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L'image comme preuve : l'expérience du procès de Nuremberg

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Fait partie d'un numéro thématique : Image et histoire
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L'IMAGE COMME PREUVE

L'EXPERIENCE DU PROCES DE NUREMBERG

Christian Delage

En préparant le procès de Nuremberg, le procureur américain Robert H. Jackson fut confronté à un problème difficile : « établir des faits incroyables au moyen de preuves crédibles ». On connaît le travail considérable qui fut alors mené pour assembler les archives nécessaires à la mise en accusation des dirigeants nazis. Mais Jackson prit une autre initiative : il décida de montrer des films - images brutes, documentaires, montage d'actualités - comme preuves à charge contre les accusés. Cette démarche, inédite, s'est-elle avérée pertinente, aussi bien en termes juridiques qu'en regard des exigences de la vérité historique ?

L'influence de procès comme celui de Nuremberg sur les premières analyses historiques de la seconde guerre mondiale et du nazisme est bien connue. En faisant appel à des chercheurs confirmés ou débutants pour recueillir et inventorier les prises de guerre, et en facilitant, après coup, l'accès de l'ensemble des historiens à un volume très conséquent de sources de première main, il était normal que s'impose, dans le même mouvement, une lecture inspirée de ce foyer judiciaire. L'attention s'étant portée en priorité sur les archives rendues disponibles, l'étude des conditions matérielles et intellectuelles de l'administration juridique de la preuve a été peu explorée. Or l'analyse du régime de vérité qui singularise celle-ci ne renvoie pas seulement à la comparaison des méthodes du juge et de l'historien. Il s'agit plutôt d'envisager avec Luigi Ferrajoli qu'un procès - quel qu'il soit — est le lieu d'une «

tation historiographique », au sens où « on y fait jouer les sources de vivo, non seulement parce qu'elles sont recueillies directement, mais aussi parce qu'elles sont confrontées les unes aux autres, soumises à des examens croisés et incitées à reproduire, comme dans un psychodrame, l'affaire qui est jugée 1 ».

En 1945, cette dimension « vivante » du procès fut particulièrement aiguë, dans la mesure où la plupart des personnes présentes au Tribunal avaient été acteurs ou témoins, même à distance, de l'événement « seconde guerre mondiale ». À cela s'ajoutait, pour les membres de l'équipe américaine chargée de préparer l'Acte d'accusation, la connaissance, acquise à partir de rapports officiels ou confidentiels rédigés entre 1939 et 1945, des principaux faits survenus — en particulier des infractions et des crimes - qui allaient permettre la mise en accusation des dirigeants nazis. Les coupables étaient identifiés ; les actes qui leur étaient reprochés également ; enfin, les Alliés s'étaient mis d'accord sur la constitution d'un Tribunal Militaire International (TMI), pour ne pas renouveler les errements des procès de Leipzig tenus après la première guerre mondiale devant la Haute-Cour du Reich2.

1. Diritto e ragione. Teoria del garantismo pénale, Bari, 1989, P- 32, cité par Carlo Ginzburg, Le Juge et l'historien. Considérations en marge du procès Sofri, trad, de l'italien par un collectif, Paris, Verdier, 1997, p. 23-24 (lœéd., Turin, 1991).

2. Lire l'exposé de synthèse de Jean-Jacques Becker, - Les Procès de Leipzig », dans Annette Wieviorka (dir), Les procès de Nuremberg et de Tokyo, Paris/Bruxelles, Éditions Complexe, 1995, p. 51-60. Lire également Michael M. Mar- rus, The Nuremberg War Crimes Trial, 1945-1946. A Documentary History, Boston and New York, Bedford Books, 1997, p. 1-14.

Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 72,

octobre-décembre 2001, p. 63-78.

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