PAYSAGES MUSICAUX ET MUSIQUES PAYSAGERES :

LA MUSIQUE DANS LES JARDINS D'AGRÉMENT

DE LONDRES AU XVIIIe SIÈCLE

Si l'esthétique des jardins anglais a maintes fois été célébrée dans la description poétique,1 les liens entre la musique et l'art paysager constituent également un domaine d'étude digne d'intérêt. Dans son ouvrage Art et nature en Grande-Bretagne au XVIIIe siècle, Marie-Madeleine Martinet rappelle en effet que dans le débat esthétique qui marqua l'Angleterre au cours du XVIIIe siècle, l'analogie musicale permettait d'évoquer l'idéal de la perfection formelle dans la transposition de la nature à l'art - c'est-à- dire l'harmonie -, ou encore au contraire la dissonance, définie comme le procédé permettant d'exprimer de manière artistiquement satisfaisante ce qui serait douloureux dans la réalité. Marie-Madeleine Martinet signale ainsi le recours à diverses formes de métaphores musicales utilisées pour l'expression du sentiment esthétique dans la contemplation des paysages de la nature, ainsi que dans le passage du réel à l'art.2

De manière plus concrète, les liens purement formels entre la musique et l'art de la composition du paysage par le truchement de la peinture ont également été établis, notamment en 1753 par le compositeur Charles Avison dans la partie "On the Analogies between Music and Painting" de son Essay on Musical Expression:

as in painting there are three various degrees of distances established, viz. the foreground, the intermediate part and the off-skip; so in music there are three different parts strictly similar to these, viz. the bass (or foreground), the tenor (or intermediate) and the treble (or off-skip). In consequence of this, a musical composition without its bass is like a landscape without its foreground; without its tenor it resembles a land-