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Mai 68 : grand soir d’un syndicalisme révolutionnaire étudiant ?

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A u coeur des «années 68 » , les journées de maijuin 1968 ont été, entre autres, un moment fort, éphémère, touffu et confus d’une certaine conception de l’institution universitaire, des étudiants au sein de celleci et du mouvement étudiant qui a pu être qualifié de «syndicaliste révolutionnaire » . Si nous reprenons, à notre compte, cette analyse, avancée notamment à l’époque par Jacques Julliard1, c’est que la gestion directe et la volonté de rupture radicale apparaissent bien, à différents niveaux, au coeur du mouvement étudiant de mai-juin 1968. Dans l’organisation du mouvement, dans ses analyses ou ses revendications, tant sectorielles que générales, ou dans ses propositions à long terme, c’est bien d’autogestion généralisée que l’on parle à tous les étages ! Et, avec Mai 68, la jeunesse étudiante y trouve, y conquiert une place «légitime » . Y compris dans ses limites, le mouvement étudiant d’alors apparaît comme une tentative relativement aboutie d’auto-redéfinition de l’engagement d’une partie de la jeunesse.

JEAN-PHILIPPE LEGOIS est chargé de mission auprès de la Ville de Reims, de l’URCA et du GERME pour la création d’un Centre d’animation, d’archives et de recherches sur les mouvements étudiants. Il a coordonné la publication des actes

Archives et mémoires étudiantes: état des lieux.

Un syndicalisme révolutionnaire étudiant est-il possible ? Pensable ?

C’est une première question : nous sommes là au coeur de la question de légitimité de la place du mouvement étudiant au sein/ à côté du mouvement ouvrier : avant même de poser la question d’un éventuel syndicalisme révolutionnaire étudiant, peut-on parler d’un syndicalisme étudiant ? Ou ne doit-on pas plutôt parler d’associationnisme, de mouvement social, quitte à l’affubler du terme déjà vieillot maintenant de «nouveau » ?

L’étudiant, «jeune travailleur»

Tout comme finalement le mouvement ouvrier, le mouvement étudiant est une construction sociale et la panoplie syndicale peut faire partie des outils de ses artisans. La «Charte de Grenoble » , texte fondateur de cette construction syndicale, définit l’étudiant comme un «jeune travailleur intellectuel » . Certains rajouteront ultérieurement «en formation » , mais peu importe, le germe est là : proclamer l’étudiant — souvent associé à la bohème de bonne famille — travailleur, là est la révolution lexicale et épistémologique. Le sillon sera approfondi par les militants étudiants des années 1960, notamment autour de la «gauche syndicale » , alimentant la notion de «travail étudiant » . La formation est alors un apport différé à l’appareil de production et ces travailleurs en formation peuvent légitimement revendiquer une rémunération sous forme d’allocation d’études attribuée sur critères universitaires, donc en fonction de sa situation sociale présente et non de la situation sociale de ses parents ou de son hypothétique situation future. Si un syndicalisme étudiant est pensable, un syndicalisme étudiant révolutionnaire est possible ! Et un des axes de travail, de bataille de ce syndicalisme, c’est la contestation du statut même que la société destine à l’étudiant.

L’auto-contestation du statut d’ «intellectuel»

Loin d’un ouvriérisme limité, véhiculé par certains acteurs de mai, nombreux sont les étudiants bien conscients de leur avenir «tout tracé » et qui, à défaut de «refus de parvenir 2 » , souhaitent arrêter le cours des choses visant à les faire devenir les «chiens de garde de la classe dominante 3 » . La mise sur le même plan des «travailleurs-enseignants-enseignés 4 » relève de la logique d’auto-contestation des intellectuels (en

1. Jacques Julliard, «Syndicalisme révolutionnaire et révolution étudiante»

in Esprit, n° 6-7, juin-juillet 1968, pp. 1037-1045.

2. Sur ce concept créé par Albert Thierry et développé par Marcel Martinet, instituteurs syndicalistes révolutionnaires, signalons le numéro 2 de l’année 2003 de la revue

Marginales, «Le refus de parvenir, misère de l’école, utopies éducatives», Forcalquier, 2003, 192 p.

3. Tract de Censier, cité

in Centre de regroupement des informations universitaires (textes réunis par), Quelle université? Quelle société?, Paris, Éditions du Seuil, 1968, 223 p., p. 62; voir aussi la fiche du dit Centre de regroupement des informations universitaires, citée in idem, p. 85. Notons ici la reprise de l’argumentation et de l’expression du 22 mars à Nanterre «Pourquoi des sociologues?».

4. Idem, p. 169.

Mai 1968 :

«grand soir » d’un syndicalisme révolutionnaire étudiant ? Jean-Philippe LEGOIS

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