UNE PIÈCE D'ARMURE PERSE SUR UN MONUMENT LYCIEN

PAR

Paul Bernard

(PL X)

Sur l'un des plus beaux et des plus significatifs monuments de la sculpture classique lycienne, le sarcophage de Payava, découvert à Xanthos par Ch. Fellows et ramené par lui au British Museum (1), est représenté par deux fois, dans des scènes de combat, un cavalier cuirassé dont les jambes sont protégées par une curieuse pièce d'armure. Au long côté Est de la frise qui décorait le socle portant la cuve (pi. X, 1 et fig. 1) cette pièce, vue de profil, a l'apparence d'une sorte de tablier rigide qui, par-dessus les lambrequins de la cuirasse, couvre toute la longueur de la jambe, depuis le haut de la cuisse jusqu'à la cheville, débordant largement vers l'arrière où il se prolonge à l'angle supérieur par une patte qui protège la fesse. Sur la face Est de la poutre faîtière du couvercle du sarcophage la même pièce se retrouve, plus volumineuse encore, mais simplifiée (pi. I, 2) : la patte postérieure étant moins [nettement marquée, la jambièrej a pris la forme d'une plaque rectangulaire à longs côtés cintrés, selon la courbure de la jambe, et suffisamment large pour dissimuler à l'arrière les fesses du cavalier. Dans ces scènes de bataille où la tenue des combattants n'offre, pour le reste, rien que de grec, la présence de cet élément d'armure étranger à l'iconographie grecque, mais unique aussi dans le domaine lycien, intrigue, et cela d'autant plus qu'il semblait être jusqu'à présent sans parallèle.