REVUE GEOGRAPHIQUE DES PYRÉNÉES ET DU SUD-OUEST

Tome 49, fasc. 4, pp. 455474, Toulouse, 1978

1/ Andorre, micro-état pyrénéen : quelques aspects de géographie politique

par André-Louis Sanguin *

L'attention est plus volontiers sollicitée par les grandes fresques que par les miniatures. Ainsi des Etats. A côté des vastes territoires, de minuscules entités semblent oubliées. Comment un Etat peut-il exister sur quelques centaines de kilomètres carrés ? Quelle est alors sa raison d'être ?

L'Andorre ne peut vivre entièrement d'elle-même; elle doit faire appel aux services de l'Espagne et de la France. Elle a su toutefois préserver son indépendance et son originalité. La petite taille de cette entité politique conservée dans les Pyrénées ne l'empêche pas d'avoir une vie propre, d'affronter des difficultés et de résoudre des problèmes spécifiques; elle a maintenu, dans le cadre de la coprincipauté, l'appareil politique, administratif et économique nécessaire à ses citoyens. L'ancienneté des institutions ne doit pas faire croire qu'il s'agit d'un Etat où le temps se serait arrêté et où les hommes vivraient loin des grands problèmes du reste du monde.

I. Une position périphérique remarquable

L'Andorre est un Etat compact. Sa capitale, Andorra la Vella, bâtie à la confluence des trois grandes vallées du pays, les Valiras, occupe à peu près le centre du territoire politique.

Entre la France et l'Espagne, elle n'est pas une enclave, mais plutôt un Etat encerclé, sans accès direct à la mer, ce qui pèse sur ses relations commerciales. C'est également, par rapport à ses deux voisins, un territoire périphérique. Si la petite coprincipauté n'a pas recherché cette situation enfermée, elle l'a sans doute entretenue : l'isolement était un élément capable de sauvegarder