DES EVOLUTIONS ELECTORALES
ENTRE LOGIQUE NATIONALE ET CULTURES
POLITIQUES RÉGIONALES
JEAN CHICHE
Les résultats du premier tour des élections législatives de 1997 ont surpris par l'ampleur de la défaite que les électeurs ont infligée aux partis de droite modérée au gouvernement depuis 1993. Ayant obtenu plus de 44 % des suffrages exprimés au premier tour des élections législatives de 1993, UDF, RPR, et divers droite n'en recueillent plus en 1997 que 36,2 %, soit un recul moyen de 7,8 %.
Dans le même temps, le Parti socialiste et ses alliés ont progressé de 7,8 % des suffrages exprimés. La similitude entre ces écarts relève-t-elle d'une pure coïncidence, ou existe-t-il une relation statistique qui les lie? Et dans ce cas peut-on trouver une ou des logiques à cette relation? Pour tenter de répondre à cette question nous utiliserons dans cette note les résultats dans les 555 circonscriptions législatives métropolitaines '.
Une logique nationale
En 1993 la gauche en général et le PS en particulier avaient subi de plein fouet le «vote sanction»2, avec pour conséquence le retour de la droite aux affaires. En 1995 Jacques Chirac complète le triomphe du camp conservateur. Avant le premier tour de 1997, on pouvait penser que les candidats députés sortants de 1993 bénéficieraient d'une «prime» qui aurait pu s'avérer décisive pour le résultat final des élections. Le Parti socialiste, en désignant un grand nombre de candidats ou de candidates qui n'avaient jamais affronté le scrutin universel, a tenté et gagné le pari contraire. Or on constate une grande homogénéité dans les structures comparées de 1993 et 1997. On quantifiera ces relations avec le coefficient de corrélation de Pearson, calculé entre les scores réalisés dans les 555 circonscriptions législatives métropolitaines.
La droite modérée entre 1993 et 1997 a un coefficient de 0,88, soit une reproduction de sa structure presque parfaite3.
Le Parti socialiste (et ses alliés) voit la reproduction de sa structure perturbée par les circonscriptions que le PS a laissées aux Verts. Sur l'ensemble des 555 circonscriptions le coefficient est de 0,69. Si on le calcule dans
Les données des élections de 1997 ont été saisies par la SOFRES et ont pour source les dépêches AFP Les résultats sont donc susceptibles être corrigés quand le ministère de Intérieur aura terminé ses procédures de vérification Ph Habert Perrineau Ysmal dir. Le vote sanction Paris Presses de Sciences Pô et Département études politiques du Figaro Voir le nuage de points DRM93 en abscisse et DRM97 en ordonnée La droite traversant ce nuage est la droite de régression linéaire qui ajuste au mieux le modèle
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Revue française de science politique, vol. 47, n° 3-4, juin-août 1997, p. 416-425. © 1997 Presses de la Fondation nationale des sciences politiques.
