Pour le dire autrement, rien, nulle part, ne dit qu’elle a été autrice de théâtre. Elle est réduite à un seul texte, et presque à une seule revendication, comme le montre encore une banderole placée à l’une des entrées de la Halle aux farines, où se trouvent une grande partie des amphithéâtres et des salles de cours du campus. On peut y lire la première phrase de l’article 1 de la Déclaration : « La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits ».

10La promotion récente d’Olympe de Gouges comme porte-parole de l’égalité entre les femmes et les hommes est à mettre en relation avec la création, depuis octobre 2010, d’un « Pôle égalité femmes hommes » au sein de l’université. Il faut souligner également le rôle de plus en plus important du Service culture de l’université. Depuis 2018, ce service fait la promotion, à l’occasion du 8 mars, des « femmes oubliées de l’histoire ». En 2019, pour la deuxième édition de l’opération, il a créé un jeu de cinquante-deux cartes, évoquant chacune une « oubliée ». Olympe de Gouges y est présente à une place de choix, puisque c’est elle qui est l’as de cœur (parmi les quatre « as du militantisme ») et que le dos de toutes les cartes comporte une image faite à partir des premiers articles de sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.

11On peut tirer deux autres enseignements de la manière dont Olympe de Gouges est présente sur le campus de l’université Paris Diderot. D’une part, la Révolution française est absente de cette commémoration. Condorcet, Lavoisier, Sophie Germain, Lamarck et Olympe de Gouges ont été des contemporains et même des acteurs de la Révolution. Mais de cela il n’est pas question. Sous la houlette de Diderot et à l’ombre de la tour Voltaire, qui prolonge la Halle aux farines, c’est l’humanisme des Lumières et d’un long dix-huitième siècle qui est célébré. D’autre part, Olympe de Gouges apparaît comme une figure historique et patrimoniale du combat pour l’égalité femmes hommes. Fait-elle sens pour autant pour les féministes d’aujourd’hui, et notamment pour les plus jeunes ? Le 8 mars 2019, l’inscription de la Déclaration qui se trouve sur une vitre du bâtiment Lamarck était complétée, sur le mur d’en face, celui de Sophie Germain, par deux inscriptions qui n’avaient rien d’officiel et qui étaient plus explicitement révolutionnaires : « Révolution féministe » et « Mon corps / Mon choix / Ta gueule ». Qu’on y voie un relai de la célébration institutionnelle ou une manière de la contester, c’est bien le féminisme d’Olympe de Gouges qui fait son actualité, indépendamment de tout contexte historique ou culturel.

Femme de lettres et femme de plume

12En la célébrant notamment par l’affichage de citations de sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, l’université Paris Diderot consacre Olympe de Gouges en tant qu’autrice, mais elle en fait l’autrice d’un seul texte dont la valeur tient au sens qui lui est donné aujourd’hui. Une autre manière d’étudier la célébrité d’Olympe de Gouges consiste à retracer les grandes lignes de son histoire en tant qu’écrivaine, c’est-à-dire de s’intéresser à la réception de ses textes et à leurs rééditions. A-t-elle publié ? A-t-elle été reconnue pour ses publications ? A-t-elle été considérée comme une autrice par la postérité ? Est-elle encore, ou à nouveau, publiée ?

  • 9 Olivier Blanc, Olympe de Gouges, Paris, Syros, 1981.

13Dans sa biographie de 1981, Olivier Blanc recense cent trente-cinq titres publiés par Olympe de Gouges9. Il compte une quarantaine de pièces de théâtre, parmi lesquelles Le Couvent ou Les vœux forcés, Mirabeau aux Champs-Élysées, et, bien sûr, L’Esclavage des Nègres, dont le premier titre a été Zamore et Mirza ou L’Heureux naufrage. À ces pièces de théâtre s’ajoutent une trentaine d’autres ouvrages rassemblés dans la rubrique « romans ou écrits isolés » ainsi qu’une soixantaine de « pamphlets révolutionnaires » (brochures et placards). L’écriture a donc été une activité importante d’Olympe de Gouges, son activité principale même. On se souvient d’elle sous le nom de plume qu’elle s’est choisi. Mais tout cela n’implique pas nécessairement qu’elle ait été considérée comme une autrice par ses contemporains.

  • 10 Fortunée Briquet, « Aubry (Olympe de Gouges, dame) », dans Dictionnaire historique, littéraire et b (...)
  • 11 Biographie universelle, Paris, L. G. Michaud, t. 18, 1817, p. 173.

14Dans les dictionnaires publiés après sa mort, son activité littéraire est signalée. En 1804, Fortunée Briquet lui consacre une notice dans son Dictionnaire des « Françaises […] connues par leurs écrits ». Elle y écrit que « sa beauté et son succès dans la carrière des lettres la placèrent parmi les femmes les plus intéressantes de son temps10 ». Il est vrai qu’il s’agit là d’un ouvrage militant. Mais quelques années plus tôt, en l’an V (1797), Louis-Marie Prudhomme, qui n’a pas de raison particulière de faire la promotion de l’écriture féminine, utilise également pour caractériser Olympe de Gouges l’expression « femme de lettres ». La Biographie universelle des frères Michaud est plus réticente dans sa manière de désigner l’activité littéraire d’Olympe de Gouges : « Elle avait déjà écrit quelques opuscules lorsque la Révolution éclata11. » Si la notice privilégie l’activité politique d’Olympe de Gouges, qu’elle résume en quelques mots, elle s’achève par une « liste de ses ouvrages » qui comprend dix-neuf titres. Il faut cependant remarquer que ni cette notice, ni celle de Fortunée Briquet, qui signale également une vingtaine de titres, ne mentionnent la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Si l’on en juge par ces quelques exemples, les notices biographiques consacrées à Olympe de Gouges après sa mort signalent son activité d’écriture, mais n’accordent pas une grande importance à ce qu’elle a écrit, et sûrement pas à sa Déclaration.

  • 12 Cette précision n’est pas donnée dans le volume publié. Je remercie Alain Chevalier, qui est parven (...)
  • 13 Joëlle Gardes, Olympe de Gouges, une vie comme un roman, Paris, Éditions de l’Amandier, 2008.

15Dans les publications les plus récentes, Olympe de Gouges est souvent représentée une plume à la main. L’image choisie pour la couverture de la biographie de Joëlle Gardes, Olympe de Gouges, la vie comme un roman (2008), date de l’époque révolutionnaire. On y voit une femme de trois quarts, assise à une table, la plume à la main, qui interrompt l’écriture pour fixer le spectateur. Tout invite à reconnaître Olympe de Gouges, mais il s’agit en vérité d’un portrait de l’actrice et autrice Julie Candeille en train d’écrire l’une de ses pièces12. Ce détournement met en évidence l’objectif avancé par Joëlle Gardes dans cette biographie : rendre à « la femme de lettres […] la place qu’elle mérite » alors que « d’elle, on n’a voulu retenir que les textes engagés13 ».

  • 14 Catel et Bocquet, Olympe de Gouges, Bruxelles et Paris, Casterman, 2012. Deux autres éditions de ce (...)
  • 15 Le vêtement et la coiffure du personnage suggèrent cependant que la dessinatrice a pu s’inspirer de (...)
  • 16 Catherine Le Quellenec, Liberté, égalité, Olympe de Gouges, Paris, Oskar, 2014.
  • 17 Catherine Cuenca, La Révolution d’Aurore, 1793 aux côtés d’Olympe de Gouges, Paris, Nathan, 2016.
  • 18 Clémentine V. Baron, Olympe de Gouges, Paris, Quelle histoire éditions, 2016.
  • 19 Michel Faucheux, Olympe de Gouges, Paris, Gallimard, « Folio biographies », 2018.

16Le succès de la bande dessinée de Catel et Bocquet14, publiée en 2012, a probablement joué un rôle important pour imposer cette représentation d’Olympe de Gouges une plume à la main. Nul besoin de détournement cette fois15 : la liberté offerte par le dessin permet de représenter Olympe de Gouges debout, de face, sourire aux lèvres et regard fier, portant une feuille de papier dans une main et une grande plume dans l’autre. Depuis cette date, la plume est très souvent présente dans les images de couverture des ouvrages consacrés à Olympe Gouges. En 2014, la biographie de Catherine Le Quellenec, destinée à un jeune public, la montre à nouveau debout et de face, tenant une plume bleu-blanc-rouge entre ses lèvres16. Sur la couverture du roman historique pour la jeunesse de Catherine Cuenca, La Révolution d’Aurore, 1793 aux côtés d’Olympe de Gouges, le personnage représenté est sans doute la jeune héroïne inventée pour les besoins de la fiction, secrétaire particulière et compagne de luttes de l’autrice de la Déclaration : fuyant des hommes armés de bâtons, elle tient une grande feuille enroulée dans sa main droite, au premier plan de l’image17. L’Olympe de Gouges de la série de biographies pour enfants « Quelle histoire » est à nouveau debout, la plume à la main, et cette fois en train d’écrire. Dans les pages de « jeux » qui complètent le court récit destiné à de jeunes enfants, on trouve un labyrinthe introduit par la consigne suivante : « Aide Olympe de Gouges à retrouver le chemin de sa plume18. » Les publications pour un public plus averti n’échappent pas à cette mode, si l’on en juge par la biographie récente de Michel Faucheux19, dans la collection « Folio biographies » : la couverture réunit l’une des Olympe de Gouges dessinées par Catel, la plume à la main (celle de l’édition de 2016) et la gravure célèbre des femmes révolutionnaires se rendant à Versailles le 5 octobre 1789.

Un immense vide éditorial

  • 20 On peut visualiser la distribution chronologique des ouvrages d’Olympe de Gouges référencés dans la (...)
  • 21 Michel Faucheux, Olympe de Gouges, op. cit., p. 225.

17La consécration d’Olympe de Gouges en autrice de la Révolution peut étonner quand on connaît les jugements pour le moins timides de ses contemporains. Elle surprend davantage encore lorsque l’on remarque que son histoire éditoriale est avant tout l’histoire d’un immense et incroyable vide. De 1795 à 1986, pendant 191 ans, aucun de ses textes n’a été réédité20 ! Olympe de Gouges cesse très rapidement d’être publiée après sa mort. Personne ne se charge de sa mémoire immédiate, alors même que les mois qui suivent la chute de Robespierre sont décisifs pour la promotion d’autres victimes du gouvernement révolutionnaire, comme Condorcet ou Manon Roland. Certes, son fils fait « jouer au théâtre de la Cité, le 18 mars 1795, une pièce de théâtre, Le Prélat d’autrefois, ou Sophie et Saint-Elme, sans doute tirée d’un manuscrit de sa mère, qu’il a modifié avec l’écrivain Maurin de Pompigny21 ». Mais cette opération est sans lendemain. Aux 19e  et 20e siècles, Olympe de Gouges intéresse rarement et personne ne publie ses textes.

  • 22 Olivier Blanc, Olympe de Gouges, Paris, Syros, 1981.
  • 23 Olympe de Gouges, Œuvres, Paris, Mercure de France, « Mille et une femmes », 1986.

18La renaissance éditoriale d’Olympe de Gouges a trois causes complémentaires. D’une part, le travail de l’historien Olivier Blanc la fait sortir de l’oubli. La biographie que celui-ci publie en 1981 est le point de départ d’un nouvel intérêt pour le personnage22. D’autre part, le mouvement féministe joue un rôle important : les premiers textes réédités sont ceux que rassemble Benoîte Groult en 1986 dans un volume d’Œuvres de la collection « Mille et une femmes » au Mercure de France23. Enfin, Olympe de Gouges bénéficie sans doute du formidable intérêt intellectuel et éditorial que le bicentenaire a suscité pour la Révolution française : l’année où le plus grand nombre d’ouvrages d’Olympe de Gouges est publié est précisément 1993, bicentenaire de son exécution, avec sept publications.

19L’étude transversale de cette production éditoriale fait apparaître également un autre phénomène intéressant : alors que l’élan du bicentenaire est retombé après 1995, les rééditions sont à nouveau fréquentes depuis 2006. L’année 2017 se distingue particulièrement avec quatre ouvrages différents.

Éditions féministes, locales, savantes et grand public

20Les ouvrages publiés depuis 1986 peuvent être regroupés en quatre ensembles révélateurs des usages éditoriaux des textes d’Olympe de Gouges. Le premier, par ordre d’apparition et par son importance, est celui des éditions féministes. En 1986, on l’a vu, Benoîte Groult est la première à rééditer des textes d’Olympe de Gouges : ce volume donne pour la première fois une grande visibilité à la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, passée inaperçue en 1791 et jamais rééditée depuis. C’est en 1986 également que l’anthropologue Milagros Palma crée les éditions Côté femmes, qui deviennent en 1993 Indigo et Côté femmes. À partir de 1990, la collection « Des femmes dans l’Histoire » a pour objectif de mettre en circulation des textes des femmes du passé, dont la plupart n’ont jamais été réédités et conservés dans des bibliothèques. Cette collection accueille huit volumes de textes d’Olympe de Gouges entre 1989 et 1995. Parmi ces textes de genres variés, on peut remarquer les deux volumes d’écrits politiques édités par Olivier Blanc en 1993. Dans les années 2010, l’édition féministe des écrits d’Olympe de Gouges semble s’être déplacée dans de grandes maisons d’édition généralistes. L’anthologie de Benoîte Groult est rééditée par Grasset en 2012, puis au Livre de Poche en 2014. L’universitaire Martine Reid, spécialiste des écrits de femmes du 19e siècle, réunit une collection de textes militants pour la collection « Folio » de Gallimard : Femme, réveille-toi ! Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne et autres écrits (2014). Sans doute le féminisme d’Olympe de Gouges est-il devenu plus consensuel qu’il ne l’était à la fin du 20e siècle.

  • 24 « Conclusion approximative et provisoire » (non signée), dans Olympe de Gouges, Œuvres complètes, M (...)
  • 25 Olympe de Gouges, Lettre au peuple, Remarques patriotiques : textes politiques de 1788, Angeville, (...)
  • 26 Olympe de Gouges, Olympe de Gouges aux enfers : écrits sur le théâtre, Angeville, Édition La Brochu (...)
  • 27 Voir, par exemple, cet extrait de la « Conclusion approximative et provisoire » des Œuvres complète (...)

21Le deuxième ensemble est celui des éditions locales. L’entreprise éditoriale la plus remarquable est la publication des Œuvres complètes par les éditions Cocagne à Montauban, ville d’origine d’Olympe de Gouges. Enseignant, écrivain et militant occitaniste, Félix-Marcel Castan a fondé cette maison d’édition en 1984 et il a mené à bien la publication du premier tome (Théâtre), paru en 1993. Il avait préparé le deuxième tome (Philosophie) lorsqu’il est décédé en 2001. Ses proches ont terminé le travail pour ce volume, mais ils n’ont pu le publier qu’en 2010. L’entreprise s’est achevée en 2017, avec la publication des tomes III et IV (Pamphlets, épîtres, libelles et autres). L’ambition de ces Œuvres complètes est de réhabiliter Olympe de Gouges, présentée comme la victime non seulement de la misogynie, mais aussi du mépris pour les cultures locales, en menant une « bataille » pour « la décentralisation culturelle24 ». D’une manière comparable, mais plus modeste, Jean-Paul Damaggio a fondé en 2007 la maison d’édition La Brochure à Angeville, dans le Tarn-et-Garonne, à quelques kilomètres de Montauban. Il a publié deux volumes de textes d’Olympe de Gouges, rassemblant des écrits politiques25 en 2009 et des écrits sur le théâtre26 en 2012. La pratique de l’érudition locale et l’engagement pour les cultures régionales n’empêchent pas un dialogue avec les ouvrages universitaires, mais le ton de ces publications est marqué par son caractère plus revendicatif et, parfois, par une certaine amertume27.

  • 28 Olympe de Gouges, L’Esclavage des nègres ou L’heureux naufrage, éd. par Sylvie Chalaye et Jacquelin (...)
  • 29 Jessica Goodman (éd.), Commemorating Mirabeau: Mirabeau aux Champs-Élysées and others texts, , Camb (...)

22Les éditions locales ont une ambition scientifique qui les rapproche des éditions savantes proprement dites. Olivier Blanc, dont les ouvrages pionniers sur Olympe de Gouges font autorité, est lui-même un chercheur indépendant, aux marges du monde universitaire et parfois en conflit avec lui. Plusieurs volumes des éditions Côté femmes ont été préparés par des universitaires : c’est par exemple la chercheuse allemande Gisela Thiele-Knobloch qui a édité les deux volumes de Théâtre politique (1991 et 1993). Mais il faut aussi remarquer certaines éditions qui se distinguent parce qu’elles sont le résultat d’un intérêt scientifique, plutôt que celui d’une démarche éditoriale ou militante. En 2006, une édition critique de L’Esclavage des nègres ou l’Heureux naufrage est publiée par les éditions L’Harmattan. La pièce est présentée et commentée par Sylvie Chalaye et Jacqueline Razgonnikoff28. La première est une universitaire, spécialiste d’études théâtrales, dont les travaux portent sur les représentations de l’Afrique et des corps noirs. La seconde est la bibliothécaire archiviste de la Comédie française. Bien que cette pièce, également connue sous le titre Zamore et Mirza, dénonce l’esclavage, elle n’est pas publiée pour sa valeur militante, mais pour son importance dans l’histoire du théâtre et plus spécialement de la Comédie française. En 2017, la pièce Mirabeau aux Champs Élysées est publiée par la Modern Humanities Research Association dans la collection « MHRA Critical Texts », qui réédite des textes anciens et introuvables, avec un appareil critique très riche. L’éditrice scientifique de la pièce d’Olympe de Gouges, Jessica Goodman, est une spécialiste du théâtre du 18e siècle. La pièce d’Olympe de Gouges est la première d’une série de pièces consacrées à la mort de Mirabeau, rassemblées dans le même volume sous le titre Commemorating Mirabeau29. L’engagement militant d’Olympe de Gouges est là encore accessoire : sa célébration de Mirabeau ne fait pas sens aujourd’hui. En revanche, cette pièce propose une réflexion sur la postérité et sur le rôle des écrivains (et des écrivaines) que l’édition de Jessica Goodman met en évidence. Paradoxalement, c’est Mirabeau qui est mis en avant, alors qu’Olympe de Gouges, pourtant étudiée de manière approfondie dans le volume, n’a pas même son nom sur la couverture du livre. Peut-être peut-on y voir un hommage à sa valeur littéraire. Il n’est pas nécessaire que cette pièce soit d’Olympe de Gouges pour mériter d’être lue et étudiée : la valeur du texte est, pour une fois, indépendante de la notoriété de son autrice.

  • 30 Déclaration des droits des femmes illustrée , Vanves, Éditions du Chêne, 2017. L’ouvrage existe en (...)

23À l’inverse, les livres courts et bon marché semblent miser d’abord sur la notoriété dont jouit Olympe de Gouges depuis quelques années. L’édition de Zamore et Mirza par Sophie Mousset dans la collection Librio en est un premier exemple, datant de 2007, même si le texte choisi est encore relativement long et difficile à lire. Plus récemment, les éditeurs privilégient des textes courts, au premier rang desquels la Déclaration, véritable produit d’appel. C’est ce texte qui est mis au premier plan de l’anthologie Femme, réveille-toi, que nous avons déjà évoquée. Les trois sections de ce « Folio 2 € » publié en 2014 mettent en avant l’engagement militant d’Olympe de Gouges : « En faveur des femmes », « Contre l’esclavage », « En haine des Jacobins, en défense de la patrie ». En 2017, la collection « Folio sagesses » publie une sélection de textes philosophiques : Lettre au peuple et autres textes (112 pages, 3,50 €). La même année, les éditions du Chêne publient une Déclaration des droits des femmes illustrée qui réunit le texte d’Olympe de Gouges et la Déclaration des Nations Unies sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, proclamée le 7 novembre 1967, ainsi que trente-et-une illustrations d’artistes contemporains30. On trouverait certainement la Déclaration, ou du moins de larges extraits, dans d’autres ouvrages, en particulier ceux qui sont destinés aux lycées, puisque ce texte est souvent proposé pour l’étude de l’argumentation au 18e siècle. De la même manière, on peut remarquer le livre de Marie-Dominique Porée, Olympe de Gouges et autres femmes « révolutionnaires », publié en 2019 aux éditions First dans la collection « En un clin d’œil ». Le livre est organisé autour d’Olympe de Gouges. Plusieurs extraits de ses textes sont cités et commentés, non seulement des passages assez étendus de la Déclaration, mais également des textes moins connus. Mais le livre présente aussi d’autres « révolutionnaires », c’est-à-dire ici d’autres féministes, dans un panorama historique qui part de Christine de Pizan et qui va jusqu’à Simone de Beauvoir, Benoîte Groult et Simone Veil, en passant par George Sand, Louise Michel, Théroigne de Méricourt et Manon Roland. La couverture du livre annonce « l’histoire de leur vie, leur engagement féministe, leurs textes les plus forts », dessinant ainsi ce qui caractérise toutes ces personnalités : une vie remarquable, le parti-pris des femmes et la qualité d’autrice. Par ce dispositif éditorial, l’œuvre d’Olympe de Gouges est présentée de manière ambivalente : la valeur qui lui est accordée est très importante, mais elle est réduite à quelques extraits.

  • 31 Œuvres complètes, op. cit., t. IV, p. 259.

24Olympe de Gouges apparaît donc aujourd’hui comme une autrice exemplaire, bien qu’elle ait disparu de la production éditoriale pendant près de deux cents ans. Celles et ceux qui l’ont fait sortir de l’oubli l’ont souvent présentée comme une double victime, non seulement guillotinée en raison de son engagement dans la Révolution, mais aussi effacée de l’histoire en raison de sa condition de femme. L’histoire de sa célébration retardée a été, un temps, l’histoire d’une « réhabilitation31 », dans laquelle ce statut de victime a joué un rôle important. Dans le contexte du bicentenaire, Olympe de Gouges a pu être mise en avant non seulement contre la domination masculine, mais aussi contre le centralisme jacobin et contre la Révolution montagnarde. Il n’est pas certain que ces deux dernières oppositions fassent encore sens aujourd’hui. Que ce soit sur les murs de l’université Paris-Diderot ou dans les rayons des librairies, ce n’est pas la victime de la « Terreur » qui est mise à l’honneur, mais l’autrice d’un texte, la Déclaration des droits de l’homme et de la citoyenne. La confusion entretenue par le petit volume des éditions First est significative : Olympe de Gouges est « révolutionnaire » parce qu’elle a défendu la cause des femmes. Elle n’apparaît plus comme une oubliée de l’histoire et l’on est même surpris de découvrir qu’elle a été à ce point oubliée. Ce changement de statut, de victime réhabilitée à autrice exemplaire, redonnera peut-être vie à l’œuvre littéraire d’Olympe de Gouges, au-delà de sa seule Déclaration. Les maisons d’édition font preuve d’une grande inventivité pour tirer parti de la notoriété de cette autrice et rendre accessible des textes que leur genre et leur contexte d’écriture rendent souvent difficiles à lire. Du côté de la recherche, il y a sans doute encore beaucoup à apprendre d’une autrice et d’une œuvre moins exceptionnelles que révélatrices des tensions et des dynamiques littéraires de la période révolutionnaire.

  • 32 Paul Bénichou, Le Sacre de l’écrivain [1973], dans Romantismes français I, Paris, Gallimard, 2004, (...)

25Dans Le Sacre de l’écrivain en 1973, Paul Bénichou montrait que la promotion des écrivains romantiques s’était faite en réaction à la Révolution : « La philosophie des Lumières avait sacré l’Homme de Lettres, penseur et publiciste. Le spiritualisme du 19e siècle sacre le Poète32. » Le sacre retardé de l’écrivaine Olympe de Gouges n’est pas seulement le résultat d’une plus grande considération pour l’écriture féminine. Elle est peut-être aussi le signe d’un changement de conception de la littérature, moins tributaire de l’héritage romantique. Avoir été une penseuse et une publiciste n’empêche plus Olympe de Gouges d’être célébrée comme écrivaine, d’être éditée, d’être lue peut-être et en tout cas d’être étudiée : alors même que les épreuves de français du baccalauréat sont revenues à un programme d’œuvres, dans un mouvement de patrimonialisation littéraire renforcée, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne y fera son entrée en septembre 2021, aux côtés de Rabelais et de La Bruyère.

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Notes

1 Catherine Anne, J’ai rêvé la Révolution, Actes Sud-Papiers, 2018. Sur cette pièce, voir ici même la contribution de Sophie Lucet.

2 Antoine Lilti, Figures publiques. L’invention de la célébrité (1750-1850), Paris, Fayard, 2014, p. 75.

3 Voir Jean-Claude Bonnet, Naissance du Panthéon. Essai sur le culte des grands hommes, Paris, Fayard, 1998.

4 Jessica Goodman, « Introduction », dans Jessica Goodman (dir.) Commemorating Mirabeau: Mirabeau aux Champs-Élysées and others texts, Cambridge, MHRA, 2017, p. 1-51 ; et Id. « Introduction: What, Where, Who is Posterity? », Early Modern French Studies, no 40-1, 2018, p. 2-10.

5 Les statistiques de consultation des articles de l’encyclopédie Wikipédia donnent une idée de l’intérêt suscité par les femmes les plus connues de la période révolutionnaire : pour la période 2018-2020, l’article « Marie-Antoinette d’Autriche » a été consulté en moyenne 1 295 fois chaque jour. Cette moyenne quotidienne de consultation est de 718 pour « Olympe de Gouges », 276 pour « Manon Roland », 210 pour « Germaine de Staël » et 83 pour « Anne-Josèphe Théroigne de Méricourt ».

6 Eva Cot, La Mémoire d’Olympe de Gouges en France, du Bicentenaire à nos jours et Olympe de Gouges : entre histoire et mémoire, mémoires de M1 et de M2 en Histoire et Civilisations modernes et contemporaines, sous la direction de Christine Dousset-Seiden, à l’université Toulouse Jean-Jaurès, soutenus respectivement en 2016 et 2017 ; en ligne : http://dante.univ-tlse2.fr/1529/ et http://dante.univ-tlse2.fr/3425/.

7 Le présent article est partie prenante d’une contribution collective (Florence Lotterie, Sophie Lucet et Olivier Ritz). Une première version a été produite en mars 2019 dans le cadre du colloque La Révolution en 3D, auquel nous avons participé en qualité de responsables du séminaire IMAREV 18-21 – Imaginaires de la Révolution française de 1789 à nos jours (Université de Paris, CÉRILAC, Centre Seebacher). Sous l’intitulé « L’objet ‘Olympe de Gouges’ », nous avons fait le choix d’une illustration monographique en trois temps, inscrite dans les logiques disciplinaires qui sont celles d’IMAREV : https://imarev.hypotheses.org ».

8 Jean-Luc Chappey, Ordres et désordres biographiques. Dictionnaires, listes de noms, réputation des Lumières à Wikipédia, Seyssel, Champ Vallon, 2013, p. 11. Les pages consacrées à Wikipédia suggèrent une autre piste pour l’étude de la postérité d’Olympe de Gouges. L’article « Olympe de Gouges » de Wikipédia reçoit huit cents visites quotidiennes en moyenne. L’étude de cet article, de son historique et de sa page de discussion serait d’autant plus intéressante que l’historien et spécialiste d’Olympe de Gouges Olivier Blanc a été un contributeur très actif de l’encyclopédie. Jean-Luc Chappey étudie une partie des interventions de celui-ci et des polémiques auxquelles il a participé (p. 344-352), mais pas celles qui concernent Olympe de Gouges.

9 Olivier Blanc, Olympe de Gouges, Paris, Syros, 1981.

10 Fortunée Briquet, « Aubry (Olympe de Gouges, dame) », dans Dictionnaire historique, littéraire et bibliographique des Françaises et des étrangères naturalisées en France, Paris, Treuttel et Würtz, 1804, p. 19-20.

11 Biographie universelle, Paris, L. G. Michaud, t. 18, 1817, p. 173.

12 Cette précision n’est pas donnée dans le volume publié. Je remercie Alain Chevalier, qui est parvenu à identifier la femme représentée sur la couverture grâce à la référence suivante : Nathalie Lemoine-Bouchard et Serge Polder, « Peintre en miniature, du nouveau sur : Madame Doucet de Surigny née Glaesner (suite) », La Lettre de la miniature, no 50, 2019, p. 6-7.

13 Joëlle Gardes, Olympe de Gouges, une vie comme un roman, Paris, Éditions de l’Amandier, 2008.

14 Catel et Bocquet, Olympe de Gouges, Bruxelles et Paris, Casterman, 2012. Deux autres éditions de cet ouvrage proposent des images différentes sur la couverture. Olympe de Gouges y porte d’autres vêtements et s’y tient différemment. Elle tient sa feuille enroulée dans les deux cas. Mais elle a toujours une plume dans sa main droite.

15 Le vêtement et la coiffure du personnage suggèrent cependant que la dessinatrice a pu s’inspirer de la miniature reproduite sur la couverture de l’ouvrage de Joëlle Gardes.

16 Catherine Le Quellenec, Liberté, égalité, Olympe de Gouges, Paris, Oskar, 2014.

17 Catherine Cuenca, La Révolution d’Aurore, 1793 aux côtés d’Olympe de Gouges, Paris, Nathan, 2016.

18 Clémentine V. Baron, Olympe de Gouges, Paris, Quelle histoire éditions, 2016.

19 Michel Faucheux, Olympe de Gouges, Paris, Gallimard, « Folio biographies », 2018.

20 On peut visualiser la distribution chronologique des ouvrages d’Olympe de Gouges référencés dans la base de données de la BNF (data.bnf.fr) grâce à l’application Cataviz développée par Frédéric Glorieux pour l’Obvil : http://obvil.lip6.fr/cataviz/auteur.php?persark=cb119055055&name=Gouges%2C+Olympe+de+%281748–1793%29

21 Michel Faucheux, Olympe de Gouges, op. cit., p. 225.

22 Olivier Blanc, Olympe de Gouges, Paris, Syros, 1981.

23 Olympe de Gouges, Œuvres, Paris, Mercure de France, « Mille et une femmes », 1986.

24 « Conclusion approximative et provisoire » (non signée), dans Olympe de Gouges, Œuvres complètes, Montauban, Éditions Cocagne, t. IV, 2017, p. 262.

25 Olympe de Gouges, Lettre au peuple, Remarques patriotiques : textes politiques de 1788, Angeville, Édition La Brochure, 2009.

26 Olympe de Gouges, Olympe de Gouges aux enfers : écrits sur le théâtre, Angeville, Édition La Brochure, 2012.

27 Voir, par exemple, cet extrait de la « Conclusion approximative et provisoire » des Œuvres complètes (op. cit.), t. IV, p. 261-262 : « En la lisant et en la relisant, nous avons découvert un véritable écrivain. Mais il était délicat pour nous, modeste maison d’édition à Montauban, sa ville natale, de crier au génie sans avancer de solides preuves. Il fallait être prudents car nous ne manquerions pas d’être discrédités. Nous attendions les premières attaques de Paris. Elles sont venues de chez nous. »

28 Olympe de Gouges, L’Esclavage des nègres ou L’heureux naufrage, éd. par Sylvie Chalaye et Jacqueline Razgonnikof, Paris, L’Harmattan, 2006.

29 Jessica Goodman (éd.), Commemorating Mirabeau: Mirabeau aux Champs-Élysées and others texts, , Cambridge, MHRA, 2017. Sur cet ouvrage, voir le carnet de recherche du séminaire « Imaginaires de la Révolution de 1789 à nos jours » : Olivier Ritz, « Enfers et Champs Élysées », Imarev 18-21, 16 mars 2018, en ligne : https://imarev.hypotheses.org/46.

30 Déclaration des droits des femmes illustrée , Vanves, Éditions du Chêne, 2017. L’ouvrage existe en grand format (27 cm, 143 pages, 14,90 €) et en petit format (18 cm, 95 pages, 2,90 €).

31 Œuvres complètes, op. cit., t. IV, p. 259.

32 Paul Bénichou, Le Sacre de l’écrivain [1973], dans Romantismes français I, Paris, Gallimard, 2004, p. 436.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Olivier Ritz, « Le sacre retardé d’une écrivaine : Olympe de Gouges »La Révolution française [En ligne], 20 | 2021, mis en ligne le 25 juin 2021, consulté le 19 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/lrf/5014 ; DOI : https://doi.org/10.4000/lrf.5014

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Auteur

Olivier Ritz

CERILAC – EA 4410
Université de Paris

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