Plan

Chargement...
Couverture fascicule

Les petites annonces matrimoniales ou la rhétorique des descriptions argumentatives

[article]

Année 1987 56 pp. 101-119
Fait partie d'un numéro thématique : Les types de textes
doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 101

PRATIQUES n° 56, Décembre 1987

LES PETITES ANNONCES MATRIMONIALES,

OU LA RHÉTORIQUE

DES DESCRIPTIONS ARGUMENTATIVES

Jean-Marie PRIVAT

1. Les cris d'amour

Dans la société rurale traditionnelle les rencontres de garçons et de filles en âge de mariage étaient, on le sait, fortement ritualisées (calendrier festif, agrément collectif, codes spécifiques de signes et gestes etc.) (1).

Les rituels de courtoisie, et notamment ceux qui réglaient les préliminaires aux fréquentations et les fréquentations préliminaires, étaient marqués entre autres par la croyance en la vertu du Verbe (formules magiques et/ou invocations aux saints) et en la magie du verbe, comme on va voir.

La valeur que la communauté convenait d'accorder aux échanges verbaux ne trouve pas de preuve plus décisive que dans l'expression elliptique qui consacrait la (re-) connaissance sociale de toutes les relations discursives perçues comme pré-matrimoniales : ils (« les futurs ») « se parlent ».

Cet échange intime de propos privés, quoique conventionnels lorsqu'ils touchaient aux sentiments - à la vendéenne qui disait : « Mé ton pé contre mon pé, mé ta main dans ma main et bisons-nous », le jeune homme se devait de répondre : « Mé ta langue dans ma goule et dis mé que tu m'aimes » (2) — était préparé et légitimé par une parole publique et collective dont l'efficacité symbolique était assurée et garantie par le cadre socialement institué de son expression (3).

En Puisaye, il existait par exemple une sorte de chant dialogué que paysans et paysannes chantaient au printemps. Les amoureux s'interpellaient à de grandes distances, montant parfois sur des arbres pour s'entretenir de plus loin, de ferme en ferme ; il arrivait ainsi que, dans le silence de la nuit, les voix de cinq ou six couples placés à différentes distances se répondaient en échos polyphoniques.

(1) Pour un aperçu rapide et commode, voir E. Shorter, Naissance de la famille moderne, XVIIIe-XXe siècle, Ed. du Seuil, coll. Points/histoire, 1977, chap. 4, « L'aventure amoureuse », pp. 153-208 (cour traditionnelle, ses transformations, les relations entre jeunes gens dans le monde contemporain).

(2) J.-L. Flandrin, Les amours paysannes (XVIe-X !Xe siècle), Gallimard-Julliard, coll. Archives, 1975, « La fréquentation », pp. 172-199.

(3) P. Bourdieu, Ce que parler veut dire, L'économie des échanges linguistiques, Fayard, 1982, « Les rites d'institution », pp. 121-134.

101

doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw