LES SANCTUAIRES DU PROCHE-ORIENT ROMAIN DANS LA RECHERCHE RÉCENTE

II y a exactement dix ans, J.-M. Dentzer et l'auteur de ces lignes ont publié chacun un aperçu, l'un sur les sanctuaires, l'autre sur les temples de la Syrie romaine ' . Il s'agissait de contributions à un manuel, qui avaient pour but de présenter une vue générale, de dégager donc des traits communs, ou au moins fréquents, et d'indiquer les particularités régionales. On peut constater que les conclusions des deux articles se rejoignent : J.-M. Dentzer distingue les sanctuaires à ordonnance géométrique et ceux qui sont irréguliers ; les premiers sont d'origine hellénistique, les seconds continuent des traditions plus anciennes. Pour les uns et les autres, les formes classiques du décor recouvrent des installations propres à servir les cultes ancestraux. Pour sa part, M. Gawlikowski s'est attaché à décrire les temples proprement dits, qui, sous l'enveloppe classique, cachent l'ady- ton, une chapelle traditionnelle qui se distingue nettement de la cella. Or ces chapelles sont barlongues à Doura-Europos, comme plus loin en Mésopotamie, alors que, dans le Sud, elles affectionnent la forme carrée. Si l'on compare ces conclusions, on verra que les chapelles barlongues de Doura s'insèrent dans des té- ménos irréguliers, alors que les temples d'apparence classique renferment des types divers d'adyton incorporé qui procèdent de la forme carrée. Le Nord syrien et le désert paraissent se situer entre les deux.

Cette vue d'ensemble me paraît toujours tenir dix ans après. Cependant, beaucoup de travaux ponctuels ont enrichi très notablement le dossier, avec la fouille de plusieurs sanctuaires, surtout en Jordanie, appelant aussi à revoir certaines restitutions anciennes. Tout récemment, un ouvrage, dont je parle ailleurs dans ce volume (infra, p. 381-388), entend renouveler la question. La présente mise au point pourra peut-être aider à relancer le débat.

Topoi S (199S) p. 31-52