NOTES SUR L'HISTOIRE DU MONNAYAGE ACHEMENIDE SOUS LE RÈGNE DE DARIUS Ier
Raymond DESCAT*
Les premiers témoignages historiques sur la monnaie perse concernent le règne de Darius Ier et on admet généralement qu'il fut le premier roi achéménide à battre monnaie « en son nom » alors que ses prédécesseurs Cyrus et Cambyse auraient seulement laissé se poursuivre l'activité de l'atelier monétaire de Sardes créé par les rois de Lydie. Malgré l'importance de cet événement pour l'histoire de l'empire et pour celle de la monnaie grecque, l'incertitude de nos connaissances est encore très grande en particulier autour de deux points essentiels, la chronologie absolue du monnayage et la fonction de la monnaie dans un État qui jusque-là ignorait son usage officiel.
Pour la chronologie absolue, nous disposons de quelques éléments de réponse1. Depuis l'article récent de M. C. Root2 nous savons qu'en 500, dans la 22e année de règne, le sicle à l'archer tirant (type II) est en usage, ce qui donne un terminus ante quern précieux. Or c'est aussi ce type II qui est représenté sur la monnaie d'or à l'archer, le statère darique^ des Grecs au poids moyen de 8,4 g ( ce qui ne veut pas dire toutefois qu'elle soit frappée dès le début du type, soit avant 500) ; il n'y a pas de monnaie d'or à l'archer du type I.
* Université de Bordeaux ΙΠ.
1. Je remercie A. D. H. Bivar, P. Briant, A. Lemaire, M. C. Root qui, à des titres divers, m'ont aidé dans la préparation de cet article. Pour la chronologie relative des premiers types voir en dernier lieu I. Carradice, « The "regal" coinage of the Persian Empire », dans Coinage and Administration in the Athenian and Persian Empires, BAR, Intern. Series, 343, 1987, p. 73-95.
2. M. C. ROOT, « Evidence from Persepolis for the dating of Persian and archaic Greek coinage », NC, 1988, p. 1-12.
3. Sur l'utilisation du terme darique M. Caccamo CaltabiaNO - P.Radici COLACE, « L'eponimia monetale : dall'esperienze orientale a quella dell' l'età ellenistica », NAC, XVI, 1987, p. 31-33. Il faut noter l'analogie d'emploi entre statères dariques et Kroiseioi stateres. Si l'on juge (voir infra) que la créséide légère est une création de Darius, il faut penser que le statère darique se différencie du statère de Crésus par le poids ; effectivement les créséides des comptes du Parthenon sont des statères lourds cf. G. DONNAY, « Les comptes de l'Athéna chryselephantine du Parthenon »,BCII, XCI, 1967, p. 86 .
REA, T. XCI, 1989, nos 1-2, p. 15 à 29.
