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AccueilNuméros29Introduction

Texte intégral

1S’il peut sembler spontanément, à la lecture de son titre, que l’objet de ce numéro a déjà donné lieu à une lit­térature scientifique abondante, c’est du fait de la place prise aujourd’hui dans l’espace public français par l’art contemporain. Tel un trou noir, il exerce une attraction esthétique si forte qu’il absorbe toute la matière artistique de la « performance », faisant oublier qu’elle est constitutive des arts du spectacle vivant, comme le rappelle leur dénomination académique – Performing Arts – dans le monde anglo-saxon. Il importe de souligner, de ce fait, l’élargissement sémantique qu’entraîne, par rapport à l’usage cou­rant du terme dans l’espace du musée et de la galerie, l’adjonction du qualificatif « artistique », et ses implications méthodologiques et épistémologiques. Elle nous oblige à interroger tant la défini­tion artistique que la conception anthropologique de la « perfor­mance ».

Une conception élargie de la performance comme objet artistique

  • 1 Pour une présentation éclairante du cadrage conceptuel caractéris­tique de la danse contemporaine, (...)
  • 2 Cf Walter Benjamin, « L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique », in Œuvres III. P (...)
  • 3 On aura reconnu, à cette formula­tion, le modèle d’observation socio­logique de l’innovation défend (...)
  • 4 T. W. Adorno, « Opera and the Long-Playing Record » (Der Spiegel, 29 mars 1969), traduit par Thomas (...)

2Elle modifie immédiatement en effet l’exten­sion du terme. La performance, au sens de l’exécution physique d’une action qui constitue un événement artistique, n’est pas propre à l’art contemporain, comme ne manquent pourtant pas de le sou­ligner leurs porte-paroles, critiques ou chercheurs. S’intéresser à la performance artistique oblige donc à intégrer dans l’observation et la réflexion la diversité des cadres institutionnels de l’expérience esthétique qui nous offrent l’occasion d’éprouver personnellement l’efficacité « artistique » du corps d’un artiste, et de l’évaluer comme telle. Il ne s’agit pas seulement de dire que la performance ne se limite pas à l’exposition, dans toute sa singularité, du corps vivant de l’artiste dans le musée. Il s’agit plutôt d’admettre qu’elle ne se réduit pas non plus à l’interprétation – conventionnelle ou singu­lière – d’une partition, d’un texte, ou d’une chanson qu’offre l’artiste vivant sur la scène du théâtre ou de la salle de concert. Elle ne se réduit pas non plus à l’improvisation – individuelle ou collective – du musicien de jazz ou du danseur contemporain sur une phrase – sonore ou gestuelle – initiale1. Elle inclut nécessai­rement, comme Walter Benjamin le soulignait, l’expérience de la reproductibilité technique, soit le plaisir d’éprouver à distance cette interprétation, apporté par les techniques d’enregistrement et de diffusion2. Elle nous alerte – ce qui est un point commun, on va le voir, entre les approches réunies dans ce numéro – sur le rôle des objets, des acteurs « non humains3 », dans la transmission de la performance artistique et la possibilité de la détacher d’une situa­tion de coprésence physique. Cette manière d’aborder la perfor­mance, qui refuse de l’opposer à la technique, ne récuse pas pour autant son caractère incarné qui constitue, du point de vue de l’art contemporain, sa qualité fondamentale. Elle prend en compte sim­plement l’activation physique par l’usager de l’efficacité affective de l’enregistrement musical ou cinématographique, l’incorporation de l’expression enregistrée de l’artiste qui autorise la re-production esthétique de l’événement. Le témoignage de Theodor W. Adorno, grand contempteur de l’industrie culturelle et maître à penser de l’art contemporain, peut servir à illustrer cette performativité. Il n’hésitait pas à célébrer, dans les années 1960, l’invention du 33 tours au nom de la possibilité qu’il offrait à l’auditeur de s’approprier véritablement un opéra, de prendre la mesure sonore véritable de la performance musicale et vocale, en débarrassant l’écoute des bruits intempestifs, des sollicitations visuelles et des obligations mondaines de la soirée à l’opéra4.

Musée et performance artistique : les limites du paradigme de l’art contemporain

  • 5 Deux fonctions relayées et ampli­fiées aujourd’hui par Internet, au travers des échanges de fichier (...)

3Cette conception élargie de la performance artistique ne signifie pas confondre sa conservation et sa trans­mission avec l’organisation d’événements culturels qui permettent, du concert de musique classique au son et lumière, d’animer le musée ou le monument historique, des innovations déjà large­ment étudiées. Ni la dissoudre dans une réflexion sur les usages culturels (la captation et la retransmission d’opéras, de pièces de théâtre, de concerts, le ciné-club, les documentaires artistiques) ou ludiques (le concours de voix, de danse, d’interprétation musi­cale, etc.) des médias en tant que vecteurs de circulation des pro­duits culturels et moyens de sociabilité littéraire et artistique5. Elle est au contraire la posture heuristique qui permet de mieux identifier et différencier pratiquement des situations de transmis­sion d’une performance artistique, et de spécifier les enjeux concrets de sa conservation muséographique dans le contexte technolo­gique contemporain.

  • 6 Cf. l’état des lieux très complet pro­posé par l’ouvrage de référence d’Au­rore Després, Gestes en (...)
  • 7 La notion de cadre est ici entendue au sens que lui confère Erving Goff­man, qui ne le réduit pas à (...)
  • 8 Ce qui justifie la tolérance juridique à l’égard des performances de Debo­rah de Robertis se dénuda (...)
  • 9 On aura reconnu la théorisation de la performance proposée par Richard Schechner, cf. notamment Per (...)

4Explorer, sans autre forme de procès, la performance, revien­drait, en effet, à courir le risque de restreindre notre regard à l’art contemporain. Outre le fait que la multiplicité de ses formes et les enjeux de sa transmission ont déjà été systématiquement explo­rés6, le cadre sociocognitif de l’art contemporain ne facilite pas la reconnaissance de la pluralité des formes de performance artistique7. Il repose sur le présupposé d’une différence radicale entre l’objet muséal et la personne humaine, présupposé qui suffit à faire de l’exhibition délibérée de son corps par l’artiste, au sein de l’espace muséal comme sur son seuil, une « proposition artis­tique8 ». Et il conduit à attribuer au seul artiste – l’inflation édito­riale des textes consacrés à son « geste » aidant – le secret de la performativité, c’est-à-dire de la valeur artistique de l’acte en tant qu’acte rituel, c’est-à-dire efficace socialement9.

  • 10 Cf Rose Lee Goldberg, Perfor­mance Art. From Futurism to Pre­sent. Londres: Thames and Hudson, 2016 (...)

5Cette posture heuristique ne laisse pas beaucoup de place au spectateur, sinon celle de collaborateur de la performance. L’ap­propriation systématique par les artistes des outils d’interprétation de la conduite humaine forgés par les spécialistes des sciences humaines et sociales, jointe à l’usage systématique par certains chercheurs des objets artistiques pour enrichir leur enseignement et élargir leur public, facilitent aujourd’hui cette focalisation sur l’artiste comme celui qui fixe le sens de la performance. C’est ce qui a permis la formalisation intellectuelle du performance art, genre fondé sur l’engagement corporel personnel de l’artiste et consistant dans cet engagement10.

  • 11 Cf Fabien Muniesa & Michel Callon, « La performativité des sciences économiques ». Papiers de reche (...)
  • 12 Sur les lieux communs de la qua­lité artistique, cf. Jean-Marc Leveratto, La Mesure de l’art. Socio (...)
  • 13 Telle qu’elle a été définie notam­ment par Peggy Phelan, une des fondatrices des Performance Stu­di (...)
  • 14 Le terme est utilisé ici dans le sens générique que lui confèrent les his­toriens de l’art, regroup (...)

6Cette constitution de la performance en catégorie artistique illustre, pour le coup, tout autant la performativité du discours sur la performance que l’efficacité esthétique propre de cette dernière. Reconnaître la performativité de ce discours, c’est souligner son efficacité tout à la fois technique et sociale, la manière dont il « performe », au sens de Michel Callon, l’activité artistique, consi­dérée comme une activité collective11. Le lieu commun de la qua­lité artistique que constitue, dans le cercle des artistes et des spécialistes de l’art contemporain, le « re-enactment » (reconstitu­tion performative) par Marina Abramovic de performances anté­rieures en apporte une démonstration exemplaire12. Il permet à la fois de conserver et de dépasser tant la théorisation antérieure de l’art de la performance en tant qu’action strictement éphémère13 que sa justification artistique par l’actionnisme viennois ou le hap­pening américain, en tant qu’actions à la fois extérieures et oppo­sées au musée. Bref, il est un instrument, pour les artistes comme pour les chercheurs, de la patrimonialisation du genre autant que de la professionnalisation de sa pratique et de l’institutionnalisa­tion de sa transmission. C’est ce qui explique la place privilégiée qu’il occupe actuellement dans la « littérature artistique14 » sur la performance.

7La performativité de cette littérature artistique éclaire donc la réorganisation contemporaine du musée d’art moderne et contem­porain, plus profonde que ne le suggèrent les analyses classiques du tournant événementiel ou spectaculaire du musée. Elle affecte le contenu et la forme de la muséographie. L’introduction du time-based art implique l’adaptation des relations contractuelles du musée d’art moderne et contemporain avec les artistes vivants, car la collaboration technique est maintenant le contenu du contrat et non l’acquisition d’objets. De plus, on assiste à la transforma­tion du rôle et du statut des instruments techniques de l’exposi­tion qu’impose la visualisation ou l’audition de la performance en tant qu’objet patrimonial.

  • 15 Cf Alfred Gell, L’Art et ses agents. Une théorie anthropologique. Paris, Les Presses du réel, 2009. (...)

8Observer les conditions pratiques de cette transformation de la performance permet de prendre au sérieux son « agentivité » – une autre manière de désigner la performativité d’un objet artistique – sans la réduire à l’intentionnalité du seul artiste15. Elle oblige à réintroduire d’autres intentionnalités en prenant en compte tant son efficacité en situation que l’efficacité de la situation. D’autres intentionnalités, personnelles et professionnelles – y compris, on vient de le voir, celle du chercheur – éclairent le pouvoir de la performance au sein des institutions culturelles et la manière dont elle contribue aux dynamiques professionnelles observables dans les différents secteurs de l’économie publique de la culture. L’effet de transparence, la neutralisation de l’efficacité de l’intervention technique du conservateur, peuvent ainsi être déjoués. C’est ce que confirment les contributions de ce numéro portant spécifi­quement sur les pratiques de conservation et d’exposition des performances d’art contemporain.

  • 16 L’expression est utilisée par E. Goff­man pour souligner la dimension de la contingence de l’acte, (...)

9Leur intérêt est de réintroduire, par le biais de l’observation des situations, le rôle des intermédiaires techniques que constituent aussi bien les personnes qualifiées (le conservateur, les interprètes d’un re-enactement), les objets techniques (le film vidéo, les écrits de l’artiste, les modes d’emploi) et les arrangements techniques (cabines de visionnage, téléviseurs, vitrines, cartels, spectacle vivant) engagés dans la production et la valorisation de la performance. Non seulement l’étude de la mise en valeur de la qualité perfor­mative de l’objet révèle, en rappelant les travaux précurseurs de Louis Marin, le caractère performatif du travail de conservation, mais elle montre également que le travail de conservation intro­duit une instabilité technique de l’objet qui ne lui préexistait pas, en lui donnant une consistance matérielle et des qualités diffé­rentes en fonction du choix des conservateurs. L’observation de leur travail fait ainsi apparaître des qualifications artistiques variables, selon la construction de la situation, des moyens techniques, objets ou personnes, utilisés pour permettre au spectateur de la visuali­ser et d’en éprouver l’efficacité esthétique. Cette réintroduction de la « variable cachée » que constitue la situation de production – au sens de publication – de la performance en matière d’art contem­porain est d’une grande importance méthodologique16. Elle confirme en effet la nécessité pour le chercheur de réinterroger le sens de la technique et de pratiquer une vision pluraliste de la performance artistique, en resituant le musée et sa fonction de conservation dans le cadre général de l’industrie de la culture, dont le musée fait partie.

L’anthropologie symétrique du spectacle artistique

  • 17 Sur la distinction entre l’anthro­pologie théâtrale et l’approche anthropologique du spectacle, cf. (...)
  • 18 Cf Eugenio Barba, Le Canoë du papier. Traité d’anthropologie théâ­trale. Saussan : Éd. de L’Entrete (...)
  • 19 Cf. Jean-Marc Leveratto, « Anthro­pologie du spectacle et savoirs de la qualité », op. cit. Cf. éga (...)
  • 20 Fabrizio Deriu, Mediologia della performance. Arti performatiche nell’epoca della riproducibilità d (...)

10Le rôle joué par l’anthropologie dans la pro­motion d’une conception élargie de la performance artistique explique son effet paradoxal sur le plan épistémologique. Il est rendu perceptible, par exemple, par la différence d’orientation pratique, malgré leur apparent recouvrement, de l’anthropologie théâtrale et de l’approche anthropologique du spectacle théâtral17. La première désigne une modélisation professionnelle du théâtre fondant sa qualité artistique sur les techniques du corps de l’ac­teur, ce qui justifie l’effort de s’approprier les savoirs traditionnels du corps en représentation dans des spectacles profanes ou sacrés, susceptibles d’éclairer son efficacité et de la faire éprouver à autrui18. La seconde consiste dans l’étude du spectacle théâtral en tant que situation d’interaction entre ses participants, étude qui permet de reconnaître la variété des objets engagés dans le spectacle et la complexité de l’expérience que fait le spectateur19. Ce faisant, elle relativise l’expertise professionnelle de l’art théâtral et active le caractère multidimensionnel de l’expérience théâtrale que fait dis­paraître sa réduction exclusive à l’action du corps de l’artiste. Le savoir anthropologique conduit, dans le premier cas, à opposer la performance de l’acteur de théâtre à l’industrie occidentale du spectacle et à valoriser ce faisant l’authenticité artistique de l’évé­nement proposé par l’acteur. Dans le second cas, à resituer cette performance dans le cadre de l’industrie du spectacle, qui ne se réduit pas à l’activité théâtrale20, et à reconnaître le rôle qu’y joue le corps du spectateur dans la réussite d’un spectacle.

11Cette revendication professionnelle de la performance théâ­trale fait donc disparaître son ancrage, par l’intermédiaire de l’ex­périence esthétique du spectateur – au sens positif du savoir incorporé et mobilisé en situation – dans « l’industrie culturelle » vis-à-vis de laquelle elle revendique, au nom de l’« anthropologie théâtrale », son extériorité. Ce n’est en effet qu’en limitant le corps du spectateur à l’« équipement » requis pour réaliser l’intention­nalité de l’artiste que l’on peut compter pour rien sa contribution à l’efficacité de la technique artistique observée en l’enfermant dans le cadre de l’expérience professionnelle de cette technique. Or, outre qu’il s’agit d’un corps toujours singulier, il est porteur d’une culture esthétique personnelle, produit d’une consomma­tion culturelle diversifiée et acquise partiellement par imprégna­tion, dont l’activation facilite, comme dans le cas du « théâtre performatif », l’acceptation et la jouissance de la « modernité » du spectacle. Le corps du spectateur n’est plus uniquement dans cette perspective un principe d’alignement des réactions du public, mais un principe de variation, le spectateur contribuant par son engagement à l’innovation artistique.

12C’est l’apport de ce qu’on pourrait appeler une autre histoire de l’art que celle de l’histoire officielle de la performance, une histoire de l’art attentive à la culture visuelle du spectateur et à sa transversalité aux différents arts, proposée par l’article de Mélanie Boucher. Resituant la performance dans le temps long de l’indus­trie occidentale du spectacle, elle montre l’intérêt d’une autre périodisation historique que celle du temps court de l’art contem­porain, qui neutralise son lien avec le passé et le présent de cette industrie. La reconstitution d’un processus d’élaboration technique d’un type de figure spectaculaire, par le biais d’emprunts, de pas­sages, d’adaptations d’une discipline artistique à l’autre, enrichit notre compréhension de son succès contemporain. Elle propose une vision de la performance d’art contemporain différente de celle de l’actualisation par l’artiste d’un paradigme artistique en restaurant la dimension collective de son efficacité artistique. En rétablissant la circulation des spectateurs entre théâtre, musée et cinéma, celle des techniques visuelles, celles des professionnels de l’image enfin, elle enrichit l’analyse du sens de l’attraction que suscite l’organisation de la performance d’art contemporain. Elle redonne à l’événement une autre consistance expérientielle que celle du contact direct avec le corps d’une personne.

  • 21 Philippe Descola, « Manières de voir, manières de figurer », in Phi­lippe Descola (dir.), La Fabriq (...)
  • 22 Cf Roland Huesca, « Nudités. Dans la peau des sensations », in Aurore Desprès, op. cit., p. 248-260

13Cette prise en compte du plaisir pris par le spectateur à une technique traditionnelle de figuration artistique, et non au seul pouvoir du corps de l’artiste, confirme la nécessité de pratiquer une « anthropologie symétrique » de la performance artistique et d’adopter, pour analyser sa conservation et sa transformation, le point de vue d’une ontologie pluraliste, telle qu’elle est modélisée par Philippe Descola21. La différenciation ontologique entre humain et non humain qui sert à définir et à valoriser la performance d’art contemporain dissimule l’appareillage technique – l’espace, ses organisateurs et ses objets techniques – qui lui permet de faire ressentir hic et nunc au spectateur l’engagement corporel de l’ar­tiste. S’enfermer dans cette ontologie, qui est au principe du suc­cès esthétique de la diffusion du « danser nu » dans la danse contemporaine française22, serait se rendre aveugle à la réalité de la performance artistique éprouvée au moyen des objets, une réa­lité que notre usage des nouvelles technologies nous permet aujourd’hui d’éprouver quotidiennement.

  • 23 Jonathan Sterne, Histoire de la modernité sonore. Paris : La Décou­verte/Philharmonie de Paris, 201 (...)

14Dans son article, Sophie Maisonneuve propose une « histoire de la modernité sonore », pour reprendre les termes de Jonathan Sterne23, appliquée à la conservation et à la transmission de la performance musicale. Elle montre la nécessité de « dénaturali­ser » cette performance enregistrée, en observant les dispositifs techniques et les procédures qui permettent de la produire pour et par l’auditeur. L’intérêt particulier de cette approche des « tech­nologies sonores » est double. Sur le plan de l’histoire culturelle, elle rétablit le rôle du son, trop souvent neutralisé par la focalisa­tion sur la culture visuelle dans la formation de la modernité aussi bien scientifique qu’artistique. Sur le plan de l’anthropologie cultu­relle, elle nous confirme la pluralité ontologique de la performance sonore, selon qu’on vise à la faire éprouver à distance comme document, œuvre d’art ou expérience. L’observation rétrospective de l’usage des techniques d’enregistrement de la musique éclaire ainsi différents cadrages attentionnels et conceptuels qui per­mettent de traiter la performance comme un objet et d’en appré­cier les qualités différemment selon les situations et le type d’engagement (scientifique, muséographique ou ludique) qui les définit.

15La réinscription des techniques artistiques et des pratiques muséographiques dans l’histoire de l’industrialisation de la culture autorise ainsi à prendre en compte la situation d’exposition de la performance artistique qui ne la sépare pas de ses enjeux poli­tiques et culturels.

Qualité artistique et exposition de qualité : justesse et justice dans le travail de transmission

  • 24 Jean Davallon, L’Exposition à l’œuvre : Stratégies de communica­tion et médiations symboliques. Par (...)
  • 25 Cf. Jean Davallon, « L’écriture de l’exposition : Expographie, muséographie et scénographie ». Cult (...)
  • 26 Ibid.
  • 27 Soit une manière d’intéresser la jeune génération, soucieuse de dépasser « la non-contemporanéité d (...)
  • 28 Hans Belting, An Anthropology of Images. Picture, Medium, Body. Princeton et Oxford, Princeton Uni­ (...)

16O n se retrouve ainsi sur le sol ferme de l’analyse de la situation d’exposition, et des grilles de lecture éla­borées par les travaux de référence de Jean Davallon en sciences de l’information et de la communication sur « l’exposition à l’œuvre24 ». Cependant, s’intéresser à l’exposition en tant que moyen de transmission de la performance artistique, comme occasion d’expérimenter un certain type de plaisir artistique, déplace légè­rement l’approche conventionnelle de l’art de l’exposition. Elle exige la prise en compte, au-delà de la valeur « documentaire » de l’exposition, de sa « valeur formelle et esthétique25 », et l’obser­vation de la « technologie de la présence » que met en œuvre le conservateur qui ne fait pas seulement parler les objets, mais leur confère un rôle esthétique. Cette action esthétique des objets qui facilite l’entrée dans le musée de la performance d’art contempo­rain en tant que production d’un objet artistique constitue en même temps un obstacle intellectuel à l’exposition d’autres types de performance artistique, dès lors qu’on fonde leur réalité sur le seul usage du corps humain. Que le musée et le théâtre s’appuient tous deux sur l’efficacité de la scénographie – cette « spécificité que l’exposition partage avec la représentation théâtrale26 » (Jean Davallon, 2010 : 235) – contrarie ainsi, notamment en France, l’en­trée de la performance théâtrale dans le musée. Il n’y existe pas, contrairement à beaucoup d’autres pays, de musée national du théâtre, le théâtre public revendiquant le monopole de la conser­vation et de la transmission du patrimoine théâtral. Ce contexte dissimule non seulement l’analogie pratique de la scénographie théâtrale et de la scénographique muséale, mais aussi l’interpé­nétration du théâtre et du musée résultant de la conservation par le musée de collections d’objets théâtraux et de l’enregistrement systématique par le théâtre moderne de chaque mise en scène. L’exposition sur l’opéra baroque étudiée par Aurore Mouton-Rezzouk et Julie Deramond dans ce numéro matérialise cette interpénétration, à travers certains des costumes contemporains exposés, et tire profit de la convergence entre la volonté des conservateurs et le souci des artistes des Arts florissants de recons­truire l’expérience esthétique de l’opéra baroque. Une compré­hension, partagée par les deux parties, de l’importance des costumes dans le spectacle d’opéra, et leur souci commun de faire éprouver au public la « contemporanéité du non contemporain27 » permettent de mettre l’efficacité propre des objets produits par les Arts florissants au service du travail scénographique. La recherche par les conservateurs de la scénographie la plus juste pour inté­resser le plus grand nombre à l’opéra baroque les conduit ainsi à concevoir un dispositif intermédiaire entre l’exposition classique et la scène théâtrale, dispositif qui utilise la présence du costume, sa capacité à objectiver l’événement opératique, pour aider le visi­teur à appréhender, au sens de l’intuition sensible, l’ancrage cor­porel de l’opéra. Le corps du visiteur est utilisé en tant que « lieu des images28 » et en tant qu’opérateur d’associations sonores et visuelles spontanées avec d’autres corps contemporains, qui apportent une consistance charnelle aux voix enregistrées et aux portraits exposés ou projetés. L’intérêt est, ici, que la coopération technique entre les objets du musée du costume et ceux prêtés par les Arts florissants permet de concilier des attentes et des motivations différentes de visiteurs divers sur le plan de la fami­liarité avec l’opéra, d’opérer un compromis satisfaisant pour le connaisseur et le profane.

17C’est aussi cet effort de mise en situation du visiteur pour qu’il éprouve sur lui-même la contemporanéité des chansons de Georges Brassens que dégage l’étude par Juliette Dalbavie de la scénogra­phie d’exposition proposée dans le musée qui lui est consacré à Sète. Elle vise à produire, avec la coopération des spectateurs, par l’usage conjugué de certaines chansons, d’objets personnels du chanteur, de textes et d’œuvres spécialement créées par un artiste plasticien, une expérience multisensorielle de découverte ou de re-découverte d’une présence musicale. Elle rend ainsi visible la spécificité du travail de patrimonialisation de la chanson par rap­port à la simple transmission familiale de la chanson, soit la trans­formation de la chanson en un moyen de communiquer avec une personne à l’origine de la chanson et d’éprouver le sens collectif du plaisir qu’il procure, et non le plaisir du contre-don, le plaisir personnel de transmettre ce plaisir. Et la nécessité pour le conser­vateur de composer, du même coup, avec l’objectivation concur­rente du plaisir qu’opèrent les collectionneurs d’un artiste ou d’un genre musical, et la défense de « leur » artiste ou genre qu’effec­tuent ceux qui l’intègrent à la présentation de leur identité per­sonnelle. C’est ce compromis – la confirmation visuelle du geste anarchiste de Brassens permettant de privilégier l’écoute de ses paroles les plus poétiques aux dépens de ses chansons les plus provocatrices – entre une appropriation cultuelle et une expé­rience culturelle des chansons de Brassens que s’efforce d’instau­rer le travail du conservateur.

Performance artistique et performativité du musée

  • 29 Cf l’article de référence de Nathalie Heinich & Michaël Pollack, « Du conservateur de musée à l’aut (...)
  • 30 Le dispositif de l’exposition Danser sa vie au Centre Pompidou, en 2011-2012, utilisait ainsi la mé (...)

18L’approche de la conservation et de la trans­mission de la performance sous l’angle élargi de la performance artistique, et non sous l’angle restreint de l’art de la performance, a ainsi un double intérêt épistémologique pour la muséologie. Elle permet de reconnaître la transformation de la performance d’art contemporain résultant de son adaptation au musée. Dès lors que la patrimonialisation de l’art contemporain légitime la répétition de la performance en tant qu’expérience qualifiante offerte au visiteur, la contribution du visiteur, par son implication physique et mentale, à l’objectivation de la présence de l’artiste devient constitutive de la performance d’art contemporain. Il est du même coup loisible de l’intégrer à l’espace de la scénographie par la seule technologie traditionnelle de l’écriture, voire de l’intégrer à l’espace de documentation (Sophie Lapalu). À l’opposé, le recours à la technique vidéo pour permettre au visiteur d’entrer en contact avec la performance passée peut engendrer une ambiguïté entre la présentation de la vidéo comme un simple document, qui per­met au spectateur de se rendre sensible à la performance artis­tique passée, ou comme une œuvre à part entière dès lors que le geste de son réalisateur structure la performance du visiteur (Pamela Bianchi). Dans le prolongement des études sur la trans­formation du métier de conservateur matérialisée par l’apparition du « créateur d’exposition29 », ces observations nous confrontent defacto au développement d’un art de l’exposition de l’art contem­porain, qui est un facteur d’innovation permanente dans le cadre du musée. Stimulant l’imagination des jeunes artistes, il favorise l’intégration de cette pratique dans le répertoire des moyens de pratiquer, en même temps que des outils de programmation. Ce développement, cependant, n’est pas réductible à une stratégie d’invention d’une nouvelle position professionnelle au sein du marché des conservateurs, capable de satisfaire les aspirations d’un nouveau public. Ce serait méconnaître le poids de la struc­turation administrative de l’économie de la culture qui, comme on l’a déjà remarqué, cadre l’expérience artistique des usagers dans un contexte national déterminé. Le cas du Canada nous confronte ainsi à la possibilité d’une muséologie de la danse contemporaine – présentée dans sa note de recherche par Gabrielle Laroque – que la situation française rend difficilement concevable, les institutions de danse contemporaine assurant la conservation et la transmission de cette danse en tant qu’art de la performance chorégraphique. En France, la patrimonialisation passe donc par la reconstitution écrite et une culture archivistique de l’histoire de la performance chorégraphique, informant les créateurs, plus que par la notion de re-enactment30.

  • 31 Erving Goffman, « L’ordre de l’inter­action » in Les Moments et leurs hommes. Paris : Éd. de Minuit (...)

19Cette confirmation de la nécessité de reconnaître la « variable cachée » que constitue, en matière de performance artistique, la « situation » vaut comme leçon de méthode que l’on peut dégager, pour conclure, de la diversité des objets et des approches rassem­blés dans ce numéro. Comprise, dans la perspective d’Erving Goffman, comme situation organisée, mais dont la réussite – la qualité de l’expérience que produit l’action des personnes et des choses engagées dans chaque situation vécue –, elle fait commu­niquer directement « la structure et l’événement31 ». C’est en ce sens que l’on doit s’imposer d’observer la participation effective du spectateur réel, et non du seul destinataire, à la construction de l’événement qui caractérise la performance artistique. Mais c’est aussi pourquoi on doit être attentif au fait que l’expérience, d’une exposition comme d’une performance artistique, n’est pas seulement celle d’un corps à corps, mais d’une manière dont les institutions pensent. L’exploration de la performativité ordi­naire du travail du conservateur proposée par Yaël Krepak ouvre ainsi, au-delà de la performance, à l’intérêt d’une approche ethno-méthodologique de la manière dont l’exposition, tout comme la visite, se font ordinairement, une expérience ordinaire que l’étude de la conservation et de la transmission artistique permet d’abor­der avec un regard neuf.

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Notes

1 Pour une présentation éclairante du cadrage conceptuel caractéris­tique de la danse contemporaine, qui conduit à l’associer spontané­ment à l’art contemporain, cf. Noé Soulier, Actions, mouvements et gestes. Paris : CND, 2017.

2 Cf Walter Benjamin, « L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique », in Œuvres III. Paris : Folio, 2000, p. 269-316. Sur les défor­mations, voire les retournements, de son propos résultant de l’appro­priation de cet article par la philo­sophie de l’art, cf. Laurent Jullier & Jean-Marc Leveratto, « La compé­tence du spectateur distrait : Cinéma et “distraction” chez Walter Benja­min ». Théorème, n° 21, « Persistances benjaminiennes », n° 21, 2014.

3 On aura reconnu, à cette formula­tion, le modèle d’observation socio­logique de l’innovation défendu par Bruno Latour et Michel Callon, i.e. le modèle de l’acteur-réseau. Cf Madeleine Akrich, Michel Cal­lon & Bruno Latour, Sociologie de la traduction. Paris : Dunod, 2013. Ce modèle énonce comme règle de méthode l’inséparabilité de l’ac­tion humaine de celle des « non-humains ».

4 T. W. Adorno, « Opera and the Long-Playing Record » (Der Spiegel, 29 mars 1969), traduit par Thomas Y. Levin. October, vol. 55, hiver 1990, p. 62-66. On doit signaler également l’article méconnu d’Erwin Panofsky, « Original et reproduction en fac-similé » (1930), traduit par Jean-Fran­çois Poirrier, in Les Cahiers du musée national d’Art moderne, automne 1995, n° 53, p. 45-55, où il souligne « l’expérience qualifiante » de la performance vocale qu’apporte l’enregistrement par rapport à « l’ex­périence de l’original ».

5 Deux fonctions relayées et ampli­fiées aujourd’hui par Internet, au travers des échanges de fichiers et de la conversation artistique qu’elle autorise entre particuliers, phénomène qui n’a commencé à être étudié que récemment en France.

6 Cf. l’état des lieux très complet pro­posé par l’ouvrage de référence d’Au­rore Després, Gestes en éclats. Paris : Les Presses du réel, 2016, p. 172-184.

7 La notion de cadre est ici entendue au sens que lui confère Erving Goff­man, qui ne le réduit pas à un outil mental. C’est parce que le cadre est un présupposé objectif, c’est-à-dire une réalité institutionnelle sur laquelle nous pouvons nous appuyer pour agir, que l’analyse des cadres – frame analysis – apporte à l’indi­vidu la capacité d’agir sur le réel. Cf. Erving Goffman, Les Cadres de l’expérience. Paris : Éd. de Minuit, 1992. Elle n’est pas seulement un moyen de nous accorder sur le sens privilégié d’un événement, comme le voudraient les théoriciens de la performance artistique qui s’ins­pirent de son œuvre.

8 Ce qui justifie la tolérance juridique à l’égard des performances de Debo­rah de Robertis se dénudant devant les visiteurs de tableaux célèbres pour leur obscénité (L’Origine du Monde de Gustave Courbet) ou leur érotisme (l’Olympia d’Édouard Manet) et dont elle imite les poses, ou du « zap » artistique (inspiré du modèle de l’« action-éclair » pratiquée par les militants d’Act Up) réalisé par le Sud-Africain Steven Cohen dan­sant sur le parvis du Trocadéro avec son sexe attaché à un coq.

9 On aura reconnu la théorisation de la performance proposée par Richard Schechner, cf. notamment Performance : Expérimentation et théorie du théâtre aux USA. Montreuil-sous-Bois : Éditions théâ­trales, 2008.

10 Cf Rose Lee Goldberg, Perfor­mance Art. From Futurism to Pre­sent. Londres: Thames and Hudson, 2016 [première éd. en 2011]. À noter le titre de la traduction française, Performances. L’art en action, exemplaire de l’usage per se du terme en France.

11 Cf Fabien Muniesa & Michel Callon, « La performativité des sciences économiques ». Papiers de recherche du CSI, n° 10, 2008. Cet usage de la notion de performativité vise à ne pas réduire les sciences à un « système de représentation » mais à prendre en compte leur interven­tion dans « l’élaboration d’agence­ments socio-techniques » (p. 18).

12 Sur les lieux communs de la qua­lité artistique, cf. Jean-Marc Leveratto, La Mesure de l’art. Sociologie de la qualité artistique. Paris : La Dispute, 2000, p. 19-67.

13 Telle qu’elle a été définie notam­ment par Peggy Phelan, une des fondatrices des Performance Stu­dies américaines.

14 Le terme est utilisé ici dans le sens générique que lui confèrent les his­toriens de l’art, regroupant tous les écrits, qu’ils soient techniques, scien­tifiques ou poétiques, générés par l’activité de transmission d’une tech­nique artistique déterminée. Cf. André Chastel (préface de Julius Von Schlosser), La Littérature artis­tique. Manuel des sources de l’histoire de l’art moderne. Paris : Flammarion, 1984.

15 Cf Alfred Gell, L’Art et ses agents. Une théorie anthropologique. Paris, Les Presses du réel, 2009. Pour A. Gell, une anthropologie vérita­blement symétrique de l’art, qui traite au même titre l’art occidental et les objets produits par les socié­tés non-européennes, s’inscrit dans la continuité du point de vue maussien. Elle demande que l’on accepte de considérer les objets comme des personnes, au même titre que l’ar­tiste présent. Elle conduit donc à relativiser le privilège ontologique accordé à la performance.

16 L’expression est utilisée par E. Goff­man pour souligner la dimension de la contingence de l’acte, dont l’adoption et l’efficacité dépendent des circonstances sociales concrètes dans lesquelles il est réalisé, ce qui explique qu’il soit le sociologue pri­vilégié par les Performance Studies.

17 Sur la distinction entre l’anthro­pologie théâtrale et l’approche anthropologique du spectacle, cf. Jean-Marc Leveratto, « Anthropolo­gie du spectacle et savoirs de la qualité », in André Helbo, Catherine Bouko & Élodie Verlinden (éd.), Interdiscipline et arts du spectacle vivant. Paris : Honoré Champion, 2013, p. 27-44.

18 Cf Eugenio Barba, Le Canoë du papier. Traité d’anthropologie théâ­trale. Saussan : Éd. de L’Entretemps, 2004. L’ethnoscénologie, en tant qu’effort d’anthropologie symé­trique, se distingue significative­ment de l’anthropologie théâtrale par son refus de l’ethnocentrisme qui conduit à réduire le théâtre à la culture occidentale. Mais elle favorise, en même temps, l’attention exclusive portée au corps de l’ac­teur.

19 Cf. Jean-Marc Leveratto, « Anthro­pologie du spectacle et savoirs de la qualité », op. cit. Cf. également, Introduction à l’anthropologie du spectacle. Paris : La Dispute, 2006.

20 Fabrizio Deriu, Mediologia della performance. Arti performatiche nell’epoca della riproducibilità digi­tale. Le Lettere, 2013, par ailleurs très éclairant, réserve ainsi exclusi­vement la performance à la scène, excluant la performance cinémato­graphique de sa considération.

21 Philippe Descola, « Manières de voir, manières de figurer », in Phi­lippe Descola (dir.), La Fabrique des images. Visions du monde et formes de la représentation. Paris : Somogy et Musée du Quai Branly, 2010. Sur l’intérêt heuristique de ce pluralisme ontologique pour l’ob­servation de la consommation culturelle, cf. Jean-Marc Leveratto, « Anthropologie du spectacle et savoirs de la qualité », op. cit.

22 Cf Roland Huesca, « Nudités. Dans la peau des sensations », in Aurore Desprès, op. cit., p. 248-260.

23 Jonathan Sterne, Histoire de la modernité sonore. Paris : La Décou­verte/Philharmonie de Paris, 2015.

24 Jean Davallon, L’Exposition à l’œuvre : Stratégies de communica­tion et médiations symboliques. Paris : L’Harmattan, 1999.

25 Cf. Jean Davallon, « L’écriture de l’exposition : Expographie, muséographie et scénographie ». Culture & Musées, vol. 16, n° 1, 2010, p. 229-238, p. 235.

26 Ibid.

27 Soit une manière d’intéresser la jeune génération, soucieuse de dépasser « la non-contemporanéité du contemporain », selon la formule de l’historien de l’art Harold Pinder, pour souligner que « dans le même temps chronologique vivent des générations différentes », in Karl Mannheim, Le Problème des géné­rations. Paris: Nathan, p. 1990, 5.

28 Hans Belting, An Anthropology of Images. Picture, Medium, Body. Princeton et Oxford, Princeton Uni­versity Press, 2011, p. 37. « The human being is the natural locus of images [...]. Notwithstanding all the devices that we use today to send and store images, it is within the human being, and only within the human being, that images are received and interpreted in a living sense. »

29 Cf l’article de référence de Nathalie Heinich & Michaël Pollack, « Du conservateur de musée à l’auteur d’expositions : L’invention d’une position singulière ». Sociologie du travail, vol. 31, n° 1, 1989, p. 29-49.

30 Le dispositif de l’exposition Danser sa vie au Centre Pompidou, en 2011-2012, utilisait ainsi la média­tion de la présence d’œuvres célèbres d’artistes plasticiens pour évoquer les œuvres chorégra­phiques, rendues accessibles par des écrits et des films, dont elles étaient contemporaines, combinée avec la présentation de perfor­mances chorégraphiques contem­poraines.

31 Erving Goffman, « L’ordre de l’inter­action » in Les Moments et leurs hommes. Paris : Éd. de Minuit, 1988, p. 186-230.

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Pour citer cet article

Référence papier

Jean-Marc Leveratto, « Introduction »Culture & Musées, 29 | 2017, 13-26.

Référence électronique

Jean-Marc Leveratto, « Introduction »Culture & Musées [En ligne], 29 | 2017, mis en ligne le 19 juin 2018, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/culturemusees/1057 ; DOI : https://doi.org/10.4000/culturemusees.1057

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Auteur

Jean-Marc Leveratto

Jean-Marc Leveratto est professeur de sociologie à l’université de Lorraine. Ses recherches portent sur les techniques du corps, l’his­toire et la sociologie de l’industrie culturelle (théâtre, cinéma, roman) et l’expertise culturelle. Il a réalisé de nombreuses études sur la consommation culturelle et la transmission de la culture ar­tistique (des pratiques en amateur à l’usage culturel d’Internet). Il a publié notamment La Mesure de l’art. Sociologie de la qualité artistique. Paris : La Dispute, 2000 ; Introduction à l’anthropologie du spectacle. Paris : La Dispute, 2006 ; Internet et la sociabilité lit­téraire (avec Mary Leontsini). Paris : Éditions de la Bibliothèque publique d’information, 2008 ; Cinéphiles et cinéphilies (avec Lau­rent Jullier). Paris : Armand Colin, 2010.
Courriel : jmleveratto@free.fr

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