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La restauration et la rééd ition de la musique

Sevin J.-C. – 93-110 – 1er sem. 2012

C U L T U R E & M U S É E S N ° 1 9 J e a n -C h r i s toph e S e v i n

la restauration et la réédition numérique de la musique

L’ irréversibilité du sonore a entraîné au cours de l’histoire la mise au point de techniques pour conserver, rendre disponible et (re) convocable la musique1. C’est par exemple lorsque l’on s’inquiète du transport et de la conservation des répertoires vocaux dans le rituel chrétien, à la période carolingienne (Hameline, 1982 : 25), que s’élaborent les premières solutions et procédures d’étalement graphique du son qui aboutissent à l’invention progressive de systèmes de notation codifiés, comme la portée et la partition. On peut les considérer comme les premières formes de portabilité de la musique (Cheyronnaud, 2009). L’enregistrement sonore qui naît à la fin du xixe siècle repose sur un autre principe en faisant appel à une chaîne de traduction qui prend en charge l’inscription sur un support, non plus de symboles représentant des sons, mais des sons eux-mêmes. Cette phonographie était destinée au départ, dans l’esprit de ses concepteurs, à inscrire plus justement la parole que ne le fait l’écriture graphique (Tournes, 2008). Elle était ainsi vouée à des usages prioritairement administratifs et non à des usages musicaux. En tant que médium musical, le disque n’est pas né avec la mise au point de l’inscription physique des sons sur un support, il est le produit d’une invention collective, d’un travail de coproduction des acteurs qui s’en emparent : des producteurs et des industriels qui mettent la musique en répertoire et font du disque un produit de circulation rendant la musique accessible dans un nombre grandissant de foyers domestiques, des groupes d’amateurs qui