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Le politologue aux Archives

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Le politologue aux Archives

On a quelques chances de croiser des historiens de métier dans les salles de consultation d'archives ; on en a peu d'y rencontrer des politologues. La corporation, au demeurant étroite, ne fréquente guère ces lieux austères. Cette situation paraît conforme à l'idée commune qu'on se fait des archives : par excellence, le "territoire de l'historien". Résume-t-elle le rapport que les politilogues entretiennent avec les sources historiques ? Prétendre que ceux-ci devraient, au-delà de la métaphore des archives, nourrir un contact direct et étroit avec les source historiques, expose inévitablement à paraître donner des leçons ou à légitimer, à rencontre des historiens, un délit d'ingérence. Il faudrait peut-être mieux s'accomoder d'un modus vivendi respectueux des clivages académiques et continuer à faire son profit des travaux d'historiens. C'est bien la situation qui semble aujourd'hui prévaloir. Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, les commencements d'une science politique française institutionnellement reconnue avaient vu quelques politologues s'aventurer sur les voies de l'enquête historique. Georges Dupeux publiait un Guide de recherches en sociologie électorale^, faisant une large place aux sources archivistiques. Les politologues ont été ensuite vite attirés par les sollicitations pressantes d'une histoire plus immédiate et les séductions des techniques nouvelles de mesure de l'opinion. Du côté de la recherche historique, l'histoire politique est tombée quelque peu en déshérence, malgré de brillantes exceptions. La veine des grandes monographies régionales s'est tarie pour retrouver les perspectives d'une histoire générale ou nationale.

Demandes sociales d'expertise d'une part, demandes sociales de vulgarisation de l'autre, les conditions ont été réunies d'un partage des territoires sans doute confortable mais également dommageable. Les politologues pourraient continuer à utiliser les travaux historiques sans troubler cet aménagement. Encore faudrait-il qu'ils y trouvent assez et, en outre, qu'ils aient alors cette connaissance minimale des sources historiques sans laquelle les profits de la compilation elle-même sont incertains. Cela ne saurait pourtant suffire à deux points de vue. Les sources n'ont pas une substance univoque qu'il suffirait d'épuiser par un seul questionnement. Elles valent par les questions qu'on leur pose et le politologue ne saurait déléguer. En ce sens, il a ses propres questions à leur poser. Par ailleurs, les faits politiques ne sauraient être analysés hors de leur dimension historique. Les politologues peuvent ainsi amener quelques révisions profondes.

Des questions aux sources

Evoquer généralement des sources historiques a-t-il une signification ? On sait leur diversité et les savoir- faire variés et spécialisés qu'elles mettent en oeuvre, en fonction des types de sources, des périodes historiques et des lieux. On imagine mal les politologues s'approprier indifféremment les compétences de ce qu'on appelle les "sciences auxiliaires de l'histoire", épigraphie, numismatique et autres. L'apport d'investissements ressemblant fort à une conversion paraît d'un intérêt incertain. En outre, parler d'un contact direct avec les sources historiques ne signifie pas un contact avec les pièces originales. Textes classiques abondamment reproduits, recueils d'inscriptions ou de chartes offrent, au même titre, des sources historiques. Il me semble, par ailleurs, que le problème se pose avant tout - mais pas exclusivement - pour les sources de l'histoire contemporaine, d'abord en raison de leur rapport plus étroit aux objets de la science politique. Sur ce terrain, la recherche politologique peut le mieux s'apparenter à la recherche historique par l'exhumation de sources. Non pour satisfaire la coquetterie de la découverte documentaire. Il suffit de savoir s'y contraindre si nécessaire. En ce sens, la recherche de sources historiques ne doit obéir qu'à la logique d'élucidation d'un problème. L'inexploration est due, en l'occurrence, moins à des supposées carences de la recherche historique qu'à l'extraordinaire foisonnement des sources. Les bureaucraties modernes ont produit une masse presqu'inépuisable de documents dont le pilon n'a laissé qu'une partie. On peut regretter que les principes de sélection présidant à leur conservation aient fonctionné souvent à l'inverse des principes équivalents du politologue, le chantier reste immense. L'abondance et la multiplicité des dépôts d'archives permettent de minimiser les dégâts... à condition de payer de sa personne. Des traces oubliées par les censeurs renaissent de l'obstination et du hasard.

Les politologues peuvent y glaner une meilleure connaissance de leur science. Ainsi les rapports des préfets et sous-préfets sur la situation politique des départements, leurs prévisions électorales, leur simulations des effets politiques de réformes électorales mettent en oeuvre un savoir pratique que l'analyse électoraliste s'est appliquée à systématiser. L'oeuvre d'André Siegfried, le Tableau politique de la France de l'Ouest, en 1913, en paraît moins pionnière par l'illusion d'un commencement absolu que comme moment et opération de conversion d'un art pratique en rationalisation savante préparée et nourrie par le milieu

* Dupeux (G.), Goguel (F.), Sociologie électorale. Esquisse d'un bilan. Guide de recherches, Paris, A. Colin ("Cahiers delaFNSP"), 1951.

A. GARRIGOU : Le politologue aux Archives

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