LES ΞΕΝΟΙ
DANS LES TEXTES ATHÉNIENS
DE LA SECONDE MOITIÉ
DU Ve SIÈCLE AV. J.-C.
Dans le monde grec, on le sait, le terme ξένος désigne l'étranger, en général (du moins au ve siècle) l'étranger grec : l'homme n'appartient pas à la communauté restreinte (familiale ou civique), mais il fait partie de VHellenikon (1). En conséquence, le sentiment d'altérité et celui de communauté se conjuguent dans des proportions variables. L'étranger peut devenir l'hôte et l'ami (et les liens établis par la ξενία entre deux hommes — et deux familles — sont très forts, et durables), comme il peut être l'ennemi absolu : peut-on mieux se déchirer qu'entre parents ?
A partir du ve siècle, quand les communautés civiques se sont affirmées et définies, le terme désigne souvent et même ordinairement
(1) La plus riche illustration de ce principe est fournie par l'œuvre d'Hérodote : lorsque ce sont des Grecs qui parlent, ό ξεΐνος désigne un autre Grec, d'une autre cité. Le meilleur exemple est peut-être II, 160, 19-20 (où les Éléens expliquent aux prêtres égyptiens que les concours d'Olympie sont ouverts aux Grecs, non seulement aux Éléens mais à ceux des autres cités : ξεΐνοι). Une seule exception (en trois exemplaires : IX, 11 ; 53 ; 55) : les Spartiates, en parlant de l'armée de Xerxès, disent ξεΐνοι là où on attendrait βάρβαροι. Mais l'exception est significative, puisque Hérodote s'en étonne et juge bon d'ajouter : « en effet, ils appelaient (à cette époque-là) ξείνους les Barbares ». Sur cette anomalie, cf. A. Diller, Race Mixture among the Greeks (Urbana, 1937), p. 21.