LES REMPARTS ROMAINS DE BOULOGNE-SUR-MER
II y a un peu plus de dix ans, Jacques Heurgon publiait un article intitulé : « Les problèmes de Boulogne », suivi d'un : « Encore un problème de Boulogne » 1. Ces problèmes de Boulogne romain restent toujours nombreux et souvent entiers ; on ne peut guère songer à abandonner la démarche prudente et modeste qu'implique le choix même de ce terme. Un des plus irritants de ces problèmes, dont la discussion rebondit périodiquement et dont la solution serait d'une importance capitale pour l'histoire du site, est celui de la ou des enceintes qui protégèrent en même temps ou successivement la ville. On peut craindre aujourd'hui, après l'achèvement de la reconstruction, qu'à moins de découvertes fortuites particulièrement heureuses et imprévisibles, notre documentation ne soit plus susceptible de s'enrichir considérablement et, il faut bien le dire, cette documentation est dans l'ensemble détestable. Depuis longtemps sans doute les auteurs locaux parlent des vestiges romains et en particulier des restes impressionnants des remparts antiques, mais de relevés précis, on n'en possède guère ; tant il est vrai que les amateurs, à Boulogne comme ailleurs, répugnent à l'usage du crayon, du mètre et de nos jours de l'appareil photographique et préfèrent au compte rendu honnête et fidèle la page de littérature. A vrai dire, après les exposés précieux du Dr E.-T. Hamy et de C. Enlart vers les années 1900, il faudra attendre les recherches de J. Heurgon et plus récemment celles de Pierre Héliot 2 pour constater des progrès dignes de ce nom : soit une bonne cinquantaine d'années. Le
fjremier a tiré des textes antiques tout ce qu'on peut raisonnablement eur demander ; le second, en complétant fort heureusement notre documentation, a présenté une synthèse nouvelle et originale du problème.
Les réflexions que l'on peut faire sur la question ne sauraient donc
f)as prétendre à la certitude et il est évidemment plus facile de démontrer e caractère fallacieux de telle hypothèse que de dire ce que fut la réalité, mais au moment où l'étude de l'enceinte d'Amiens a pu aboutir à des résultats sérieux, où celles de Famars et de Bavai peuvent être analysées et présentées dans des conditions des plus satisfaisantes 3, il ne me paraît pas inutile de faire dans cette revue le point du cas de Boulogne.
a) Les restes des remparts antiques
— Procédons d'abord à une sorte de constat : celui des restes de remparts retrouvés ; essayons de déterminer le tracé de l'enceinte ou des enceintes qui ont cerclé la ville. Deux secteurs doivent être examinés successivement et séparément : celui de la Ville Haute et celui de la Ville Basse. (Cf. la Fig. et PI. II, 4).
La Ville Haute nous offre un cas bien connu : celui du rempart médiéval qui représente un aménagement ou une remise en état de
1. Rev. et. anc, 50, 1948, pp. 101 et 51, 1949, p. 324.
2. Dans Boulogne-sur- Mer et la Région boulonnaise, 1899, pp. 3 et 153 (cités Hamy et Enlart avec pagination) ; P. Héliot, Rev. archéol., 1958,1, p. 158 et II, p. 40 (cités Héliot, I et II avec pagination). Autre abbreviation : Bulletin de la Société Académique de Boulogne : BSAB.
Il convient de se reporter toujours à l'excellent répertoire de l'abbé Haigneré, Dictionnaire hist, et archéol. du Pas-de-Calais, t. I, cité Diet. I.
On se reportera aussi aux études d'ensemble suivantes : Chanoine G. Coolen, La Morinie ancienne, p. 130 et A. LEDUQUE, Etude sur l'ancien réseau routier du Boulonnais, p. 58.
3. Pour Amiens, cf. Revue du Nord, 1958, p. 467 (VasseLLE-Will) ; pour Bavay, provisoirement les compte-rendus périodiques dans Gallia. Pour Famars, une publication détaillée à paraître prochainement dans Gallia.
