Méditerranée N° 2 -1988

Premiers résultats du programme d'étude de l'Holocène de Tunisie

J.-L. BALLAIS*

M. BOURGOU*

R. KARRAY*

J.-P. LAUTRIDOU**

M. LEVANT**

A.OUESLATI*

H. BEN OUEZDOU***

T. BOU HAFA*

A. GRAGUEB****

L'étude de l'Holocène de Tunisie fait l'objet d'un programme de recherche de la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis qui regroupe les géomorphologues de cet établissement (Jean-Louis Ballais, Mongi Bourgou, Raouf Karray et Ameur Oueslati) en collaboration avec le Centre de Géomorphologie du C.N.R.S. de Caen (Jean-Pierre Lautridou, Michèle Levant) et le Laboratoire d'Hydrologie et de Géochimie isotopique de Paris-Orsay (Jean-Charles Fontes). Les premières recherches ont tendu à établir un inventaire aussi exhaustif que possible des formes et formations holocènes en Tunisie, en s'appuyant sur une bibliographie déjà abondante, ancienne (1) ou récente (HAMZA, 1983 ; OUESLATI, 1985 ; BEN OUEZDOU, 1986 ; BOURGOU et OUESLATI, 1987) et sur nos recherches actuelles. Elles ont abouti à la reconnaissance de leur complexité et de l'importance de la dynamique fluviatile, mais aussi à la confirmation de l'existence de formations originales, à l'Holocène inférieur-moyen, ainsi que de fluctuations du niveau marin.

I - Les formes et formations liées à la dynamique fluviatile

Le long des cours d'eau de Tunisie, le nombre des accumulations et banquettes holocènes s. 1. est très variable, en général de 1 à 4, mais c'est, en fait, six formes différentes qu'il faut parfois distinguer selon des critères chronologiques.

1. Les terrasses et autres accumulations holocènes s.l

Certaines sont attribuées à l'Holocène parce qu'elles contiennent des industries préhistoriques antérieures (ou contemporaines, au plus jeune) remaniées : industries ibéromaurusienne, épipaléolithique indifférenciée, capsienne ou néolithique (11 cas répartis du Nord au Sud).

D'autres sont attribuées à l'Holocène parce qu'elles sont emboîtées dans les formes ou formations du Pleistocene supérieur ou étagées en-dessous (6 cas). Comme les précédentes, elles sont généralement de texture fine, de teinte brune à grise, grossières surtout au pied des reliefs. Elles présentent souvent des niveaux noirâtres, hydromorphes, parfois des concentrations diffuses de fer au Nord, de calcaire au Centre et de gypse au Sud.