LES MILITES GLANICI : POSSIBILITÉS ET PROBABILITÉS
Yann LE BOHEC*
La préparation d'une étude sur César comme chef de guerre m'a amené à examiner1 une inscription de Glanum1 qui a été datée de 49 av. J.-C. par G. Charles-Picard et qui mentionne des milites glanicP . La première question qui se pose, pour l'historien de l'armée romaine, est de définir à quel type d'unité appartenaient ces hommes ; la seconde consiste à vérifier si la date proposée pour ce texte est acceptable.
Le monument a été trouvé au cours de fouilles. Les archéologues avaient dégagé un socle sur lequel avait été gravée l'inscription. Au pied du socle se trouvait, renversée sur le sol, une statue du dieu Hercule. Le texte a été publié une première fois dans la revue Gallia^ et repris dans l'Année épigraphique.
*Professeur, CEROR, Université Jean Moulin - Lyon 3, 1 8, rue Chevreul, 69362-Lyon-cedex 07.
(1) Je remercie plusieurs collègues et amis : madame Anne Roth-Congès m'a apporté diverses précisions sur ce texte, et m'a guidé sur le site de Glanum ; monsieur J.-Cl. Fontan, Conservateur du Musée de Sade à Saint- Rémy, m'a ouvert ses portes à un moment qui m'était commode mais se situait en-dehors des heures habituelles ; Jacques Gascou a bien voulu éclairer ma lanterne sur d'autres points de l'inscription, et m'a procuré une photographie du texte, provenant de la MMSH d'Aix-en-Provence (Centre Camille Jullian).
(2)AE, 1954, 102.
(3) G. Charles-Picard 1964, d'où AE, 1964, 146 bis.
(4) Rolland 1953, d'où AE, 1954, 102.
AE, 1954, 102 (Glanum) : Votum suscept(um) I Herculi uictori pro I salute et reditu G. Licin(ii) I Macri, trib(uni), et centuriolnum et militum glanicolrum qui sub uexillo fuefrunt, Cn. Pompeius Cornutus, I opt(io), I ex stipendias et honolrario quod ei d(onum) const(ituerat) I l(ibens) m(erito). Ce texte, très difficile, pose plusieurs problèmes qui sont liés les uns aux autres : quel est le type d'unité concerné ? Quelle mission lui avait été confiée, c'est-à-dire contre quel ennemi est-elle intervenue? À quelle époque attribuer ce texte? Pourquoi avoir choisi Hercule comme dieu de la victoire, et pas Fortune, Vénus, Victoria, ou une autre divinité ? Et, s'il faut le dater de l'époque impériale, selon des érudits autres que Gilbert Charles-Picard, comment expliquer l'absence du nom de l'empereur? Mais avant toute réflexion sur le contenu, il faut constater que cette publication pèche à plusieurs égards, et j'ai voulu revoir le texte, ce qui a été possible grâce a Mme A. Roth- Congès et à M. J.-Cl. Fontan, présents l'une et l'autre lors de cet examen. En effet, le premier éditeur en a donné une leçon imparfaite et ï Année épigraphique n'a pas arrangé la situation. Les trois premières lettres, certes lisibles, sont cependant endommagées. À la fin de la 1. 1 , on peut entrevoir un signe qui peut être pris pour une ponctuation, mais qu'il semble préférable de considérer comme un V (il faudra revenir sur la ponctuation de ce texte). D'autres lettres
R.A.N. 32, 1999, p. 293-300.
