CENSURE PRÉVENTIVE

ET LITTÉRATURE RELIGIEUSE EN FRANCE AU DÉBUT DU XVIII* SIÈCLE.

I. L'institution

Établi en 1563, le système des privilèges * donnait au pouvoir royal une possibilité de contrôle sur la production imprimée : sollicité par un libraire ou un auteur, le Chancelier accordait par lettres patentes une permission d'imprimer et un monopole temporaire, le privilège. Comme ce régime de centralisme se heurtait à la résistance des parlements de province qui continuaient à accorder des privilèges, et à celle des docteurs de la Faculté de théologie de l'Université de Paris qui revendiquaient le droit de juger les ouvrages concernant de près ou de loin la religion, le Conseil du roi créa, en 1623, quatre censeurs d'office ; la réaction de la Faculté de théologie entraîna de nouvelles offensives du pouvoir, qui, en 1629, décida que le Chancelier choisirait parmi les docteurs de la Faculté de théologie les approbateurs des livres religieux ; parallèlement des secrétaires du roi étaient chargés d'examiner les ouvrages profanes.

Au temps de Louis XIV, la surveillance de la librairie, le contrôle des ouvrages publiés et la répression efficace des infractions furent au centre des préoccupations du pouvoir : la réduction du nombre des ateliers, à partir de 1666-1667, et l'introduction d'un numerus clausus pour l'accès à la maîtrise étaient déjà des mesures qui allaient dans le sens^d'un contrôle plus étroit et plusjfacile de la profession. Mais c'est surtout la législation du privilège et de l'approbation qui, améliorée, allait rendre plus efficace la surveillance des ouvrages destinés à être imprimés ; le Chancelier confiait le manuscrit qui lui avait été remis à, un censeur : ce dernier rédigeait un rapport suivant lequel était donnée la permission d'imprimer. Système rigoureux puisqu'à

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