ITALIE
JACQUELINE CHAMPEAUX
SORS ORACVLI : LES ORACLES EN ITALIE SOUS LA RÉPUBLIQUE ET L'EMPIRE
Pour les Latins, vivant dans une société qui rejette la divination inspirée, le langage des oracles se confond avec celui des «sorts». Les oracles que l'on consulte çà et là, dans les diverses régions d'Italie1, sont, par définition, et jusque dans leur nom, de type cléromantique. La langue courante, en effet, peu soucieuse de précision technique, ne distingue pas entre « oracle » en général et « oracle par les sorts » en particulier. À toute époque, loin de réserver sors aux prédictions effectivement obtenues par tirage au sort, elle emploie le terme, indifféremment, comme un synonyme à'oraculum2. Elle appelle sors non seulement, au sens propre, la «ta-
1 Sur les oracles italiques, outre les traités classiques de religion romaine (G. Wissowa, J. Bayet, K. Latte, G. Dumézil, les Götter Altitaliens de G. Radke, etc.), on consultera A. Bouché-Leclercq, Histoire de la divination dans l'antiquité, Paris, 1879-1882 (toujours fondamental), en particulier I, p. 189-197, sur la cléromancie, et IV, p. 145-159, sur les sorts italiques; et s.v. Diuinatio, DA, II, 1, 1892, p. 292-319; J. Marquardt, Le culte chez les Romains, dans Mommsen-Marquardt, Manuel des antiquités romaines, trad, fr., XII, Paris, 1889, p. 111-127; G. Wissowa, s.v. Divination (Roman), dans X Encyclopaedia of Religion and Ethics de J. Hastings, Edimbourg, IV, 1911, p. 820-827; Ehrenberg, s.v. Losung, RE, XIII, 2, 1927, col. 1451- 1504; Κ. Latte, s.v. Orakel, RE, XVIII, 1, 1939, col. 854-866 (Rome et époque impériale) ; T. YoSHiMURA, Italische Orakel, Livius 5, 33, 4 - 35, 3, in Mélanges C. Courtois et W. Marcais, Ν Clio, VII-IX, 1955-1957, p. 397-432 = dans les Untersuchungen zur römischen Geschichte éditées par F. Altheim, I, Francfort, 1961, p. 44-78 : Italische Orakel; A. J. Pfiffig, Religio Etrusco, Graz, 1975, p. 153-155; R. Bloch, La divination dans l'antiquité, Paris, 1984 (déjà, dans A. Caquot-M. Leibovici, La divination, Paris, 1968, 1, p. 214-217); et nous-même, Oracles institutionnels et formes populaires de la divination italique, in La divination dans le monde étrusco-italique (II), Caesarodu- num, Suppl. 54, 1986, p. 90-113.
2 Dans le second de ses sens, étudiés par É. Benveniste, Oraculum, in RPh, XXII, 1948, p. 120-122, qui propose 1. «lieu de l'oracle»; 2. «réponse de l'oracle», et y voit un calque du grec χρηστήριον. Mais G. Serbat, Les dérivés nominaux latins à suffixe médiatif, Paris, 1975, p. 189-192, croit, avec beaucoup plus de vraisem-
MEFRA - 102 - 1990 - 1, p. 271-302.