Pauvreté et espaces quotidiens

à Niamey

Lourdes Diaz Olvera, Didier Plat, Pascal Pochet

Laboratoire d'Economie des Transports (UMR 5593), ENTPE, CNRS, université Lyon 2,

rue Maurice Audin, 695 1 8 Vaulx-en-Velin Cedex Lourdes.Diaz-Olvera@entpe.fr, Didier.Plat@entpe.fr, Pascal.Pochet@entpe.fr

Résumé. — Dans les villes d'Afrique subsaharienne en forte croissance démographique, les extensions urbaines spontanées et les villages suburbains accueillent généralement les citadins les plus défavorisés et ayant des difficultés de transport. Une enquête a permis d'analyser les conditions de résidence des Niaméens, leurs caractéristiques sociales et leur usage de l'espace urbain. Dans l'accès à la ville, le revenu individuel apparaît plus déterminant que le lieu de résidence, mais le manque de moyens est renforcé par l'éloignement et le sous-équipement. Ce cumul de handicaps limite les possibilités de déplacement en ville, l'accès à des emplois plus rémunérateurs et, plus généralement, aux services urbains.

Afrique sub-saharienne, espace urbain, mobilité quotidienne, pauvreté

Abstract. — Poverty and everyday urban space in Niamey. —

In fast-growing sub-Saharian African cities, unplanned settlements and suburban villages usually accommodate the most disadvantaged urban dwellers, who are also the least mobile. Data from a household survey carried out in Niamey on a sample of 2,732 people make it possible to analyse their housing and social characteristics and the way they use urban space. Personal income is a more decisive factor in access to the city than home location, but for the urban poor, lack-of-income effects are compounded by home location in peripheral areas, which are usually both under- serviced and difficult to access. This cumulation of handicaps strongly reduces the possibility of travelling "to town" and therefore, of access to better paid jobs and, more generally, to urban services.

DAILY MOBILITY, POVERTY, SUB-SAHARAN AFRICA, URBAN SPACE

L'Afrique au sud du Sahara a connu par le passé des processus continus d'urbanisation (Coquery- Vidro vitch, 1993), mais la forte croissance démographique et les flux migratoires issus des campagnes se sont conjugués durant les dernières décennies pour entraîner un accroissement exceptionnel du nombre de citadins. Ainsi, entre 1960 et 1990, les 27 pays de l'Afrique atlantique auraient vu leur

population urbaine bondir de 17 à 96 millions d'individus (Arnaud, 1998). Or, de façon générale, la superficie des villes tend à croître encore plus rapidement que la population (Le Bris, 1991). Dans un contexte où l'intervention publique est limitée à de rares procédures de lotissement, accompagnées d'opérations de «déguerpissement», la production de l'espace urbain et de l'habitat repose sur les

Lourdes Diaz Olvera, Didier Plat, Pascal Pochet