CLEMENT VI ET LA VICOMTESSE DE TURENNE

PAR

Mgr G. Mollat

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Mathieu Villani, qui, à l'exemple de son frère Jean, aimait recueillir tous les racontars ou toutes les nouvelles se colportant de son temps de-ci de-là, sans toutefois en garantir l'authenticité, a écrit de Clément VI dans ses Istorie Fiorentine : « Des femmes, pendant qu'il était archevêque, il ne se garda pas ; mais il outrepassa la manière de vivre des jeunes barons séculiers ; pendant son pontificat, il ne sut pas s'en passer, et il ne s'en cacha pas. Dans ses appartements circulaient les grandes dames, de même que les prélats, et parmi elles une comtesse (sic) de Turenne eut tellement sa faveur qu'une grande partie des grâces s'obtenaient par son entremise. Était-il malade, les dames le servaient et gouvernaient les autres séculiers en tant que ses parentes x. »

Dans ses Églogues, Pétrarque a fait tenir au pape des propos fort lascifs qui, s'ils avaient été réellement débités, ne laisseraient planer aucun doute sur ses amours illicites : « Je me suis trouvé une douce amie, et il me suffit d'être réchauffé par ses perpétuels baisers2. »

Aux dires de Villani et de Pétrarque, on peut opposer ceux de chroniqueurs contemporains qui approchèrent de près la cour pontificale. Werner de Hasselbecke, qui séjourna plus ou moins longtemps à Avignon et tint une sorte de journal de ce qui s'y passa,