Karikal Amméar patronne de la ville de Karikal

En ce temps-là vivait à Karikaï une femme honnête et pieuse, craignant les dieux, et révérant son mari comme un dieu même, car telle est la loi pour la femme hindoue. Son nom était Pounidavady. Son mari s'appelait Paramadata- chettiar ; il était, comme ceux de sa caste, marchand d'or et d'argent.

Un jour qu'il se trouvait à sa boutique, un homme lui vendit deux belles mangues qu'il envoya porter chez lui.

Sa femme avait à peine reçu ces fruits qu'un mendiant frappait à sa porte, un grand vieillard semblable à tous les pèlerins qui courent les routes de l'Inde, un saint homme à en juger par sa mine, un homme affamé d'autre part et qui demandait à manger. Pounidavady s'empressa aux devoirs de l'hospitalité, lava les pieds du visiteur et lui présenta le repas qu'elle préparait pour son époux. Il en mangea, prit notamment l'une des mangues ; sur quoi, il remercia son hôtesse, la bénit, et disparut soudain, la laissant tout émue.

• Le mari revint un peu plus tard au logis, déjeuna, prit à son tour une mangue et pria son épouse de lui présenter la seconde. Voici la pauvrette en grand désarroi. Son mari croira-t-il à la visite du mendiant ? Quelles suppositions peut-être va-t-il faire ? Elle eut tort en tout cas de disposer sans son avis de ce fruit que rien n'obligeait à donner : le mendiant se fût contenté de son riz. Elle ne voit point d'issue, n'ose avouer, se tourne, dans une inspiration subite, vers la Divinité. Le saint homme était un envoyé du ciel à n'en pas douter, Çiva lui- même peut-être, sous cette forme du mendiant Pitchéandavar