Norois, Poitiers, n° 100, octobre-décembre 1978

NOTE SUR LES MARAIS DE SAINT-AUGUSTIN ET D'ARVERT (CHARENTE-MARITIME).

par C. GABET

Cette note vise à compléter des études précédentes (1) concernant la formation des marais de la presqu'île d'Arvert et à apporter des éléments nouveaux touchant la chronologie de la mise en place des premiers sables dunaires dans la région de St-Augustin.

Les marais de La Tremblade et d'Arvert, au nord, communiquent avec celui de St-Augustin par un étroit passage à la hauteur des Mathes. Les sédiments qui les ont formés sont d'origine marine. Il apparaît que les marais de La Tremblade et d'Arvert s'étendaient autrefois plus largement vers l'ouest et que des apports massifs de sable éolien ont recouvert les dépôts argileux ou sableux marins. De faibles formations tourbeuses en surface indiquent des occupations lacustres très temporaires dont un texte du xme siècle nous révèle l'existence (2). Au nord-ouest de La Tremblade, aux lieux-dits le Terrier vert, La Ronce et Les Rivaux subsistent des marais isolés au milieu des dunes, qui ne sont que des lambeaux du marais primitif. Au contraire, des témoignages préhistoriques sur lesquels nous reviendrons attestent que le marais de St-Augustin s'est trouvé totalement à l'abri de l'envahissement des sables éoliens.

Il n'est pas douteux qu'autrefois l'emplacement de ces marais était occupé par un bras de mer. Le marais de Bréjat, enclavé dans les dunes entre le village des Mathes et la baie de Bonne Anse, se trouvait vraisemblablement dans l'axe du débouché vers l'océan. Selon Welsch, il fut un temps où la mer venait battre les coteaux qui dominent les marais actuels. Il précise : « J'ai trouvé contre la butte du bourg des Mathes un ancien cordon littoral recouvert par le sable éolien (...). C'est une ancienne grève de tempête : au moment de sa formation les dunes n'existaient pas » (3). En raison de l'urbanisation très poussée de ce village nous n'avons pu retrouver trace de cet ancien cordon en vue de prélever des coquillages pour une datation au C14.

Des documents historiques et cartographiques éclairent l'évolution du marais de Bréjat. Dans notre région, l'ingénieur Claude Masse a levé des cartes qui, suivant M. Papy, sont une des merveilles de la cartographie française (4). Dans les mémoires qui accompagnent ses cartes Claude Masse mentionne que « l 'embouchure de Vestang de Bréjat ou de Buze est à présent presque comblée. C'est en cet endroit où estoit le goulet ou destroit ou boucau par où enlroit la mer » (5). Bien qu'il faille leur accorder peu.de crédit, en