Version classiqueVersion mobile

Corps et machines à l'âge industriel

 | 
Laurence Guignard
, 
Pascal Raggi
, 
Étienne Thévenin

Troisième partie. Machines de travail

Ingénieurs et syndicalistes des mines de fer de Lorraine face au gigantisme industriel : modèle américain et modèle soviétique

Pascal Raggi

Texte intégral

  • 1 Généralisation de l’emploi d’engins mécaniques de toutes sortes en association avec de nouvelles m (...)
  • 2 En 1946, le rendement par poste ouvrier à l’abattage est d’environ 11 tonnes ; en 1992, il dépasse (...)
  • 3 Voir en annexe la figure no 24.

1Dans la seconde moitié du XXe siècle, l’utilisation de machines a profondément transformé les mines de fer de Lorraine. La mécanisation intégrale1, et son amélioration régulière jusqu’à la fin de l’exploitation (1997), ont permis une augmentation considérable des rendements2 ainsi qu’une évolution sans précédent de la profession de mineur. Dans les années 1960, les performances des ouvriers des exploitations minières du bassin ferrifère lorrain permettent à la production française de minerai de fer d’atteindre le troisième rang mondial derrière celles des États-Unis et de l’URSS3. De la fin des années 1940 au milieu des années 1970, les méthodes d’exploitation minière de ces deux États ont même directement influencé les réflexions sur le travail minier de deux groupes socio-professionnels présents dans les mines de fer.

  • 4 Le Bulletin Technique des Mines de fer (BT), trimestriel édité par le service technique de Briey d (...)
  • 5 Le Sous-Sol Lorrain (SSL), est le mensuel syndical de la fédération régionale des mineurs de fer e (...)
  • 6 Interview de Jean Corradi et Joseph Krerowicz réalisée le 5 octobre 2009.

2Grâce aux comptes rendus des voyages d’études aux États-Unis publiés par les ingénieurs des mines dans le Bulletin Technique des Mines de fer, revue scientifique et technique professionnelle4, nous sommes aujourd’hui en mesure de connaître les avis des patrons et des cadres sur l’industrie minière de ce pays. À l’aide des articles relatifs aux visites en URSS de l’hebdomadaire syndical Le Sous-Sol Lorrain, il est également possible d’avoir une idée précise de la façon de considérer le travail minier soviétique chez les militants syndicaux qui l’ont observé5. Recueillis en 2009, les témoignages de deux membres de la délégation CGT accueillie en août 1972, complètent et relativisent très utilement les informations données par les publications syndicales aux retours des voyages6.

3Si les périples des ingénieurs et des syndicalistes s’effectuent vers des points cardinaux opposés, leurs modèles respectifs sont également antagonistes. À l’évidence, les destinations des voyages d’études des cadres, d’une part, et des syndicalistes, d’autre part, ne sauraient surprendre lorsque l’on connaît le contexte idéologique de la Guerre Froide et la vie politique et syndicale française des « Trente Glorieuses ». L’examen des récits de ces déplacements internationaux laisse apparaître des convergences sur la fascination des personnels miniers – cadres et délégués syndicaux – pour la mécanisation et le gigantisme industriel caractéristiques des exploitations minières nord-américaine et soviétique visitées.

4La présentation des objectifs des voyages permet, tout d’abord, de comprendre pourquoi des délégations de la Chambre Syndicale des Mines de Fer de France (CSMFF) se sont rendues aux États-Unis et pour quelles raisons des militants de la CGT des mineurs de fer de Lorraine ont été reçus en URSS. Il apparaît, ensuite, qu’une partie des leçons à tirer de ces visites réside, pour les uns comme pour les autres, dans la nécessité de s’inspirer des modèles d’utilisation des machines en vigueur dans les deux pays visités. Enfin, il est important de signaler que, malgré un attrait certain pour des modes de travail et de vie vus et/ou entrevus, les membres des délégations effectuent une prise de distance critique vis-à-vis de ce qu’on leur a montré : dès le retour, notamment pour les participants aux voyages en Amérique du Nord, et aussi beaucoup plus tard dans le cas des syndicalistes de la CGT.

Les objectifs des voyages

Les contextes sociaux et techniques

  • 7 Varoquaux J.-A., Les mines de fer de Lorraine, Paris, Chambre syndicale des mines de fer de France (...)

5Dès 1927, quatre ans après un cycle de visites dans des exploitations américaines, les ingénieurs créent la Société pour l’étude du chargement mécanique dans les mines de Lorraine (SECM)7. Surtout, dans les trois décennies qui suivent la Seconde Guerre mondiale, des voyages d’études réguliers des personnels d’encadrement contribuent à diffuser en France des innovations minières mises en œuvre aux États-Unis.

  • 8 BT, no 14, 1er trimestre 1949, p. 1.

6À la fin des années 1940, la CSMFF organise des voyages d’études aux États-Unis afin de combler le retard technologique des exploitations minières françaises sur leurs homologues américaines. Les patrons cherchent à s’inspirer du modèle américain : « Les exploitants des mines de fer de l’Est ont appris […] l’énorme développement pris rendant la guerre par la production minière aux États-Unis, les grands progrès techniques […] l’importante amélioration des conditions de travail et du standard de vie des […] mineurs qui avait résulté de la mise en œuvre des progrès techniques8. »

  • 9 BT, no 111, 2e trimestre 1973, p. 59.
  • 10 En 1975, le succès de la participation de Caterpillar-France au mining-show de Las Vegas montre mê (...)

7Afin de comprendre les conséquences des périples américains des personnels d’encadrement des mines de fer de Lorraine – des patrons et des ingénieurs mais aussi des ouvriers qualifiés –, il est nécessaire de les replacer dans la chronologie des phases technologiques des exploitations régionales. Trois voyages servent ici à illustrer les évolutions des points de vue français sur ce qui a été visité en Amérique du Nord. Le premier a été accompli du 25 septembre au 18 octobre 1947, tandis que le redémarrage de l’extraction est à peine lancé et que la production sidérurgique est encore loin d’avoir atteint ses niveaux d’avant-guerre. Dans ce même contexte, la mécanisation des mines de fer de Lorraine est encore limitée, notamment à certaines opérations comme le chargement. D’ailleurs, les apprentis mineurs se forment à un métier manuel. Ils ne se doutent pas que le processus de développement de la mécanisation à l’ensemble des tâches du travail minier va rapidement les transformer en spécialistes de machines de toutes sortes ! La « mission productivité des mines de fer » qui parcourt les États-Unis du 23 juin au 2 août 1952 a précisément pour objectif d’étudier la mécanisation des entreprises minières américaines. Elle se déroule dans le contexte des premiers développements de la généralisation de l’utilisation systématique de machines minières à tous les postes de travail dans les galeries des bassins ferrifères lorrains. Le troisième voyage, réalisé en avril 1973 alors que l’exploitation de la minette est entièrement mécanisée, est présenté comme un déplacement dont « le but essentiel […] était l’étude des chargeuses transporteuses de grande capacité9 ». Au-delà de l’observation d’une mécanisation américaine sensiblement similaire à celle mise en œuvre en Lorraine10, la CSMFF définit donc un objectif centré sur les performances quantitatives des engins miniers. Les observateurs français ont ainsi gardé leur intérêt pour l’étude de la productivité minière américaine tout en orientant leurs préoccupations vers la recherche des meilleurs moyens d’augmenter les quantités produites ; non plus seulement en améliorant le niveau de mécanisation, mais également en développant des techniques de production de masse. La taille des installations minières américaines favorise un attrait pour le développement de techniques combinant automatisation et gigantisme.

8Ces deux caractéristiques se retrouvent dans certaines mines d’URSS. À partir de 1959, les liens tissés entre la Fédération Régionale CGT des mineurs de fer et les syndicats de travailleurs des régions minières soviétiques permettent à des délégations syndicales françaises de visiter les mines du bassin ferrifère de Krivoï Rog.

  • 11 SSL, no 331, juillet 1967 ; 332, août 1967 ; 333, septembre 1967 ; 334, septembre 1967 ; 338, octo (...)
  • 12 SSL, no 331, juillet 1967, p. 4.

9Du 1er au 11 juillet 1967, des représentants de la CGT des mineurs de fer de Lorraine ont été accueillis par des membres du comité syndical de la ville, composante du syndicat des travailleurs de l’industrie métallurgique soviétique. Au retour de la délégation française, cinq numéros du Sous-Sol Lorrain consacrent des dossiers à une présentation positive des caractéristiques professionnelles et sociales du monde des mineurs soviétiques11. Conjointement à la constatation de l’existence de « relations solides et amicales [qui] se sont établies, à la suite de l’échange de délégations réciproques en 1959, 1964 et 1967 entre les deux syndicats12 », les participants français et soviétiques se mettent alors d’accord pour approfondir leurs relations. L’existence du rideau de fer et la restriction des possibilités de déplacements subies par les citoyens soviétiques limitent le caractère réellement réciproque de cette décision. Toutefois, du 30 juin au 11 juillet 1973, une autre délégation syndicale française est reçue dans le bassin de Krivoï Rog au cours d’un périple qui se déroule également dans la Caucase du Nord. Alors que la précédente expédition avait voulu renforcer les liens établis entre les syndiqués des deux pays, ce second voyage comporte une dimension comparative plus développée. En effet, les militants de la CGT mettent en valeur les évolutions techniques et sociales soviétiques afin de constater l’ampleur des progrès réalisés depuis 1959. Surtout, les ressemblances géologiques entre les 2nd et 3e bassins ferrifères mondiaux, respectivement ukrainien et lorrain, favorisent l’admiration pour le système soviétique censé tirer un meilleur profit du gisement grâce à des modes d’exploitation à la fois performants et favorables aux mineurs. D’ailleurs, l’étude et/ou l’observation des procès de travail liés à l’amélioration de cette productivité minière est un des objectifs des voyages pour les syndicalistes comme pour les cadres miniers.

Mécanisation et productivité, thèmes des visites de l’encadrement aux États-Unis

  • 13 BT, no 11, 2e trimestre 1948, p. 7.
  • 14 BT, no 11, 2e trimestre 1948, p. 8.

10Le constat majeur du voyage d’étude aux États-Unis de 1947 est le suivant : « La recherche du plus haut rendement possible de la main-d’œuvre est le but immédiat et unanime de toute entreprise minière américaine13. » Il est bien évident que cette conclusion s’applique également aux mines de fer de Lorraine dont la marche vers davantage de productivité avait été ralentie pendant les années 1930 et, surtout, à cause de la Seconde Guerre mondiale. L’obligation de remplacer le matériel minier usé pendant le conflit, à la fois par son utilisation intensive et par le non-remplacement de certaines pièces de rechange défectueuses, est principalement à l’origine de la reprise des visites de l’encadrement en Amérique du Nord. Ce sont donc les machines américaines, davantage que les façons de travailler, qui retiennent l’attention des cadres français : « Il ne semble pas que l’organisation du travail soit très poussée ni bien systématique. Par contre, les machines sont ingénieuses, bien construites et adaptées aux méthodes d’exploitation14. »

  • 15 BT, no 30, 1er trimestre 1953, p. 7.
  • 16 BT, no 30, op. cit., p. 95.
  • 17 BT, no 30, op. cit., p. 19.

11En 1952, la Mission de Productivité des Mines de Fer a un objectif quasi identique à celui du voyage de 1947 : « Il s’agit d’étudier, sur place, les conditions de travail aux États-Unis, de déterminer les causes de la haute productivité américaine et de rechercher, à la lumière des constatations faites, comment il est possible d’augmenter la productivité française dans les mines de fer15. » Surtout, ses conclusions montrent que les solutions à l’augmentation des rendements dans les mines de fer de Lorraine ne reposent pas uniquement sur une amélioration de la mécanisation, dont le processus est, par ailleurs, bien engagé en France à partir du début des années 1950. Les participants au voyage de 1952 mettent en évidence le contexte socioéconomique global de l’utilisation des engins miniers : « Comme toutes les missions qui nous ont précédés, nous revenons de ce voyage aux États-Unis, persuadés que la productivité américaine n’est pas seulement imputable au progrès technique, mais résulte au contraire, avant tout, d’un climat social et économique favorable à son développement16. » Ainsi, l’intérêt porté aux relations humaines à l’intérieur des entreprises minières américaines est signalé dans le rapport de voyage : « De notre côté, nous avons bien dû constater que rapports aimables et autorité pouvaient très bien aller de pair. Nous avons été impressionnés par l’organisation et la cadence du travail des hommes et des machines – les hommes plus encore que les machines paraissent travailler avec aisance et en dessous de leurs moyens [souligné par nous]17. » L’idéologie techniciste des ingénieurs des mines apparaît dans ce parallèle effectué entre les possibilités des corps et celles des machines

Fig. 20. – Mineurs de Henderson (mine de molybdène du Colorado) avec une machine à projeter du béton de marque Eimco (1973), BT, no 111, op. cit., p. 77.

Fig. 20. – Mineurs de Henderson (mine de molybdène du Colorado) avec une machine à projeter du béton de marque Eimco (1973), BT, no 111, op. cit., p. 77.
  • 18 BT, no 111, 2e trimestre 1973, p. 59.
  • 19 Raggi P., Knittel F., op. cit, p. 56.

12Vingt ans plus tard, le compte rendu de la visite est plus technique, signe d’une élévation du niveau de mécanisation des mines françaises et d’une meilleure connaissance des modes de travail et de vie des Américains. Bien que le nombre d’exploitations minières visitées soit important, le rapport signale surtout des points particuliers : « L’équipement de desserte du mineur continu, les tailles dans les mines de charbon et à la mine de cuivre de la White Pine, l’organisation de l’entretien à la mine de nickel de Sudbury, les concasseurs mobiles de quartier18. » Force est de constater que « Désormais, les ingénieurs français affinent leurs observations. Le niveau technique américain n’étonne plus19. » Mais, les centres d’intérêt des visiteurs français sont liés à des techniques minières combinant automatisation et hauts rendements. Le gigantisme des mineurs continus est caractéristique de ces deux aspects ; tout comme l’est celui des machines évoquées dans les récits de voyages en URSS des syndicalistes lorrains de la CGT.

La CGT compare les conditions de travail et de vie des mineurs français et soviétiques

  • 20 SSL, no 332, op. cit., p. 3.
  • 21 Ibid.

13Au vu de ce qui se passe en Union Soviétique, les mesures en faveur de la productivité mises en œuvre en France à partir des années 1960 par l’État et le patronat, et liées aux difficultés d’écoulement de la production de minette, sont critiquées très négativement par la délégation reçue à Krivoï Rog en 1967 : « Chez nous, l’augmentation de la productivité au cours des 4e et 5e plans gaullistes nous a amené : diminution de la production, fermeture des mines, chômage, réduction des horaires avec perte de salaires, licenciements, exils, etc.20. » A contrario, la situation de l’industrie minière soviétique est décrite de façon idyllique : « En URSS, l’application du plan quinquennal socialiste a amené, dans les mines de fer, une augmentation de la productivité, accompagnée de la création de milliers d’emplois, d’une diminution des horaires (oui, les mineurs travaillent 5 jours par semaine et 7 heures par jour, et même 32 heures pour les emplois pénibles et malsains), des congés payés qui sont passés à 39 jours par année, et cela avec une nette augmentation des salaires, qui actuellement [1967] sont d’environ 130 000 à 150 000 anciens francs par mois, le tout agrémenté d’un treizième mois de salaire dans l’année21. »

  • 22 Albert Balducci (1918-2004) a été secrétaire général de la fédération des mineurs de fer de 1954 à (...)
  • 23 SSL, no 425, août-septembre 1972, p. 5.
  • 24 SSL, no 425, août-septembre 1972, p. 4.

14Ce type de description est caractéristique des écrits de la CGT des mineurs de fer. En 1972, son objectif est, comme le rappelle Albert Balducci22, « De mettre un terme à l’exploitation capitaliste, de transformer complètement la société capitaliste et d’instaurer la société socialiste en tenant compte du développement industriel et des traditions ouvrières et démocratiques de notre pays23. » Bien évidemment, cette affirmation prouve, qu’au-delà des considérations sur les exploits de la technique et de l’organisation sociale soviétiques, les périples des militants CGT ont une portée idéologique. Les syndicalistes martèlent l’idée selon laquelle l’URSS prend soin des ouvriers des mines dans le cadre d’un système productif performant. On comprend mieux alors cette remarque de Jean Corradi, un des participants au déplacement de 1972 : « Dans ce pays le travailleur jouit d’une considération importante et le mineur est l’objet d’une attention toute particulière. Nous avons remarqué tout au long de ce voyage combien l’homme était respecté dans sa vie professionnelle, dans son emploi, dans sa santé, dans ses loisirs et ce dans les moindres détails. Quels contrastes avec ce qui se pratique en régime capitaliste24. » En somme, pour la CGT, contrairement à la France où les mineurs sont victimes d’un système qui les exploite, leurs homologues soviétiques bénéficient d’une protection sociale qui complète les performances des machines. En URSS, le corps de l’homme, dont le travail est allégé par l’utilisation des machines, est aussi bien mieux protégé que celui du prolétaire français. Cette argumentation est commune aux remarques des cégétistes, d’une part, et des cadres des mines de fer d’autre part, quant aux voies à suivre pour améliorer la productivité grâce à des machines très performantes tout en préservant la santé des hommes.

Des modèles à suivre

« La foi en la productivité25 »

  • 25 BT, no 30, op. cit., p. 19.

Fig. 21. – Mineur américain avec jumbo de foration télescopique dans une galerie de 20 mètres de hauteur, BT, no 30, op. cit., p. 68.

Fig. 21. – Mineur américain avec jumbo de foration télescopique dans une galerie de 20 mètres de hauteur, BT, no 30, op. cit., p. 68.
  • 26 BT, no 30, op. cit., p. 61.
  • 27 BT, no 11, op. cit, p. 8.

15Le 1er chapitre du rapport de la mission des cadres miniers de 1952 porte ce titre. Les conclusions du voyage doivent ainsi être lues à travers le prisme de cet objectif. Comme pour les militants CGT évoquant l’URSS, les ingénieurs des mines de fer décrivent un modèle américain dans lequel la place de l’homme est bien considérée. Les personnels d’encadrement français découvrent voire redécouvrent que « Les ingénieurs américains ont particulièrement étudié la mécanisation au chantier d’abattage, afin, non seulement d’obtenir des rendements abattage excellents, mais aussi de diminuer la fatigue des ouvriers affectés au travail le plus pénible26. » Comme pour le compte rendu du voyage de 1947, les visiteurs français sont impressionnés par les machines. Leur utilisation généralisée doit être un modèle qui dépasse le simple usage de certains engins à des postes clés du processus d’exploitation : « La chargeuse n’est qu’un élément d’un ensemble. À sa puissance énorme de chargement doit correspondre une puissance analogue d’abattage et de desserte27. » En somme, pour les observateurs français, à la fin des années 1940 et au début de la décennie suivante, il convient de suivre le modèle américain dans son ensemble. La mécanisation en cours dans les mines de fer de Lorraine ne pourra être qu’intégrale : pour des raisons liées à la foi au procès de travail, mais aussi à cause des exigences de productivité.

  • 28 La minette lorraine, à teneur relativement faible en fer (de 30 à 35 %), est de plus en plus concu (...)
  • 29 BT, no 111, op. cit., p. 60.
  • 30 Voir Tincelin E., « Les mines de fer de Lorraine. Les résultats de l’expérience et les perspective (...)
  • 31 Voir Raggi P., Les mineurs de fer au travail, op. cit., p. 75-79.

16Dans les années 1970, alors que le contexte socio-économique exige encore une amélioration des rendements dans les mines de Lorraine28, le voyage de 1973 s’oriente vers la recherche de moyens mécaniques capables d’apporter une aide décisive à l’augmentation des performances d’extraction. L’intérêt pour le gain de temps allié à l’utilisation optimale des engins motive les visiteurs français « Dans tous les cas, ces chargeuses transportent elles-mêmes leur minerai au point de versement. Nous n’avons pas vu de camions utilisés derrière ces chargeuses. Il en résulte une distance de roulage relativement courte29. » La volonté d’abattre un maximum de minerai avec un minimum de personnel, exprimée, par ailleurs, dans diverses publications techniques destinées aux ingénieurs des mines30, conduit la délégation entrepreneuriale française à visiter une mine de charbon dans laquelle il est prévu de mettre en place un soutènement marchant. Par conséquent, les centres d’intérêt des membres des voyages aux États-Unis ont donc évolué vers la recherche de techniques d’extraction minières réalisées avec un minimum de personnel pour obtenir – leitmotiv récurrent – un maximum de productivité. En somme, la machine doit remplacer le corps du travailleur… Ou tout du moins, l’éloigner du cœur du processus d’extraction pour le laisser intervenir au niveau de la maintenance et du dépannage ; tendance lourde que l’on retrouve d’ailleurs dans les mines31 et dans d’autres branches industrielles comme les activités sidérurgiques, où, avec l’augmentation de l’automatisation et de l’informatisation des procès de travail, les ouvriers sont de moins en moins en contact avec la matière. Du côté du modèle socialiste, la recherche de la performance extractive semble s’accompagner du maintien de l’emploi ouvrier. Néanmoins, les machines occupent une place centrale dans les descriptions des voyages des militants syndicaux lorrains.

« Un peuple heureux qui regarde l’avenir avec confiance32 »

  • 32 SSL, no 331, op. cit., p 4-5.

Fig. 22. – L’excavatrice marchante d’une mine à ciel ouvert de Krivoï Rog en 1967, source : CGT.

Fig. 22. – L’excavatrice marchante d’une mine à ciel ouvert de Krivoï Rog en 1967, source : CGT.

Fig. 23. – La délégation CGT devant l’excavatrice marchante de Krivoï-Rog (1967), source : CGT.

Fig. 23. – La délégation CGT devant l’excavatrice marchante de Krivoï-Rog (1967), source : CGT.
  • 33 Pascal Saverna (1926-2001) est secrétaire de la fédération régionale des mineurs de fer de 1954 à (...)
  • 34 SSL, no 331, op. cit., p. 5.

17Au retour du voyage en URSS de 1967, Pascal Saverna33, secrétaire de la fédération régionale des mineurs de fer à cette date, donne son avis sur la relation entre productivité, gigantisme industriel et conditions de vie et de travail des ouvriers des mines soviétiques : « Car la productivité, le progrès technique, la modernisation en Union Soviétique, pratiquée d’ailleurs à une échelle immense [souligné par nous], se traduisent pour les travailleurs de ce pays, par la réduction de l’horaire de travail, l’abaissement de l’âge de la retraite, en même temps qu’augmentent le pouvoir d’achat, le temps de repos, de loisirs et de culture et les énormes moyens mis à la disposition des travailleurs pour qu’ils puissent profiter de tout le bien-être possible34. » La relation corps et machine s’articule donc ici autour des bienfaits de la mécanisation mise en œuvre dans un cadre social plus large que le domaine professionnel permettant d’améliorer le mode de vie des individus, au bénéfice d’un « corps social » plus vaste. Le gigantisme industriel est à la fois au service du pays et des travailleurs.

  • 35 SSL, no 427, octobre 1972, p. 4.
  • 36 Extrait de l’interview de Jean Corradi et Joseph Krerowicz, op. cit.
  • 37 Ibid.
  • 38 Extrait de l’interview de Jean Corradi et Joseph Krerowicz, op. cit.
  • 39 Ibid.
  • 40 SSL, no 445, op. cit., p. 4.

18Ce thème, aussi récurrent dans les périples de la CGT que celui de la productivité pour les voyages d’études de la Chambre patronale, est complété, en 1972, par des considérations sur la santé des mineurs au travail. À Krivoï Rog, la visite d’un institut d’étude des maladies professionnelles et de chirurgie des blessés amènent les militants syndicaux à conclure de leur visite que : « Partout où nous sommes passés, que ce soit dans les maisons de repos, dans les préventoriums, les instituts de recherche, nous avons constaté que tout est mis en œuvre pour le bien-être et la santé des travailleurs, sans aucune différence, qu’il soit ingénieur, ouvrier professionnel ou manœuvre35. » Comme le reconnaît encore aujourd’hui, Jean Corradi : « Au niveau de l’entreprise, sur le plan social, c’est phénoménal36. » Les autres souvenirs qui demeurent présents à l’esprit de nos témoins concernent l’organisation du travail. Par exemple, alors que les mines de fer de Lorraine sont passées à la diésélisation des engins pour des raisons de rentabilité, les Soviétiques continuent d’employer l’air comprimé pour les engins et l’oxygène liquide comme explosif37. Surtout, les visiteurs français sont impressionnés par l’excavatrice marchante géante qui est utilisée dans une mine à ciel ouvert : « La machine devait faire 40-50 mètres de long. C’était une haveuse qui attaquait le front de taille. […] On était ridicules à côté38. » Pour les installations du fond, les syndicalistes remarquent des proximités étranges entre les engins français et ceux employés par les Soviétiques « C’est qu’on a vu des machines comparables… Nous on avait une Joy – une machine américaine – et là-haut, il y avait une machine similaire… On se posait la question, si ce n’était pas de l’espionnage industriel39 ! » Surtout, comme pour l’exploitation à ciel ouvert, les Français semblent fascinés par le gigantisme des installations souterraines de la mine « Patrie » : « […], nous avons pris un couloir intérieur de circulation du personnel en accès au puits de descente et d’extraction avec sa tour de 104 mètres de haut supportant deux cages de descente du personnel de 100 personnes chacune, et de deux skips d’extraction d’une capacité de 50 tonnes chacun descendant de 10 à 14 mètres/seconde pour entraîner le minerai depuis une profondeur de 1 600 mètres40. » Néanmoins, à côté de cette fascination, la grandeur des installations soviétiques, comme certains aspects des dimensions des mines américaines tendent à faire relativiser les voyageurs du syndicat comme de la Chambre patronale. En effet, ils se rendent compte des limites de l’imitation de leurs modèles.

Les prises de distance vis-à-vis des modèles

Le modèle américain et les réalités de la mise en œuvre des machines en France

  • 41 BT no 30, op. cit., p. 87.
  • 42 Ibid.

19Revenant sur la description du climat social dans lequel évoluent les mineurs américains, les auteurs du compte rendu de la mission de productivité envoyée aux États-Unis en 1952 admettent : « Peut-être avons-nous donné une image un peu rose de la situation41. » Néanmoins, ils reconnaissent que les relations sociales entre l’encadrement et les ouvriers semblent bien meilleures qu’en France. Ils présentent même les inconvénients de la mécanisation comme des contraintes finalement assumées par les personnels qui les subissent : « Dans ces mines [américaines], tout le monde est persuadé que la productivité est la cause première d’un standard de vie élevé et qu’elle doit être recherchée. C’est une vérité si bien établie qu’on en parle peu ; mais elle se manifeste par des actes : […] du côté ouvrier, par l’acceptation des inconvénients de la productivité (adaptation fréquente de nouvelles méthodes et même suppression d’emplois)42. »

  • 43 Ibid.

20L’utilisation de machines de plus en plus performantes doit ainsi s’accomplir dans le cadre de la mise en œuvre d’un système où le corps de l’homme n’est qu’un maillon d’un ensemble productif. Par conséquent, pour les ingénieurs des mines, les performances individuelles, notamment physiques, des corps des mineurs sont relativisées car les procès de travail, de mieux en mieux conçus, doivent minimiser l’importance des savoir-faire. Mais, dans le même temps, l’utilisation des machines ne doit pas non plus se limiter à une recherche de performances chronométriques. Ces deux caractéristiques de la production minière mécanisée définissent la relation entre le corps du mineur et les machines minières et donnent au métier de mineur un profil professionnel qui se distingue d’autres métiers ouvriers concernés par la mécanisation. Le compte rendu de la mission de 1952 définit ainsi une façon de considérer le rapport productif entre l’homme et la machine : « Cette productivité n’est pas recherchée par une allure rapide du rythme de travail ou par les performances de quelques ouvriers exceptionnellement forts ou habiles. Une productivité élevée doit s’obtenir par une bonne organisation, par l’adaptation parfaite de l’équipement au travail à accomplir, par la fourniture au personnel de tous les moyens de production dont il a besoin43. » Cette conception se retrouve dans l’ensemble des écrits techniques des ingénieurs des mines des mines de fer de Lorraine pendant toute la seconde moitié du XXe siècle.

  • 44 Voir les nombreux articles du SSL des années 1950 à ce sujet et les témoignages de mineurs recueil (...)
  • 45 La dernière mine de fer de Lorraine a fermé en 1997.
  • 46 Raggi P., op. cit., p. 174. Voir également en annexe la figure no 25.

21L’aspect idéal de certaines des affirmations qu’elle comporte est intéressant à comparer avec les réalités de l’application de la mécanisation dans les mines de Lorraine. D’ailleurs, la première phase de la mécanisation intégrale ne s’accompagne pas d’une amélioration totalement bénéfique des conditions de travail : les mineurs et leurs représentants syndicaux ont dû, par exemple, réclamer des adaptations des rythmes de travail des hommes aux cadences des machines44. Le corps des ouvriers qui ont connu les débuts de la mécanisation des mines de fer de Lorraine a même subi de nouvelles contraintes voire ont été mortellement touchés par les engins miniers dont les conditions d’utilisation ont été améliorées et sécurisées jusqu’à la fin de l’exploitation du bassin ferrifère lorrain45. Dans les tout premiers temps de la mécanisation, le nombre d’accidents mortels augmente même singulièrement : « En 1952, il y a 58 morts dans les mines de fer de Lorraine dont 37 à cause des chutes de blocs. Ces chiffres élevés s’expliquent par l’absence de mesures de protection élémentaires et systématiques comme le port du casque généralisé car obligatoire seulement à partir de 1955, mais aussi à cause de la mise en place de nouvelles formes de travail. Il apparaît ainsi que la mécanisation entraîne une modification des comportements qui peut être préjudiciable à la sécurité des personnels46. »

22La mécanisation n’est pas non plus synonyme d’automatisation et les ouvriers des mines doivent accomplir de nombreuses tâches manuelles fondamentales ou d’appoint dans le cadre de leur métier. Par conséquent, les savoir-faire ouvriers, et donc les gestes et les postures des mineurs, restent fondamentaux pour l’exécution des travaux miniers. Dans certaines opérations du travail minier mécanisé, et conjointement aux nécessités de protection de l’individu dans le cadre d’un environnement souterrain dangereux dans lequel l’utilisation des explosifs est à la base de l’activité, le placement du corps de l’homme est même particulièrement important. En effet, pour éviter les accidents corporels graves ou mortels, les engins miniers doivent être conduits à la fois en respectant le code de la route mais aussi en tenant compte des particularités environnementales des galeries de mines ! À ces dangers routiers s’ajoutent les risques sanitaires liés à la motorisation diesel des engins qui se développe à partir des années 1960. Les organismes des mineurs déjà touchés par les problèmes respiratoires issus du travail dans une atmosphère souterraine empoussiérée subissent une contrainte supplémentaire.

Le modèle soviétique, la propagande et les revendications syndicales

23Cette nouvelle atteinte au corps des mineurs a été dénoncée par la CGT. Les représentants syndicaux estiment que le modèle productif ayant conduit à l’extension de la diésélisation des engins miniers pour améliorer les rendements néglige la santé des travailleurs.

  • 47 SSL, no 69, août 1955, p. 6.
  • 48 SSL, no 425, août-sept. 1972, p. 5.

24Dès les années 1950, la CGT critique d’ailleurs très négativement, et judicieusement, la mise en œuvre initiale de la mécanisation intégrale dans les mines de fer de Lorraine. Les machines y sont ainsi qualifiées de « véritables mangeuses d’hommes47 ». Dans les deux décennies suivantes, alors que des progrès dans les rythmes d’utilisation des machines sont intervenus, le syndicat continue de lutter pour l’amélioration de l’ensemble des conditions de travail des ouvriers des mines. Le modèle productif français est décrié alors que les conditions de l’exploitation minière soviétique sont présentées comme exemplaires : « Quelles différences entre le mineur français et le mineur soviétique ! En France, c’est d’abord la productivité, la fermeture de puits, les licenciements, les vapeurs nitreuses, et CO [monoxyde de carbone]. En URSS, la santé et la sécurité avant tout. On exploite le minerai à 25 % enrichi à 64 %. On prépare et prévoit des usines de transformation. Il n’y a pas de moteurs diesel au fond48. »

  • 49 Extrait de l’interview de Jean Corradi et Joseph Krerowicz, op. cit.
  • 50 Ibid.

25Pourtant, les témoignages recueillis aujourd’hui auprès de deux des participants au voyage de la délégation CGT de 1972 montrent que, conjointement à l’existence de ces aspects positifs, le modèle minier soviétique, et notamment le gigantisme des engins miniers, avait des limites. Le périple en URSS était ainsi très encadré. Membres d’une délégation officielle, les représentants de la CGT n’ont jamais vraiment pu discuter avec les travailleurs soviétiques : « Les discussions n’allaient pas loin49 ! ». Surtout, les éventuelles conversations avec des mineurs soviétiques étaient comme filtrées : « On avait l’interprète… C’était très difficile… Un moment donné, on s’est rendu compte que lorsqu’on posait les questions, c’était lui qui répondait ! [Même lorsqu’] on voulait avoir l’avis d’un gars ou d’un responsable soviétique50 ! » Quant à l’utilisation des machines, les membres de la CGT ont pu relativiser son importance lorsque les conditions du gisement différaient de celles d’Ukraine. Ainsi, dans le Caucase, dans une mine de molybdène, le recours aux engins était beaucoup plus restreint. Les performances des machines gigantesques observées à Krivoï Rog, n’avaient pas d’équivalent là où il aurait été nécessaire d’avoir un niveau technique très élevé pour utiliser des formes d’extraction mécanisées.

  • 51 Extrait de l’interview de Jean Corradi et Joseph Krerowicz, op. cit.

26Au retour de leur voyage, les syndicalistes se servaient de ce qu’ils avaient vu pour demander des améliorations dans les conditions de travail. Très concrètement, le voyage de 1972 a ainsi permis à la CGT d’insister sur les revendications concernant l’aération des galeries et l’aménagement du quartier51. Le patronat minier était, sans doute, d’autant plus réceptif à l’argumentation syndicale que les voyages de l’encadrement aux États-Unis permettaient de connaître un modèle américain qui, à l’instar du modèle soviétique, était, par certains aspects, en avance sur les modes de production français…

Conclusion

27La fascination pour les réussites américaines et soviétiques constitue le point commun majeur des périples des ingénieurs et des militants syndicaux. L’utilisation des modèles diffère cependant en fonction des objectifs de chaque catégorie de voyageurs. Pour l’encadrement, les visites en Amérique du Nord permettent de découvrir des méthodes de travail visant à améliorer le travail minier dans le sens d’une plus grande productivité. Les syndicalistes, quant à eux, se servent de leurs observations bien encadrées afin de poursuivre les réflexions et les actions en faveur d’une meilleure protection des travailleurs. Dans le cadre de la relation entre corps et machines, les remarques des deux groupes sont positives bien qu’elles ne concernent pas les mêmes domaines. Aux États-Unis, selon les observateurs français, la souplesse de la hiérarchie et la foi en la productivité créent un climat propice à l’épanouissement individuel. Les corps des mineurs peuvent apparemment s’adapter facilement à la mise en œuvre de machines minières auxiliaires précieuses de l’augmentation du rendement. La mécanisation semble se dérouler dans un climat favorable à l’innovation et à l’augmentation de la production. En URSS, les descriptions des militants CGT insistent sur la protection dont les ouvriers bénéficient dans le cadre de leur travail. Celle-ci existe consécutivement à l’utilisation des machines, mais également grâce à un système sanitaire et social favorable aux mineurs. Néanmoins, et sûrement à cause de l’aspect « vitrine » que représentent les voyages d’étude, ni les cadres, ni les syndicalistes n’ont eu la possibilité d’approfondir leurs observations. Leurs impressions et leurs constatations, ont souvent confirmé des préjugés existant avant les périples. Donc, à cause ou grâce aux particularités idéologiques et sociales des cadres miniers, d’une part et des syndicalistes CGT des mines de fer, d’autre part, la mise en évidence de la relation entre corps et machines a permis d’aborder le cadre plus large du lien entre technique et idéologie. Par là même, nous avons vu que les choix technologiques, et donc les relations entre les corps et les machines, ne résultent pas seulement d’évolutions techniques mais aussi, et surtout, de la façon d’envisager l’emploi des innovations dans la société.

Annexes

Fig. 24. – Les productions mondiales de minerai de fer en millions de tonnes (1960-1962 et 1992 à titre indicatif). D’après Varoquaux J.-A., Histoire d’une profession : Les mines de fer de France, Paris, Chambre Syndicale des mines de fer de France-UIMM éditions, 1995, p. 232-233.*Pays de l’ex-URSS.

Fig. 24. – Les productions mondiales de minerai de fer en millions de tonnes (1960-1962 et 1992 à titre indicatif). D’après Varoquaux J.-A., Histoire d’une profession : Les mines de fer de France, Paris, Chambre Syndicale des mines de fer de France-UIMM éditions, 1995, p. 232-233.*Pays de l’ex-URSS.

Fig. 25. – Nombre de tués par accidents dans les mines de fer de France (1949-1975).

Fig. 25. – Nombre de tués par accidents dans les mines de fer de France (1949-1975).

Notes

1 Généralisation de l’emploi d’engins mécaniques de toutes sortes en association avec de nouvelles méthodes et pratiques d’exploitation afin de permettre une amélioration du rendement dans les meilleures conditions de sécurité possible ; Raggi P., Les mineurs de fer au travail, Metz, Éditions Serpenoise, 2007, p. 72 et p. 243.

2 En 1946, le rendement par poste ouvrier à l’abattage est d’environ 11 tonnes ; en 1992, il dépasse 200 tonnes !

3 Voir en annexe la figure no 24.

4 Le Bulletin Technique des Mines de fer (BT), trimestriel édité par le service technique de Briey de 1939 à 1980, a été diffusé en France et hors de France. Il fait connaître les solutions apportées aux différents problèmes d’exploitation dans les mines de fer de Lorraine.

5 Le Sous-Sol Lorrain (SSL), est le mensuel syndical de la fédération régionale des mineurs de fer et de sel de l’Est depuis 1950.

6 Interview de Jean Corradi et Joseph Krerowicz réalisée le 5 octobre 2009.

7 Varoquaux J.-A., Les mines de fer de Lorraine, Paris, Chambre syndicale des mines de fer de France-UIMM éditions, 1992, p. 73.

8 BT, no 14, 1er trimestre 1949, p. 1.

9 BT, no 111, 2e trimestre 1973, p. 59.

10 En 1975, le succès de la participation de Caterpillar-France au mining-show de Las Vegas montre même que certaines techniques françaises intéressent les Américains ; « En somme, dans certains domaines de l’exploitation, les façons de travailler développées en France sont plus innovantes qu’aux États-Unis. Pour une période d’un quart de siècle environ, ces progrès ont accompagné une élévation du niveau technique des utilisateurs d’engins » voir Raggi P. et Knittel F., « Innovations à la mine et au champ : agronomes et ingénieurs des mines en Lorraine, XIXe-XXe siècles », Pajonk G. (dir.), Concepts, cultures et progrès scientifiques, enseignement et perspectives, Éditions du CTHS, Collection actes des congrès des sociétés historiques et scientifiques, cd-rom, 2009, p. 57.

11 SSL, no 331, juillet 1967 ; 332, août 1967 ; 333, septembre 1967 ; 334, septembre 1967 ; 338, octobre 1967.

12 SSL, no 331, juillet 1967, p. 4.

13 BT, no 11, 2e trimestre 1948, p. 7.

14 BT, no 11, 2e trimestre 1948, p. 8.

15 BT, no 30, 1er trimestre 1953, p. 7.

16 BT, no 30, op. cit., p. 95.

17 BT, no 30, op. cit., p. 19.

18 BT, no 111, 2e trimestre 1973, p. 59.

19 Raggi P., Knittel F., op. cit, p. 56.

20 SSL, no 332, op. cit., p. 3.

21 Ibid.

22 Albert Balducci (1918-2004) a été secrétaire général de la fédération des mineurs de fer de 1954 à 1976.

23 SSL, no 425, août-septembre 1972, p. 5.

24 SSL, no 425, août-septembre 1972, p. 4.

25 BT, no 30, op. cit., p. 19.

26 BT, no 30, op. cit., p. 61.

27 BT, no 11, op. cit, p. 8.

28 La minette lorraine, à teneur relativement faible en fer (de 30 à 35 %), est de plus en plus concurrencée par les minerais d’Outre-Mer à forte teneur (de 55 à 68 %) dont les coûts d’exploitation et de transport sont relativement faibles.

29 BT, no 111, op. cit., p. 60.

30 Voir Tincelin E., « Les mines de fer de Lorraine. Les résultats de l’expérience et les perspectives d’avenir », Annales des Mines, mai 1975, p. 22 : « Le but final à atteindre c’est de faire fonctionner les engins d’abattage, de boulonnage et de chargement sans personnel à proximité immédiate ».

31 Voir Raggi P., Les mineurs de fer au travail, op. cit., p. 75-79.

32 SSL, no 331, op. cit., p 4-5.

33 Pascal Saverna (1926-2001) est secrétaire de la fédération régionale des mineurs de fer de 1954 à 1971 et maire communiste de Moutiers (Meurthe-et-Moselle) de 1959 à 1996.

34 SSL, no 331, op. cit., p. 5.

35 SSL, no 427, octobre 1972, p. 4.

36 Extrait de l’interview de Jean Corradi et Joseph Krerowicz, op. cit.

37 Ibid.

38 Extrait de l’interview de Jean Corradi et Joseph Krerowicz, op. cit.

39 Ibid.

40 SSL, no 445, op. cit., p. 4.

41 BT no 30, op. cit., p. 87.

42 Ibid.

43 Ibid.

44 Voir les nombreux articles du SSL des années 1950 à ce sujet et les témoignages de mineurs recueillis par Courval H., « Les mineurs de fer de Lorraine », Economie et politique, no 58, mai 1959, p. 5-36 et Raggi P., op. cit.

45 La dernière mine de fer de Lorraine a fermé en 1997.

46 Raggi P., op. cit., p. 174. Voir également en annexe la figure no 25.

47 SSL, no 69, août 1955, p. 6.

48 SSL, no 425, août-sept. 1972, p. 5.

49 Extrait de l’interview de Jean Corradi et Joseph Krerowicz, op. cit.

50 Ibid.

51 Extrait de l’interview de Jean Corradi et Joseph Krerowicz, op. cit.

Table des illustrations

Titre Fig. 20. – Mineurs de Henderson (mine de molybdène du Colorado) avec une machine à projeter du béton de marque Eimco (1973), BT, no 111, op. cit., p. 77.
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/109329/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 92k
Titre Fig. 21. – Mineur américain avec jumbo de foration télescopique dans une galerie de 20 mètres de hauteur, BT, no 30, op. cit., p. 68.
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/109329/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 191k
Titre Fig. 22. – L’excavatrice marchante d’une mine à ciel ouvert de Krivoï Rog en 1967, source : CGT.
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/109329/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 167k
Titre Fig. 23. – La délégation CGT devant l’excavatrice marchante de Krivoï-Rog (1967), source : CGT.
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/109329/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 164k
Titre Fig. 24. – Les productions mondiales de minerai de fer en millions de tonnes (1960-1962 et 1992 à titre indicatif). D’après Varoquaux J.-A., Histoire d’une profession : Les mines de fer de France, Paris, Chambre Syndicale des mines de fer de France-UIMM éditions, 1995, p. 232-233.*Pays de l’ex-URSS.
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/109329/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 63k
Titre Fig. 25. – Nombre de tués par accidents dans les mines de fer de France (1949-1975).
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/109329/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 91k

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search