La catastrophe du glacier Allalin
par Robert Vivian
Au soir du 30 août 1965 se répandait la nouvelle d'une catastrophe survenue dans la vallée de Saas en Valais : le glacier Allalin, s'effondrant sur les baraquements du barrage de Mattmark, venait d'engloutir une centaine d'hommes. Aussitôt les précédents mémorables furent rappelés : débâcles de Gietroz et de Crête-Sèche (xix* siècle : dégâts matériels, perte d'hommes); débâcle au glacier de Tête Rousse (1892 : anéantissement de l'établissement thermal de St-Gervais avec nombreuses victimes); avalanche de glace de l'Altels (11 septembre 1895 : 6 bergers tués, 179 pièces de bétail détruites); débâcle du lac proglaciaire du glacier Stein (1955 : dégâts matériels); écroulement du glacier du Tour (1949 : 6 victimes). A considérer cette répétition dans les catastrophes, la connaissance du danger glaciaire en haute montagne prenait soudain un caractère de nécessité, tandis que le drame semblait narguer les travaux systématiques entrepris depuis fort longtemps par les glaciologues suisses.
Grâce à F.-A. Forel d'abord, qui fut l'initiateur en matière de contrôle des variations de longueur et de volume des glaciers, puis à ses successeurs (P.-<L. Mercanton, A. Renaud, actuellement P. Kasser), les Suisses ont accumulé une documentation unique par sa continuité (1882-1965) sur les appareils glaciaires de leurs Alpes... sur le glacier Allalin en particulier 1. On se pose aussitôt la question majeure : la chute du glacier était-elle prévisible 7
1 II convient cependant de préciser que ce contrôle est annuel et qu'à aucun moment le travail des glaciologues n'a été accompli de façon permanente en vue de prévoir ou prévenir un glissement imminent !