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La Russie, Orient ou « finistère » de l’Europe ? Un débat entre géopolitique et culture dans l’Italie du XXe siècle

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Fait partie d'un numéro thématique : EuropeS-Russie : cultures, identités, frontières
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A u seuil du XVIIIe siècle, la Russie fit irruption dans le système politique européen. Elle en détermina l’équilibre nordique d’abord, continental ensuite. Malgré cela, elle demeura en dehors du système juridique européen. L’écart entre puissance militaire et système des valeurs a, depuis lors, constitué pour les Européens le coeur du problème controversé de l’identité de la Russie, déchirée entre Orient et Occident. Nombre de thématiques et de stéréotypes, développés au cours de longs débats, ont traversé toute l’Europe. Ce qui m’intéresse ici sera de présenter les lignes de forces propres à la réflexion italienne. Les mots Orient et Asie, surtout quand ils sont employés dans un sens polémique, sont peu scientifiques, voire ambigus. Pour un Européen, l’Orient évoque, en général, quelque chose d’antithétique à l’Europe, mais cela varie selon la position géographique et l’histoire du pays où se situe l’observateur. Pour les Italiens, la barbarie (une des représentations de l’Orient) évoque également le Nord. Et les mots Nord et Est ont souvent donné l’impression de se superposer. Le problème de l’identité russe, entre Orient et Occident, fut par la suite compliqué par son caractère instrumental : naturellement, ceux qui définissaient la Russie comme «européenne » souhaitaient qu’elle soit tout près de nous, tournée vers nous, ne fût– ce que pour des motifs d’équilibre. Au contraire, ceux qui la considéraient comme «asiatique » l’auraient voulue éloignée et tournée vers d’autres directions plus lointaines. Cette ambiguïté a été aussi favorisée par l’indécision continue des Russes entre Orient et Occident. La politique étrangère de la Russie tsariste, gravitant tantôt vers l’Asie, tantôt vers l’Europe, faisant alterner des pressions militaires sur l’Occident avec des carences de pouvoir non moins dangereuses, amena les observateurs à se demander si une telle oscillation dépendait de son destin impérial, ou s’il ne s’agissait pas d’un problème d’identité.

Giorgio PETRACCHI, professeur d’histoire des relations internationales à l’Université d’Udine (Italie). Il a notamment publié Da San Pietroburgo a Mosca. La diplomazia italiana in Russia, 1861/ 1941, Roma, Bonacci Editore, 1993 et de nombreux travaux sur les relations russo-italiennes.

L’Orient comme despotisme

La thématique de l’Orient conflue à bien des égards avec celle du despotisme, dont elle peut paraître simplement un synonyme et, dans cette acception, le mot Orient, attribué à la Russie, dans la presse italienne, oscille, apparaît et occasionnellement disparaît. Dans l’enthousiasme pour les réformes d’Alexandre II, Pacifico Valiussi put ainsi affirmer en 1862 que «le système asiatique » était mort en Russie, et que dorénavant l’Europe ne pourrait plus haïr la Russie, dans laquelle elle voyait se refléter une partie d’elle-même 1.

À peine une année plus tard cependant, ce «système » réapparut. L’insurrection polonaise de 1863 imposa de nouveau la dialectique entre liberté (Europe) et despotisme (Asie). Benedetto Croce, longtemps après, affirma que la Pologne avait montré par là qu’elle appartenait à l’Europe alors que l’on ne pouvait pas dire encore autant de la Russie. Et l’adverbe «encore » est révélateur de l’acception politique du mot 2.

La fonction historique de la Russie

Naturellement, les mots Orient et Asie couramment attribués à la Russie européenne des XIXe et XXe siècles, exprimaient non seulement une opposition de civilisation, mais aussi une rivalité géopolitique masquée, particulièrement exprimée par la lutte entre mer (puissance

Propagande antibolchévique, carte postale dessinée par Boccasile, 1937
Propagande antibolchévique, carte postale dessinée par Boccasile, 1937moremore

1. Pacifico Valussi, La Russia, l’Europa e l’Italia,

Torino, Libreria scolastica di Sebastiano Franco e figli, 1862, pp. 13-15.

2. Benedetto Croce,

Storia d’Europa nel secolo decimonono,

Bari, Laterza, 10e édition 1961 (première édition, 1932), pp. 88 et 245.

La Russie : Orient ou «finistère » de l’Europe ? Giorgio PETRACCHI

Un débat entre géopolitique et culture dans l’Italie du XXe siècle

Propagande antibolchévique, carte postale dessinée par Boccasile, 1937.

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