TROIS DOCUMENTS DE LA CONTROVERSE GRÉCO-ARMÉNIENNE
Jean DARROUZÈS
Un certain nombre d'opuscules produits par la controverse entre Grecs et Arméniens circulent dans les manuscrits grecs ; ils ont entre eux une grande parenté, de sorte que l'impression du déjà vu provoque une certaine indifférence au texte et voile les particularités susceptibles d'intéresser l'histoire. Tant qu'on ne dispose pas d'un inventaire de ces pièces et des manuscrits témoins, les difficultés de datation, d'interprétation et d'identification ne seront pas levées. Ainsi un extrait d'Euthyme Zigabène, ce compilateur qui reproduit presque toujours des œuvres antérieures, a pu passer pour une œuvre de Michel Cérulaire ; ou bien un discours de Nicétas Stéthatos dirigé contre les Arméniens a été édité comme œuvre anti-latine1. Par suite de ces difficultés, des textes caractéristiques sont restés inexploités ou n'ont pas été reconnus comme actes officiels. A défaut d'une recherche méthodique sur cette tradition complexe, la publication de trois documents, dont deux sont des actes patriarcaux, contribuera à déblayer un peu le terrain et à dégager quelques perspectives.
L'essentiel étant ici l'édition et la traduction des textes, l'introduction présentera d'abord les manuscrits, puis chacun des documents, et donnera enfin une récapitulation des thèmes de la controverse.
I. La tradition manuscrite
Bien que ces textes soient enregistrés depuis longtemps dans les dossiers de notre institut, le fait qu'ils sont anonymes empêchait de les introduire dans les regestes patriarcaux ; ils pourront figurer sans
1. Je reviens plus bas sur ces deux exemples, dont j'ai parlé dans HEB 25, 1967, p. 288-291.
Revue des Études Byzantines 48, 1990, p. 89-153.