LA SAINTETÉ DE LOUIS IX
D'APRÈS LES TEXTES LITURGIQUES
DE SA FÊTE*
Les offices composés à la mémoire de saint Louis conservent un écho de la joie profonde que souleva sa canonisation prononcée le 4 et le 11 août 1297 par Boniface VIII. Le pape vient de donner au royaume le saint tutélaire que Charlemagne n'avait pu devenir pour lui ; une lacune qui existait dans la théorie monarchique en formation a été comblée ; le saint roi est entré désormais dans le rôle d'intercesseur pour son peuple auprès de Dieu. Mais ces textes permettent aussi d'entrevoir la manière dont leurs auteurs concevaient et interprétaient la sainteté de Louis IX et justifiaient sa promotion au nombre des élus. C'est ce que l'on a tenté de faire ici, en examinant ces compositions, en général très concrètes, mais dont certaines expressions méritent d'être approfondies en fonction de la pensée religieuse du temps *.
I
Les offices sur lesquels a porté notre analyse sont au nombre de cinq a. Le plus ancien (I) Luàovicus decus regnantium date des lendemains immédiats de la canonisation du roi et de l'institution de sa fête qui fut célébrée pour la première fois à Saint-Denis le 25 août 1298 où les ossements de Louis IX furent levés de sa sépulture pour être déposés dans une châsse sur l'autel 3. L'auteur de
* Communication faite à la Société d'histoire de l'Église de France le 24 octobre 1970. 1. Nous tenons à exprimer ici notre reconnaissance à M. l'abbé Michaud- Quantin, du Centre de recherches et de confrontations sur la Pensée médiévale, auquel nous devons de précieuses références sur quelques termes rencontrés dans les textes. Nous remercions aussi Mme Pellistrandi, responsable du fichier du vocabulaire de la pauvreté à l'institut de M. Mollat à la Sorbonne. 2. Ils sont publiés tous les cinq dans Analecta Hymnica, XIII (Leipzig, 1892, réimpr. 1961), pp. 185-198. 3. Beaucoup d'indications sur les débuts du culte de saint Louis dans Ada Sanctorum, Août V, 528 et suiv.
