1J.
LA RÉVOLTE DES ESCLAVES
DU CARBET À LA MARTINIQUE
(OCTOBRE-NOVEMBRE 1822)
par FRANÇOISE THÉSÉE
Pour Aimé Césaire
Gabriel Debien déplorait, dans son ouvrage : Les esclaves aux Antilles françaises, aux XVIIe et XVIIIe siècles 1 , de n'avoir pu encore rassembler les documents qui lui auraient permis de présenter un chapitre important sur la « résistance à l'esclavage », autrement dit sur les empoisonnements, les les évasions, le marronage et les révoltes, toutes formes de « représailles des esclaves contre leur maître ». Il écrivait :
Ce côté de la vie des esclaves... les documents ne nous le montrent que par l'extérieur, alors que, pour être bien comprises, ces réactions devraient être vues du dedans... Il faut aller aux causes, aux origines, suivre leur développement tandis que les commencements sont incertains et leurs chefs non discernables.
Et ce faisant, il nous traçait les voies d'une telle recherche : suivre d'aussi près que possible la chronologie de la révolte, fixer son étendue, sa durée, ses alliances à l'intérieur et à l'extérieur du territoire en question; rechercher les causes immédiates et les origines lointaines.
Je me suis efforcée de suivre ces conseils pour l'étude de la révolte des esclaves du Carbet à la Martinique en octobre 1822.
En l'absence de documents émanant des inculpés, puisque les des esclaves ne nous sont pas parvenus dans leur intégralité, que, d'autre part, ceux-ci étant souvent juges et parties, l'on ne pouvait compter sur absolue des enquêteurs, il nous restait les documents administratifs 2 et
1 . Basse-Terre, Fort-de-France, 1974, p. 393.
2. Archives nationales, section outre-mer (A.N.S.O.M.), série géographique, Martinique, carton 18, dossier 157, Rapport du général Donzelot du 28 octobre 1822. Arrêt de la Cour royale de l'île Martinique, 16 novembre 1822. Correspondance générale, registre 51, 2e semestre 1822, rapport de l'ordonnateur de Ricard.
Rev. franc, d'hist. d'outre-mer, t. LXXX (1993), n° 301, pp. 551 à 584.
