Artisans ou combattants ?
Les canonniers dans le royaume de France
à la fin du Moyen Age
Paul Benoit - Université de Paris 1
Artisans ou combattants ? Quel est le statut des canonniers qui apparaissent en grand nombre dans les textes de la fin du Moyen Age ? Dans l'importante bibliographie consacrée à l'artillerie la question n'a jamais été abordée sous cette forme brutale ; le terme de canonnier, employé par tous, ne fait jamais l'objet d'une définition qui recouvre toutes les acceptions de son emploi. Beaucoup d'auteurs se rendent compte que le canonnier, ou le bombardier, ne sont pas assimilables au cavalier ou au fantassin, qu'il n'a pas le même statut strictement militaire, mais le plus souvent s'en tiennent là1. Or une ambiguïté existe.
1. La bibliographie concernant l'histoire de l'artillerie dans le royaume de France est considérable. La dernière mise au point est celle de CONTAMINE (Ph.), La guerre au Moyen Age, Paris, 1980, p. 49-50, 258-275 et 332-350 ; il est cependant toujours indispensable de se référer à l'article essentiel de CONTAMINE (Ph.), L'artillerie royale à la veille des guerres d'Italie, Annales de Bretagne, t. LXXI, 1964, p. 221-261. Parmi les autres références : PERROY (Ed.), L'artillerie de Louis XI durant la campagne d'Artois (1477), Revue du Nord, 1943, p. 171-196 et 293-315 et 293-315 ; DUBLED (IL), L'artillerie royale française à l'époque de Charles VII et au début du règne de Louis XI (1437-1469), Les frères Bureau, Sciences et techniques de l'armement, n° 198, 1976, p. 555-637 qui contient une bibliographie très riche ; FINO (J.F.), L'artillerie en France à la fin du Moyen Age, Gladius, 1974, p. 13-31, réédité dans Armes et armées du Moyen Age, Strasbourg, 1979, p. 100- 118. Cependant aucun de ces travaux ne dispense du recours à la somme de BONAPARTE (L.N.), Études sur le passé et l'avenir de l'artillerie, Paris, 6 vol., 1846-1871; à partir du volume III, les textes ont été rédigés par L. FAVE ; l'ouvrage contient de nombreux textes cités in-extenso ou partiellement. L'artillerie doit être replacée dans le contexte de l'histoire des armées, CONTAMINE (Ph.), Guerre, État et société à la fin de Moyen Age. Études sur les armées des rois de France, 1337-1494, Paris, 1972.
Outre les ouvrages cités, deux articles concernent plus particulièrement le personnel de l'artillerie royale : FAWTIER (R), Documents inédits sur l'histoire de l'artillerie royale au temps de Louis XI, Essays in medieval history presented to Thomas Frederick Tout, Manchester, 1925, p. 367-377 ; GANDILHON ( R.), Le personnel de l'artillerie royale en 1491 d'après un compte inédit, Annales du Midi, 1942, p. 102-107. Sur les aspects industriels de l'artillerie à poudre CAIER (Cl.), L'industrie et le commerce des armes dans les anciennes principautés belges du xir à la fin du XV siècle, Paris, 1973. CONTAMINE (Ph.), Les industries de guerre dans la France de la Renaissance : l'exemple de l'artillerie, Revue historique, 1984, p. 249-280, et les études réunies par BENOIT (P.) et CAILLEAUX (D.), Hommes et travail du métal dans les villes médiévales, Paris, 1988, en particulier les articles de MICHAUD-FREJAVILLE (Fr.), Fèvres et forgerons d'Orléans, 1399-1430, p. 69-82 ; MON- TEILLARD (N.), Artisans et artisanat du métal à Rouen à la fin du Moyen Age, p. 109-126 ; BILLOT (Cl.), Métiers de la métallurgie et migrations en France à la fin du Moyen Age, p. 227-240 ; BENOIT (P.), La métallurgie urbaine en France à la fin du Moyen Age, état de la question, p. 241-253 et surtout LEGUAY (J.P.), Un aspect du travail dans les villes armoricaines au Moyen Age : la fabrication des canons et des armes blanches, p. 185-226.
Enfin les thèses et autres travaux d'histoire urbaine de la France à la fin du Moyen Age attachent une place importante à l'artillerie, parmi les exemples les plus significatifs : CHEVALIER (B.), La ville de Tours et la Société Tourangelle, Lille, 1974; LEGUAY (J. P.) , La ville de Rennes à travers les comptes des miseurs, Paris- Rennes, 1968.
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