DÉBATS

La crise africaine et la paysannerie non capturée

IL est difficile, étant donné l’actuelle crise agricole en Afri¬ que, d’esquiver la discussion sur la thèse de la paysannerie noncapturée avancée dans mon analyse de l’économie poli¬ tique de la Tanzanie depuis l’indépendance (1). La grande masse des producteurs paysans se soumet avec réticence aux objectifs éco¬ nomiques des autres classes, vu la nature particulière du mode de production précapitaliste qui prévaut dans ce pays (et ailleurs dans tout le continent) et le recours à des techniques très rudimentaires qui n’engagent aucune dépendance réelle à l’égard d’autres classes. Bien que cette thèse mérite d’être approfondie, comme le suggère très justement P. Geschiere dans son analyse de mon ouvrage (2), elle reste néanmoins valable, selon lui, dans la mesure où les pro¬ blèmes auxquels est confrontée l’agriculture africaine confirment son caractère d’actualité. L’objectif de cet article, une fois admis ce point de départ, est de porter un nouveau regard sur le problème de la paysannerie non capturée en l’examinant dans le contexte de l’état actuel de l’agriculture africaine. J’espère ainsi contribuer à approfondir l’analyse de ce problème essentiel.

La tendance à la baisse de la production

Malgré les contradictions des données statistiques, un accord général semble s’établir quant à la tendance à la baisse de la pro¬ duction agricole depuis le début des années 1970. D’après une étude récente portant sur cette dernière décennie, la production ali¬ mentaire en Afrique n’avait augmenté que de 1,5 % par an, alors

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