Aleth Picard*
Architecture et urbanisme en Algérie
D'une rive à Vautre
(1830-1962)
Les villes d'Algérie, durant la période coloniale française, se sont constituées à la fois en référence à la modernité et à la civilisation occidentale mais aussi, dans ses débuts, à l'architecture turque et mauresque. Ces allers-retours entre une culture occidentale exportée et une culture locale méditerranéenne trouvent leur fondement dans deux caractères principaux de la colonisation en Algérie : le contrôle du service du Génie durant les premières décennies, puis le passage à une colonie de peuplement dès 1840. Plusieurs exemples significatifs permettent d'illustrer cette situation : les conseils et les règlements de constructions proposés par les ingénieurs du Génie au gouvernement général en 1845, leur lecture de la ville pré-coloniale et de la maison arabe, enfin leur désir d'une certaine protection des anciennes médinas. On ne saurait ignorer par ailleurs l'apparition dans les années 1930 d'une génération d'architectes européens, souvent nés en Algérie et proches de Perret et de Le Corbusier, et qui souhaitent construire une architecture méditerranéenne. Certains les ont appelé "les algérianistes"1. Ceux-ci ont beaucoup œuvré pour la conservation du site d'Alger et des édifices arabo-musulmans. Ce mouvement d'idées s'accompagnera plus tardivement pour certains par une critique des réalisations du Mouvement moderne.
* Architecte, Ecole d'Architecture de Normandie.
REMMM 73-74, 1994/3-4