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Conclusions

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MUSEE GUIMET D'HISTOIRE NATURELLE DE LYON

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CONCLUSIONS

L'étude des restes fossiles n'est pas aussi complète qu'on aurait pu la réaliser (palynologie, foraminifères, etc.). Cependant les conclusions susceptibles d'être déduites des diverses études paléontologiques, auxquelles s'ajoute l'ana¬ lyse sédimentologique des composants globaux et des minéraux lourds des diverses formations (Pouyet et alii, 1984), suffisent à assurer une vue synthétique du bassin de Faucon-Mollans-Malaucène.

Nous rappellerons quelques-unes des conclusions tirées et déjà en partie exposées dans la brève note de synthèse publiée dans le bulletin du B.R.G.M. «Géologie de la France » (Pouyet et alii, 1984).

On pouvait supposer que la dualité apparente entre les bassins de Faucon-Mollans et de Malaucène ne résultait que des plissements récents et de l'érosion. L'étude de la faune fait apparaître en réalité un particularisme écolo¬ gique, lié très probablement à une individualité géogra¬ phique. Le petit bassin méridional de Malaucène n'a qu'une macrofaune très réduite : uniquement quelques débris de bryozoaires, de balanes et de bivalves, les restes de trois espèces de poissons... La microfaune d'ostracodes reste cependant abondante et prouve que la salinité n'y était pas anormale, mais nous avons remarqué le caractère exclusif de plusieurs espèces. La répartition des minéraux, qui permet de suivre les courants, confirme à la fois la com¬ munication du bassin de Malaucène avec celui de Faucon-Mollans et son relatif isolement. Le seuil Arfuyen-Rissas existait déjà au Miocène, interrompu au droit de la dépres¬ sion d'Entrechaux, sans qu'on puisse dire s'il était émergé ou immergé durant le Burdigalien mais il fut en majeure partie submergé au cours du Miocène moyen et du Tor-tonien. De plus, le bassin de Malaucène ne devait com¬ muniquer que très difficilement au Burdigalien avec la partie nord du bassin de Carpentras par le seuil étroit du Baroux, détroit sans doute parsemé et bordé de paléo¬ reliefs rocheux (Demarcq, 1962, 1970).

Le bassin de Faucon-Mollans était occupé dans sa partie centrale par le vaste relief du Bois-de-Jau sans qu'on puisse préciser, là aussi, s'il constituait une île ou un haut-fond sous-marin ; d'autres petits pitons accidentaient le fond des dépressions (Entrechaux). Ce sont tous ces reliefs rocheux, de bordure ou du centre de bassin, qui ont condi¬ tionné l'existence des communautés caractéristiques des substrats durs. Les faciès «Marnes bleues » correspondent à des envasements locaux, développés la plupart du temps à proximité immédiate d'un paléorelief, et non à des fonds

vaseux généralisés. Une salinité normale, une profondeur comprise entre 0 et 100 m, une température plus élevée que celle de la Méditerranée actuelle sont des caractères attestés par l'ensemble de la faune.

Les données de terrain indiquent que les «Marnes bleues » sont des faciès récurrents à différents niveaux de la série stratigraphique du Miocène rhodanien (fig. 2 A-B), mais se localisant entre les calcaires bioclastiques du type Saint-Paul-Trois-Châteaux à la base et les grès roux et safres du début du Miocène moyen au sommet.

Les ostracodes attestent l'appartenance des «Marnes bleues » de Faucon-Mollans-Malaucène au Burdigalien (biozone A de Carbonnel, 1970).

Toujours sur le plan biostratigraphique (Demarcq,

1979), la coexistence des pectinidés cités, notamment Chl. praescabriuscula , Chl. subholgeri et Chl. pruvosti, indique un âge Burdigalien supérieur, ce que confirme l'apparition de Chl. varia. D'après les corrélations régionales (Demarcq,

1980), le faciès «Marnes bleues » (et ceux associés) se situerait dans le début de la zone N8 de Blow, en présence de Globigerinoides sicanus et avant le début de Vraeorbu-lina, soit juste avant le Langhien. Aucun autre groupe fossile n'est en contradiction avec cette datation : d'après la répartition connue des espèces, dans le Bassin rhodanien comme dans les autres bassins téthy siens, cet âge Burdi¬ galien supérieur apparaît effectivement le plus plausible.

Dans le bassin de Faucon-Mollans-Malaucène, la sédi¬ mentation des «Marnes bleues » est un phénomène précoce, lié aux paléoreliefs calcaires de bordure et de fond de bassin. Il se situe au Burdigalien supérieur tandis qu'un envahissement généralisé par les faciès sableux se déve¬ loppe dès le Burdigalien terminal sur l'ensemble du bassin.

La disposition actuelle du bassin de Faucon-Mollans-Malaucène n'est pas le résultat récent des déformations et de l'érosion, mais l'héritage direct de la géographie miocène, sauf au niveau du seuil du Baroux qui a été exhaussé selon une ligne Ventoux-Massif de Suzette lors de la phase tectonique du Miocène terminal.

L'étude de la faune «Marnes bleues » du bassin de Faucon-Mollans-Malaucène complète ainsi la reconstitution spatio-temporelle du Néogène du Sud-Est de la France en un secteur, petit mais très représentatif, et en une période courts mais, à la fin du Miocène inférieur, déterminante dans l'évolution de la Téthys occidentale.