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« L'internationalisation » du débat colonial :

rivalités franco -britanniques autour de la Commission permanente des Mandats

« c'est un fait dont l'importance a été trop souvent négligée de beaucoup Les questions coloniales cessent d'appartenir étroitement aux politiques nationales. Une censure internationale fixe aujourd'hui des regards autrement attentifs que jadis (...). Ainsi, s'exerce sur l'œuvre coloniale l'arbitrage de tous ceux qui sont intéressés à ses accomplissements matériels et moraux. Ainsi, les sanctions locales ou internationales de cet arbitrage suspendent-elles sur le colonisateur qui néglige son devoir des risques dont il ne saurait méconnaître la gravité (...). Sa servitude est de se légitimer chaque jour par ses actes et de « se rétablir » sans cesse dans sa puissance et son autorité » 2. Albert Sarraut, Ministre des Colonies, (1920- 1924 ; 1932-1933).

L'on ne saurait trouver mots plus justes que ceux de Albert Sarraut, ministre des Colonies, pour décrire la situation des nations coloniales dans l'entre-deux-guerres. Le besoin pour ces dernières de légitimer leur action n'est certes pas nouveau à l'époque, mais comme nous le verrons ici, le processus même de légitimation devait changer à travers la Société des Nations et son système des mandats, à travers l'internationalisation du débat colonial. Les conséquences de cette internationalisation, comme le système des mandats lui-même, ont longtemps été négligés par les historiens qui se sont généralement contentés de montrer l'inefficacité du contrôle exercé par la Société des Nations sur les puissances mandataires 2. Nous tenterons au contraire de montrer ici son efficacité dans la mise en place d'une sorte de censure morale dont les résultats pouvaient être suffisamment imprévisibles pour affecter, si ce n'est les actes, tout au moins les discours et relations mutuelles de ces puissances.