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SANTÉ, SOCIÉTÉ ET SOLIDARITÉ N° 2, 2007 maîtrise des dépenses Conférences introductives de santé ou qualité : faut-il choisir ?

épondre à la question posée par le titre de cette conférence introductive est une tâche redoutable si on veut tendre vers l’exhaustivité ; elle l’est à peine moins si on cherche seulement à livrer quelques informations de base relatives à la problématique de la qualité des soins dont nous allons discuter au cours de ces deux jours, mais cela oblige alors à un exercice plus synthétique pour essayer de les penser toutes ensemble. De ce fait, l’essentiel de mon propos ne tendra pas à faire un rappel des multiples attentes et progrès en santé de ces dernières décennies, dont la plupart ont fait l’objet de travaux souvent déjà bien connus, mais d’en proposer une tentative de rapprochement qui permette de fonder et d’éclairer les enjeux importants de ce colloque. Lorsqu’on interroge les deux notions que mobilise et rapproche le titre même de ce forum, «Maîtrise des dépenses et qualité des soins » , nous nous trouvons en face de notions historiquement situées qu’il est donc nécessaire, en premier lieu, de mieux contextualiser. Au-delà des contingences techniques sur lesquelles il n’est pas utile de s’étendre puisqu’elles seront largement débattues dans chaque atelier, il faut d’abord repenser et repréciser le contexte, c’est-à-dire situer le moment de développement de nos systèmes de santé, contemporain de l’émergence de ces deux notions. Ces deux notions sont historiquement assez proches, en tout cas dans leur moment d’apparition, puisque la notion de «maîtrise des dépenses » , on le sait, a émergé au cours de la décennie 1970 et suit les aléas de la croissance économique qui a été infléchie dans les pays développés par les chocs pétroliers. Or, c’est aussi dans le milieu de cette même décennie que les figures de la qualité des soins commencent à apparaître, certes au début de façon insidieuse ou en tout cas de façon peu visible mais indéniable (comme le montre de façon convaincante le travail de la sociologue Magali Robelet1), et ont maintenant abouti à la prolifération que nous connaissons cette dernière décennie. Cette temporalité similaire associe fortement, et à mon avis de façon inextricable mais déterminante, ces deux notions aux multiples enjeux politiques et sociaux qui caractérisent également ce moment spécifique du développement de la médecine contemporaine. Bien que je pense que chacun de ces éléments est bien connu de la majorité d’entre vous, je vais les rappeler rapidement car ils constituent des éléments de contexte absolument indispensables pour situer et comprendre les débats qui seront menés pendant ces deux journées de forum. Je reprendrai donc successivement les différents aspects tels qu’ils se développent à la même période et évoquerai leurs liens potentiels. Ce moment historique est aussi celui où l’avancée significative des connaissances et des techniques permet d’obtenir une efficacité reconnue et attendue de la médecine. Il s’agit d’une efficacité perceptible, mesurable de façon collective et générale en termes d’espérance de vie mais aussi, et de plus en plus, évaluable technique médicale par technique médicale, geste préventif ou curatif R Martine Bungener

Quelles attentes et quels progrès en santé ?