L'Espace Géographique, n° 2, 1986, p. 155-160. Doin, 8, place de l'Odéon, Pans-VIe.
LES ELEVES DE 4e ET 3e DES COLLEGES
ET LA GEOGRAPHIE
Gérard HUGONIE
Collège n° 2 de Taverny
FRANCE GEOGR. (ENSEIGNEMENT)
FRANCE GÉOGR (TEACHING)
RESUME. — Les élèves de 4e et de 3e n'aiment guère la géographie; ils ne voient guère l'intérêt d'une étude précise du cadre des activités humaines, ou de ces activités mêmes. Mais ils accepteraient une géographie vraiment humaine et sociale, centrée sur la vie concrète des hommes, sur l'action humaine individuelle, sur les grands problèmes, les grands mystères et les risques majeurs de notre globe; une géographie utile et utilisable. Par ailleurs, les élèves de 4e et de 3e connaissent et savent utiliser une partie des repères spatiaux essentiels, du vocabulaire spécifique et des outils méthodologiques de la géographie. Mais ces acquis sont partiels et superficiels, ce qui limite l'utilisation autonome des documents par les élèves. Leur connaissance du monde et de leur environnement est très sélective, et valorise les pays du monde « occidental », au détriment de l'Europe orientale, des pays arabes, et surtout de leur espace régional.
ABSTRACT. — Geography in comprehensive schools. — School pupils in 3rd and 4th forms are not really keen on geography; they are neither concerned with studies dealing with the framework of human activities or with these very activities. They would neither be interested in a true human and social geography centered on real life, individual action or on major problems, on mysteries and risks of our world, in a word in a geography that can be useful and a help. Although they know how to use some important spatial data, specific vocabulary or methodology that matter in geography their knowledge is too limited to allow them to work on their own. Their view of the world is a selective one praising « the West » versus Eastern Europe or Arab countries and more than all their own regional space.
La réflexion et la recherche sur la didactique de la géographie sont encore limitées, malgré quelques travaux récents (P. Claval, 1976; M.L. De- besse-Arvizet, 1969 et 1973; Espaces- temps; Y. Lacoste, 1984; L. Marbeau, 1974 et 1982; J. Maréchal, 1980). Il a donc paru intéressant de lancer une série d'enquêtes précises sur l'attitude des adolescents par rapport à la géographie, sur leurs acquis réels en géographie à chaque niveau d'enseignement : savoirs, savoir-faire, attitudes spécifiques; et enfin sur la façon dont les élèves perçoivent, se représentent l'espace humanisé. On trouvera ici les principaux résultats de l'enquête, qui a porté sur 11 classes de 4e et de 3e d'un collège public de la banlieue parisienne, dans lequel les classes
moyennes dominaient. Les informations générales sur l'enquête, les commentaires et les tableaux chiffrés correspondants sont réunis dans un rapport publié par ailleurs (Hugonie, 1985).
I. LA GEOGRAPHIE EST TRES CRITIQUEE 1. La discipline la moins attrayante...
La plupart des élèves des collèges n'aiment guère la géographie... C'est un fait constaté par
Gérard HUGONIE
Collège n° 2 de Taverny
