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En guise de conclusion...

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Année 1984 72-2-4 pp. 387-388
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Page 387

Jacques DURAND *

En guise de conclusion...

En guise de conclusion, un non-géographe peut-il parler de la montagne ? Ecrire sur la montagne en termes techniques ? Qu'est-ce que la moyenne, la haute montagne, énoncer, proposer des chiffres, des pourcentages, des altitudes, des limites, des seuils ? Non. Il ne peut que simplement réfléchir sur sa montagne, la montagne qu'il aime, qu'il fréquente, celle qu'il se représente quand poussé par un curieux désir, il se plaît à quitter la plaine, pour marcher, grimper, descendre, escalader, souffrir, atteindre toujours ce qui est plus haut.

La montagne est pour moi une singulière rencontre. Quel plaisir de confronter son corps, son cœur, ses poumons, son cerveau, de vivre intensément l'effort de la marche, de la glissade, de contrôler le moindre geste qui pourrait être fatal. La montagne est une école de la maîtrise.

J'éprouve un plaisir quasi-charnel en foulant, neige ou espace vert, là où personne avant moi n'est venu. La montagne c'est ma trace, ma marque. J'effleure, je touche, je caresse, je saisis, j'enfonce la peau de la terre.

La montagne est un lieu où l'homme se cherche, se fait et se défait, il pense en montagne, il pense à sa toute puissance, son pouvoir de domination, il cherche ce qui se pense en lui, la beauté, le merveilleux, l'unique. Chaque course, chaque promenade est unique, c'est fini, je suis au sommet, je suis arrivé, c'est pour toujours le « jamais plus », c'est ma propriété, je l'ai vaincue, je suis vainqueur. Faire de la montagne c'est être en relation avec cette inconnue vivante dont on ne voit rien ou presque mais qui gronde, qui bouge, qui se révolte parfois.

La montagne c'est l'aventure, c'est le combat entre deux monstres dévorants, c'est une lutte. Face à l'obstacle l'homme se mesure.

La montagne comme objet, comme monde inconnu doit faire penser l'homme, elle doit délirer, fantasmer, chacun court après le Saint-Graal imaginaire, à chacun sa vérité, à chacun sa montagne. Que se passe-t'il dans le tête de chacun quand le danger est là, quand le paysage grandiose, irréel parfois se dévoile. Que sentons-nous dans nos corps, nos esprits, l'homme dieu, l'homme puissance, l'homme infini.

* Maître-assistant UER de Psychologie (Université de Grenoble II).

« Revue de Géographie Alpine, t. : LXXII - 1984 - 2-3 »

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