PHÉNOMÈNES D'ÉROSION ET DE REMBLAIEMENT SUR L'ÎLE DE THASOS (EGÉE DU NORD)

Dans son étude de la façade ionienne de la Grèce 1 , Eric Fouache a mis en évidence l'importance de l'échelle à laquelle se développent les phénomènes : une crise environnementale généralisée, quelle qu'en soit l'origine, n'a pas les mêmes conséquences à l'échelle d'un torrent, où les répercussions peuvent être quasi-immédiates, et à l'échelle d'un fleuve au bassin versant plus vaste, où le pas de temps sera beaucoup plus long. Les exemples comparés du Kladéos et de l'Alphée sont de ce point de vue particulièrement instructifs.

À Thasos, nos observations se font à l'échelle d'une île de dimensions importantes certes - 80 km de pourtour, près de 400 km2 de surface -, mais dont les fleuves sont extrêmement modestes ; ce sont plutôt des torrents qui vont jusqu'à la mer, dont le plus long mesure une quinzaine de kilomètres. Disons qu'en terme d'échelles, c'est plus du Kladéos que de l'Alphée qu'il s'agit. L'autre différence majeure avec la région étudiée par É. Fouache tient au milieu qui commande le fonctionnement de ces petits torrents.

1. Les caractères originaux du milieu thasien

L'île de Thasos se situe dans la partie Nord du bassin égéen. La nuance climatique y est déjà très balkanique, ce qui se traduit - paradoxalement pour une île - par des écarts de température assez marqués, plus de 20° entre l'hiver et l'été. Les hivers thasiens sont froids et humides, et souvent marqués par des précipitations neigeuses qui peuvent descendre jusqu'au niveau des plaines. Durant l'été - et c'est là la différence essentielle avec le reste de la Grèce - le minimum de précipitations est très court, un mois, un mois et demi en général, de la fin juin-mi juillet aux alentours du 15 août. Ce qui signifie deux choses : la

Topoill (2001) [2003] p. 635-645