RELATIONS ENTRE LE MAROC ET LA TURQUIE

DANS LA SECONDE MOITIÉ DU XVIe SIÈCLE

ET LE DÉBUT DU XVIIe SIÈCLE

(1554-1616)

par Chantai de LA VERONNE

En 1516 les Turcs occupaient Alger, en 1529 Kheîr ed- Dîn chassait les Espagnols du Pefiôn de la ville. En 1551 ces mêmes Turcs étaient à Tlemcen. La puissance de la Porte ottomane s'arrêtait à la Tafna ; au delà vers le ponant, un changement de dynastie s'opérait et les derniers Banû Wat't'âs cédaient la place aux chérifs sa'diens venus du sud. En 1 549, le sa'dien Mûlay Moh'ammed avait occupé toute la région de Fès à Oujda (1), mais malgré l'appui de la puissante tribu des Banû Râchid, il ne put s'installer à Tlemcen.

Nouveaux venus en Afrique du Nord, Turcs et chérifs sa'diens allaient s'affronter à partir du milieu du XVIe siècle, et la Sublime Porte cherchera à dominer le seul pays maghrébin qui échappait à sa tutelle, le Maroc.

Dès 1 549, le chérif avait des Turcs dans sa garde personnelle (2) ou dans son armée (3) et sa marine (4). Son rival, le dernier Wat't'âsside , en avait également près de lui (5), puisque le pacha d'Alger, Çâlah' Raïs l'avait aidé à reprendre sa capitale et le soutenait contre le Sa'dien. Celui-ci, une fois Fès reconquise (23 septembre 1 554), conservera près de lui la garde d'Abû H'asûn (6). Tous ces Turcs étaient-ils des émissaires du Grand Seigneur ? Cela est vraisemblable, tout au moins pour certains d'entre eux.

Dès que le chérif eut définitivement éliminé les Wat't'âsides et qu'il fut installé à Fès, il reçut un envoyé du sultan Sulaîmân II, qui, lui rappelant l'aide apportée par Çâlah' Raïs à Abu H'asûn, lui fit comprendre que le Grand Seigneur