Recherches internationales, n° 115, juillet-septembre 2019, pp. 103-118 Mylène Gaula rd * LE BRÉSIL DE BOLSONARO, UNE ALLIANCE IMPROBABLE ENTRE LIBÉRALISME ET CONSERVATISME ?

É lu au second tour de l’élection présidentielle brésilienne avec 55 % des voix, soit avec le soutien de 47 millions de personnes (mais 40 millions d’abstentionnistes et de votes blancs…), Jair Bolsonaro participe du virage à droite de l’ensemble de l’Amérique latine observé depuis 2015. Dès les premiers mois de l’année 2019, manifestations en faveur, mais aussi contre le nouveau président brésilien se multiplient pourtant dans tout le pays, marquant une fracture assez nette au sein de la société brésilienne. Quelques mois après l’investiture du nouveau président, les premières mesures prises par l’ancien militaire permettent en effet d’avoir un aperçu de l’orientation politique et économique que prendra le pays dans les prochaines années et suscitent donc une vive approbation ou au contraire un rejet radical du nouveau gouvernement. Lors de la campagne présidentielle de 2018, des signaux contradictoires furent émis par Bolsonaro : une certaine ambiguïté se manifestait alors entre son rattachement au courant néolibéral, marqué par la désignation de Paulo Guedes comme son économiste officiel, formé à l’université de Chicago et farouchement opposé à la moindre intervention publique dans l’économie, et sa volonté de mettre en place un programme développementaliste, avec un État très actif sur le plan économique et un refus de remettre en question le système de retraite national ou la place des grandes entreprises publiques. Adepte