LA MICROTOPONYMIE DU MARAIS SALANT GUÉRANDAIS :

BILAN ET PERSPECTIVES

(suite et fin)

D - Qualificatifs et compléments déterminatifs

À la lecture des pages précédentes (cf. NRO, n° 21-22, 1993, pp. 63-108), nous avons pu constater que les noms de saline, quels que soient les appellatifs déterminés et leur mode de formation, peuvent être suivis ou précédés d'un qualificatif voire d'un complément déterminatif. Il y a lieu d'attirer ici l'attention sur deux grandes catégories de qualificatifs. Les premiers du type "grand", "petit"..., renvoient à la morphologie des salines, alors que les seconds du type 'Vieux", "neuf', ont un caractère historique ou chronologique et renvoient indirectement à l'apparition dans le paysage des salines ainsi distinguées. Ces qualificatifs se sont appliqués à des salines dont l'ancienneté ou la dimension faisaient l'objet d'un consensus général ; certains qualificatifs ont même pu se fixer comme déterminant (comme dans Sinuée, Sigo...). Ici, toutefois, nous nous intéresserons essentiellement aux groupes de deux voire trois salines qui portent le même nom mais qui font l'objet d'une distinction introduite sur la base de ces critères : la frontière entre ces notions n'apparaît pas toujours aussi stricte et continue dans le temps, la première tendant à exclure la seconde.

1 - Qualificatifs et compléments déterminatifs évoquant la morphologie

1. 1 -Dans un groupe de deux salines, la différenciation entre structures de même nom a pu se faire sur des critères morphologiques. L'opposition est alors exprimée en français par les adjectifs "grand" et "petit". Ainsi : Petit Cacando et Cocando en Guérande (Cad. Guér., Section O, feuille n° 1 [1818], respectivement, n° 46-47 et n° 48-53), Saline Cruquendure Petite et Saline Cruquendure Grande en 1481 (ADLA, В 750, 5 août 1481) > Salline Creucendreure en 1495 (ADLA, В 1484, 7 novembre 1495). Dans de nombreux cas les adjectifs "grand" et "petit", sont manifestement traduits du breton bras et bihan. Ainsi la Petite Saline Donne et la Grande Saline Donne (Cad. Guér., Section P, feuille n° 1 [1818], respectivement, n° 146-147, 160 et n° 148-158), sont-elles respectivement nommées Salline Done Bihen en 1555 (ADLA, В 1500, 1555, f° 57, r°), Salline Donne Bihan et Salline Donne Petite en 1452 (ADLA, В 1489, (A) 1452, respectivement, f° 51, r° et f° 19, r°), Salline Donne Petite en 1392 (ADLA, В 1456, 23 février 1392), et Salline Donne en 1499 (ADLA, В 1447, 16 novembre 1499), Salline Dorme en 1479 (ADLA, В 1465, 3 février 1479), Salline Donne Grande en 1416 (ADLA, В 1458, 1* mars 1416), Salline Donne en 1392 (ADLA, В 1456, 23 février 1392) ; distinctions identiques à celles reconnues pour les salines Grand et Petit P allumer, mais avec

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un passage du breton au français qui, dans ce cas, s'opère au tournant du XVII siècle seulement : «Salline Pallumer Bihan a present appellée le Petit Pallumer » en 1640 (ADLA, В 1497, 1640, f° 492, r°).

De la même façon, mais beaucoup plus rarement semble-t-il, le suffixe diminutif -ik, -ig, ainsi que -o, ont servi à opposer une petite saline à une unité voisine plus importante ou principale dont elle tire son nom. On connaît ainsi à côté de la Salline Gorges en 1452 (ADLA, В 1489, (A) 1452, f° 10, v°), Salline du Grant Gorgeix en 1546 (ADLA, В 1465, 1* août 1546), une saline satellite

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