BLANDINE DESTREMAU

Le qat, planche de salut ou cancer de l'économie yéménite ?*

Selon la conjoncture politique internationale, le problème des drogues illicites occupe plus ou moins le devant de la scène. L'offre serait pour une grande part responsable de la demande, et les élites corrompues des pays producteurs coupables de l'intoxication des jeunesses occidentales. Le qat ne peut guère être concerné par cette mobilisation : produit non transformable et donc, à ce jour, difficilement exportable, il ne peut être considéré comme un fléau mondial à l'instar des autres "grandes" drogues. Il n'en demeure pas moins qu'il joue dans l'économie et la société du Nord- Yémen un rôle comparable à celui que tiennent d'autres narcotiques dans leurs zones de production.

Le qat est un arbre au feuillage permanent de la famille des célastracées. Le principe actif, la cathinone, est un alcaloïde puissant, particulièrement concentré dans les jeunes feuilles. "Sorte d'amphétamine naturelle ou végétale, la cathinone ne peut être séparée de la matière végétale qu'en mastiquant longuement les feuilles." [Kalix 1985]

Le qat est à la fois un stimulant et un narcotique. Au Yémen, on en garde une bouillie verte plusieurs heures dans la joue, où elle finit par former une grosse chique dont on aspire le jus1.