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Les œillets de mémoire : le 25-Avril dans les récits des migrants portugais en France

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U n projet d’initiation à la recherche en histoire orale «Mémoires migrantes » est en cours de réalisation, depuis quelques années, à l’université de Paris-X, sous notre orientation. Les étudiants recueillent, chaque année, le témoignage d’un migrant portugais établi en France : ils s’y préparent en étudiant l’histoire de la migration portugaise dans les années 1960 et 1970 principalement, mais aussi les spécificités de la recherche en histoire orale afin d’apprendre à susciter, écouter, transcrire et comprendre les récits de vie de ceux ou «celles qui n’ont écrit 1 » . Au cours des premières années, le questionnement portait principalement sur la migration elle-même : le départ du Portugal, légal ou clandestin, l’arrivée en France, les difficultés de l’adaptation, le travail et la vie dans un milieu généralement urbain, si différent des régions rurales d’où la plupart des migrants étaient originaires. Puis des questionnements plus spécifiques sont apparus sans pour autant que cesse l’intérêt pour la migration et ses conséquences sur la vie des narrateurs. En octobre 2003, dans la perspective de la commémoration du trentième anniversaire de la révolution des OEillets, nous avons choisi de privilégier le thème du souvenir de cet événement. Six nouveaux récits ont ainsi été recueillis : alors qu’habituellement les étudiants choisissaient souvent d’interviewer leur père, leur mère ou un membre de leur proche famille 2, la spécificité du thème les a conduit ici à une tentative de diversification des témoignages recueillis par le choix de personnes ayant émigré vers la France pour différents motifs : raisons économiques certes, pour beaucoup, raisons politiques pour certains militants ou pour échapper à la conscription qui, en ces années de guerres coloniales, conduisait de jeunes hommes, plus ou moins politisés, à préférer l’exil à la guerre en Afrique, devenant ainsi des réfractaires ou des déserteurs. Ces entrevues ont permis de créer, dans le cadre d’une exposition sur la mémoire du 25 avril 1974 3, un «Mur de la mémoire » qui mêlait les souvenirs recueillis de la bouche des migrants, aux titres de la presse française et portugaise de l’époque, mais aussi aux vers de Sophia de Mello Breyner ou aux chansons de José Afonso 4, en un effort de reconstruction du bruit, des voix et des inquiétudes de l’époque, tels qu’ils étaient et tels qu’ils sont devenus grâce au travail de la mémoire. Figure tutélaire et pierre angulaire de ce passé reconstruit, la figure de Mário Soares s’imposa comme l’élément dominant de ce «mur » . Parce que, d’une part, il mit fin aux incertitudes de la période initiale et que, d’autre part, il assura au pays la liberté dans le respect des lois. Au-delà de la proclamation réitérée de l’importance de la révolution des OEillets, les mémoires migrantes laissent transparaître aussi l’amertume de ceux qui se sentent étrangers à leur propre pays et parfois la rancoeur, en particulier des réfractaires qui avaient fui les guerres coloniales et qui auraient souhaité voir reconnu aujourd’hui leur rôle historique dans la fin du régime salazariste.

Idelette MUZART-FONSECA DOS SANTOS est professeur à l’Université Paris-X Nanterre (EA 369 «Études romanes»). Spécialiste de littérature et civilisation brésilienne, ses recherches portent sur les voix et l’écriture de la mémoire ainsi que sur les formes orales traditionnelles de langue portugaise. Parmi ses ouvrages récents: Éclats d’Empire: du Brésil à Macao (avec E. Carreira, Maisonneuve et Larose, 2003), La Guerre de Canudos: écriture et fabrique de l’histoire (avec D. Rolland, L’Harmattan, 2004).

Les narrateurs

• Mme A., 51 ans, en France depuis 1968 — «Je suis en France depuis l’âge de 16 ans. Je suis venue en 1968, juste après la révolution française [ sic] aussi… que j’ai pas vécue mais mon papa était là pour le mois de mai 1968. Moi, je suis venue en novembre, avec ma

1. Je reprends la formule d’Anne Roche et de Marie-Claude Taranger (Celles qui n’ont pas écrit: récits de femmes dans la région marseillaise 1914-1945,

Aix-en-Provence, Edisud, 1995) en l’élargissant à la mémoire des hommes et des femmes qui, comme les migrants, n’ont jamais pensé que leurs vies étaient dignes de mémoire et d’écriture.

2. La plupart des étudiants de Langues étrangères «Portugais» sont descendants de migrants portugais. Ceux qui ne comptent pas un migrant dans leur famille recherchent souvent leur interlocuteur dans la famille de leurs collègues. Le lien familial est, en tout état de cause, très présent.

3. Qui s’est tenu, en avril 2004, à l’université de Paris X-Nanterre, pendant une semaine, parallèlement au colloque.

4. Dont, bien sûr, la célèbre Grândola, vila morena qui servit de signal au déclenchement du mouvement militaire dans la nuit du 23 au 24 avril 1974.

Les oeillets de la mémoire Idelette MUZART-FONSECA Dos SANTOS

Le 25-Avril dans les récits de vie des migrants portugais en France

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