RESISTANCES
ET MOUVEMENTS ANTICOLONIAUX AU TCHAD (1914-1940) *
par BERNARD LANNE
L'année 1914, tragique pour l'Europe, fut au Tchad celle de la fin de la conquête militaire coloniale. Après la chute d'Ain Galakka, enlevée de haute lutte aux Senoussistes le 27 novembre 1913, l'arrivée à Arada le 10 février 1914 du colonel Largeau, commandant du Territoire militaire, marqua de la campagne du Borkou-Ennedi. Après l'occupation du Tibesti par les troupes venues du Kaouar (Bilma) en juin-juillet 1914 — le Tibesti resta rattaché au Niger jusqu'en 1929 — , le colonisateur français était désormais maître de l'ensemble des territoires qui lui avaient été reconnus par la déclaration franco-britannique du 21 mars 1899.
Il y eut, certes, la colonne du Sila, lancée en 1916 par le colonel Hilaire contre le sultan Bakhit, parti en dissidence, mais ce fut une promenade militaire, les mitrailleuses ayant très vite arrêté la charge, sabre au clair, des cavaliers dadjo dans la plaine de Ngazéré (17 mai 1916) ^
Le gouverneur général Augagneur, par une circulaire du 28 septembre 1921 2, interdit donc formellement toute opération militaire de répression, toute tournée de police ou de reconnaissance, même menée par des gardes 3, force de police à caractère civil, sans son assentiment préalable, sauf en cas de légitime défense. Le 24 avril 1923, ce fut le tour des ministres de la guerre et des
* Ce texte est la version remaniée d'une communication présentée les 14 et 15 avril 1988 à la « Table ronde internationale : les guerres du Tchad (xixe-xxe siècles) » organisée par de Paris VII (Laboratoire Afrique-Tiers monde) et la Maison des sciences de l'homme.
1. Histoire militaire de VA.E.F., Paris, Imprimerie nationale, 1931, pp. 472-474.
2. J.O.A.E.F., 1921, p. 473.
3 . Garde régionale instituée par un arrêté du 30 novembre 1897 du commissaire général du Congo français, J.O. Congo français, 15 décembre 1897, p. 2.
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Rev. franc, d'hist. d'outre-mer, t. LXXX (1993), 300, pp. 425 à 442.
