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La conception essentialiste du français et ses conséquences. Réflexions polémiques

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La conception essentialiste du français

et ses conséquences.

Réflexions polémiques

Jean-Marie Klinkenberg

II en va du français comme de toute autre langue : il n'existe pas. Pas plus que l'allemand ou l'espagnol, d'ailleurs. Ce qui existe, ce sont des français, des allemands, des espagnols. Le jouai du déneigeur montréalais, le français de l'ouvrier spécialisé maghrébin de chez Renault, le français teinté de wallonisme de mes cours de récréation verviétoises, le français classieux et branché du triangle d'or Neuilly- Auteuil-Passy, le français, non moins branché, du Paname à Renaud, celui du beur de Sarcelles et celui du sérigne sénégalais, celui des trottoirs de Rabat et celui des marchés de Kinshasa, le français caldoche et l'acadien, le québécois et le negro French. Et la langue de la Chanson de Roland, avec ses déclinaisons ? encore du français. Comme le créole haïtien. Comme la langue de Céline avec sa ponctuation haletante. Comme celle de Cavanna avec son oralité, et celle de Claudel avec ses périodes.

Si les langues sont diversifiées dans le temps et dans l'espace, comme on s'en avise aisément, elles le sont aussi — comme on veut moins le savoir — dans la société : car si elles doivent remplir des fonctions différenciées, elle doivent en outre le faire dans des milieux eux-mêmes très différenciés. Autrement dit, la langue, qui varie dans le temps et dans l'espace, varie aussi à un même moment et dans un même lieu, en fonction de facteurs sociaux cette fois.

Cette pluralité interne des langues n'a rien d'étonnant : toute langue offre à ses usagers les moyens de mettre au point mille stratégies communicatives, mille tactiques symboliques, et exhibe donc à son observateur un visage changeant à l'infini.

Diversité banale. Mais la mettre en évidence apparaît toujours comme scandaleux, tant elle a été refoulée dans les consciences par une manœuvre de construction que j'appellerai le discours unitariste ou discours essentialiste : un discours qui vise à rendre monolithique aux consciences ce qui n'est objectivement qu'un conglomérat de variétés linguistiques.

Cet unitarisme, on le retrouve dans toutes les grandes communautés culturelles. Mais il s'est particulièrement développé dans la francophone. Car le français offre l'exemple sans doute le plus poussé qui soit de centralisation et d'institutionnalisation linguistiques. Un Francophone, c'est d'abord un sujet affecté d'une hypertrophie de la glande grammaticale; quelqu'un qui, comme Pinpcchio, marche toujours accompagné d'une conscience, une conscience

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